cinq

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(Adam arrête de lire)

J'ai mal.

J'ai mal.

J'ai mal.

J'ai mal.

J'ai vraiment putain de plus mal que les autres.

Faut que je mette de l'eau.

Je me lève pour aller dans ma salle de bain, puis me rassois.

Non.

Je le mérite. Je mérite que mon sale sang coule sur mon bras, laissant des traces écarlates sèches qui vont être dur à enlever. Je mérite que ma peau s'ouvre et laisse passer ce qui ne devrait pas être dans mon corps.

Je devrais être un fantôme.

D'ailleurs je suis un fantôme, personne ne fait attention à moi. Personne ne me voit, personne ne s'occupe de moi, personne ne voit autre chose que la couleur de mes cheveux. Si je me suis teins les cheveux, c'est pour avoir l'impression, juste l'impression d'exister. Mais non. Même pas.

"C'est une vraie teinture ?"

Bah ouais.

"Ah ok"

Bande de sales chiens, je vous déteste. Tous. Je me vengerais. Si je vis encore. Mais je veux mourir.
Personne ne s'en soucierais de toute façon.

Je suis un fantôme.

Et pourtant, je les sens toujours. Ces gens qui m'observent.

Tous ces gens qui me détestent, parce que je ne suis pas comme eux. Je suis bizarre.

Ils m'observent. Ils me voient, là, en ce moment, et ils se moquent de moi. Tout le temps. Et ils postent ça sur facebook. Parce que je n'ai pas facebook.

J'ai vu une fille un jour, dans la cour, en fait elles étaient trois.

Celle du milieu avait un portable dans les mains, et quand je passais devant elles, elle tendait son portable comme pour me filmer.

Un moment, je me suis cachée, pensant qu'elle filmait tout le monde.

Quand je suis repassée devant elles, elle a tendu son portable aussi vite que l'éclair, je me suis avancée et les paroles sont sorties seules de ma bouche "Tu veux quoi." et je suis repartie, sous leurs éclats de rire.

J'ai eu honte, et peur.

Elles étaient plus grandes que moi.

Quand je passe dans la cour, les gens rient. De moi.

J'ai honte. J'ai honte de moi. J'essaie de cacher mon grand nez avec mes cheveux. Je suis atrocement mal.

Et mon bras aussi.

Il me brûle. Fort. J'ai trop mal.

Je veux mourir.

Je pousse un hurlement à m'en déchirer la cage thoracique, ma tête me tourne, elle chauffe, je vais exploser, et le sens qui continu de couler...

Je plaque mes lèvres contre mon bras et j'aspire le liquide rouge, je m'en fout du goût, je mords violemment mes coupures, me faisant pousser un cri contre ma peau, je crois même que je viens de pisser sur moi en même temps, je maintiens mes dents et les resserre contre ma peau, je vais tomber, je vais tomber, j'arrive plus à respirer, je balance ma tête contre le mur avec violence, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois.

Je retire ma bouche de mon bras, je suis complètement sonnée, la bouche béante et pleine de sang, je tombe à terre.

Tous le monde me voit. Si je bouge le pied droit, je me retrouve au milieu du parc, en pleine foule autour de moi, nue.

Je bouge mon pied gauche d'abord, le sort est annulé.

Je me lève difficilement, je tremble de partout, j'ai mal au coeur, je vais vomir.

Ça y est, je vomis. Un vomis bien sale, tout jaunâtre, sur mes dessins que je laisse toujours par terre.

Je pleure. J'en ai marre, j'en ai marre putain.

J'ai plus de force, mes dessins, tout mon travail, tout ce que j'aime dans mon putain de vomi.

Je vais mourir.

Je me laisse aller au sol, doucement, je tombe, mes genoux heurtant le parquet en premier, dans le vomi, dans mes dessins.

Je me roule en boule, mes cheveux baignent dans le vomi, ma joue aussi. Je m'en fiche. Je pleure, j'arrête pas de pleurer, je peux pas m'arrêter, je suis pleine de vomi et de sang.

J'ai plus de force.

Je vais dans la salle de bain, et me jette dans la baignoire, toute habillée. Je m'en fous.

J'allume l'eau chaude. Que l'eau chaude, ça brûle, ça chauffe de plus en plus, y'a de la fumée qui s'échappe de partout, je hurle, j'ai mal à mes coupures, je tombe dans la baignoire, ma tête heurte violemment le robinet, du sang, encore du sang que du sang, je ne vois plus rien, je pousse un hurlement, tout le monde me voit, ils sont tous là, ils se moquent de moi, ils se rapproche, des fantômes, mes membres se tendent, je donne des coups, il faut qu'ils partent, ils se rapproche, il me film tous avec leurs portables, j'ai peur, personne ne m'aide, je meurs, ils sont là, ils vont me tuer, ils me touchent, des zombies, des créatures, je vais mourir, JE VAIS MOURIR.

Je tombe, mes muscles se détendent d'un coup, je dors. Non, je ne dors pas. l'eau me brûle les pieds.

Je respire. Lentement. Très lentement. Je sens ma poitrine se lever, se baisser, se lever, se baisser...

C'est drôle. Je commence à rire.

Je suis pathétique.

Je ris toujours.

Je fais pitié.

J'éclate de rire.

"Dites, monsieur dans ma tête, vous pourriez partir s'il-vous-plaît ? Ou madame ?"

Je parle. Sauf que c'est pas moi qui parle. Qui alors ? Aucune idée.

Ta gueule.

Je me parle à moi même. C'est drôle.

Je devrais voir un psy.

Non. Les psy sont des cons qui pensent tout savoir. Des enculés.

Je frappe ma tête contre le sol de la baignoire. Il faudrait que je sorte. Oui mais tous le monde va me voir. En plus le tissu est mouillé, on voit mes seins à travers, je peux pas me montrer comme ça.

Sauf qu'il n'y a personne. Mais je sais qu'ils sont là. Invisibles, mais ils sont là. Je me regarde dans le miroir.

Il me reste du sang sur le visage. Je suis atrocement rouge de partout, et des bleus apparaissent sur mon torse. J'ai du sang dans les cheveux, un peu de vomi peu être.

Je suis morte. On m'a tuée.

Mon physiqu, ne correspond pas à ce que je suis.

Une autre personne doit logée dans ma tête.

Mais ça voudrait dire que tout ca que j'aime, ce n'est pas moi qui choisi, mais lui ?

Je ne dessine pas bien, mais c'est lui qui dessine à ma place ?

En réalité, je ne suis donc personne.

Juste un corps, une minuscule partie d'âme qui réfléchit.

Je ne suis rien.

~

Ho Hey

Dites moi si vous trouver que Nalae folle.

Moi perso je pense que oui.

Bref.

Joyeuse pâques #tropd'humour

ParanoiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant