À l'attention de la Place aux Merveilles :
Voici la couverture :
Et le résumé :
Tout a commencé par un double meurtre. Un père et son fils. Deux lignes de vie brisées. Deux existences qui auraient dues être effacées. Si seulement la Mort ne s'en était pas mêlée.
Dissimulé aux vivants, un petit garçon a grandi. Tout comme ses frères et sœurs d'adoption, il a été investi d'une mission : réguler l'humanité afin de la protéger de son auto-destruction. Mais le petit garçon, désormais adulte, est catégorique : aucun humain ne périra de sa main.
S'il avait su que l'un d'entre eux le ferait basculer.
On l'avait prévenu pourtant : les morts ne doivent pas s'attacher aux vivants.
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Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre. Un jour, alors qu'elle nous donnait une leçon, à moi et mes frères et sœurs, je l'ai entendue marmonner quelque chose à propos de moi. "Pourquoi reste-t-il planté là tout seul celui-là?" avait-elle songé en me dévisageant de ses orbites creuses. Elle ne se doutait pas que je l'avais entendue. Mais depuis ce jour là, je cherche à comprendre. Qu'a-t-elle voulu dire? Adossé à la façade d'une maison, entouré de mes ombres, je regarde mes frères et sœurs jouer dans la rue parmi les humains. Blanche est, comme à son habitude, installée au volant d'une voiture, la tête plongée dans le tableau de bord. Gepetto et Mary, assis dans l'herbe avec une petite fille et sa poupée, s'amusent à prendre le thé dans des tasses évidemment vides. Hans est juste au-dessus d'eux, dans un arbre. Il écoute un oiseau chanter. Quant à Jack, il est encore suspendu à un lampadaire. Il essaie d'attraper "le truc qui brille", tout en haut. Un jour je lui dirai que ça s'appelle une lanterne. Maman, elle, ne bouge pas. Jamais. Au coin de la rue, le visage caché sous son capuchon noir, elle nous observe. Surtout moi en fait. Pourquoi? Je ne sais pas. Alors je fais comme si je ne l'avais pas remarquée, et je continue à regarder autour de moi. J'aime le monde des vivants. Il regorge de choses fabuleuses, des choses qui n'existent pas à la maison. Mais ce que je préfère, c'est l'atmosphère qui y règne. Le temps passe différemment ici. Il bouge ce monde, il palpite, il fait du bruit. Et il me parle. J'entends des humains discuter dans un joyeux tintamarre de vaisselle, à deux maisons de moi. Le dessert - une mousse au chocolat - a l'air de faire un tabac. De l'autre côté de la rue, dans la maison où vit la petite fille avec sa poupée, une jeune femme se demande si elle doit mettre une robe rouge ou noire. Finalement, elle pose la question à un certain Loïs, qui lui répond de mettre la jaune. Qui est Loïs? Je ne sais pas. Je ne le connais pas. Pas plus que la femme qui lui a parlé, la petite fille qui joue dehors, ou les personnes qui mangent de la mousse au chocolat. Les humains sont trop nombreux pour qu'on puisse tous les connaître. C'est d'ailleurs pour ça qu'on est là. Maman dit qu'on doit les aider à être moins. C'est notre mission. Parce que si on ne les aide pas, ils pourraient trouver le chemin pour aller chez nous tous en même temps. Et ce serait un désastre. L'Arbre des Âmes n'y survivrait pas. Et s'il meurt, alors ce sera la fin de tout. Même nous, habitants du Royaume des Morts, n'aurions plus lieu d'être. Mais malgré cela, je ne peux pas m'empêcher de me poser une question. Comment choisir les humains qui doivent venir chez nous?
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Assis à même le sol, au creux des racines noueuses de l'Arbre, je laisse les souvenirs de cette lointaine époque s'infiltrer dans mon esprit. Mais aucun d'eux n'arrive à effacer le vide qui m'a d'un coup envahi. C'est comme si, en une fraction de seconde, l'univers avait perdu toutes ses couleurs. Ses couleurs à elle.
Le regard vide, je contemple le fruit que l'Arbre a laissé tomber quelques minutes plus tôt. Il est encore lisse et tendre, et sa peau fine, d'un joli vert vif. Il n'aurait pas dû se trouver là, dans le creux de ma main pâle. Ça ne devrait pas arriver. Jamais. Mais il faut croire que pendant toutes ces années passées à contempler les Hommes, je me suis leurré. Pour la toute première fois de ma vie - ou devrais-je dire, de ma mort - le monde humain m'est apparu dans toute son horreur. Et c'est là que j'ai enfin trouvé la réponse à ma question. Une réponse qui m'anime autant qu'elle me terrifie. Maman nous avait pourtant prévenus qu'il ne fallait en aucun cas s'attacher à un humain. Mon âme lui a désobéi. Mais je suis sûre qu'elle ne m'en tiendra pas rigueur, parce que j'ai enfin trouvé ma manière de tuer. Je veux prendre des vies pour en sauver d'autres. Pour mon soleil maintenant disparu. Les images de son meurtre s'imposèrent une nouvelle fois à moi, et une boule de rage sourde enfla dans mon ventre. Je me relevai, laissant le fruit retomber sur le sol meuble, et appelai mes ombres. Elles se réunirent, plus imposantes que jamais, et se glissèrent silencieusement dans mon sillage. Même l'Arbre, qui d'habitude bruissait paisiblement pour nous saluer, s'était tu. Il se contenta de s'ouvrir, sans un son, et me laissa entrer en son sein. Il savait déjà où m'emmener. Mes ombres le lui avaient soufflé à l'instant où je les avais appelées. Alors, sans rien dire, il m'y transporta. Lorsque mes yeux entrèrent en contact avec le monde des vivants, j'étais plus déterminé que jamais. Cet homme, ce monstre... il m'a arraché mon centre de gravité, et sans le savoir, il a signé son arrêt de mort. Pour toi, petit soleil au bonnet jaune, je le noierai dans mes ombres. Lui, et tous ses semblables.
Préparez-vous humains tueurs, car voici venir votre pire cauchemar. Et il se nomme L'Ombre.
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Hello! Je reviens ici avec une nouvelle qui me tient à cœur. J'ai en effet le projet de la transformer en roman quand j'en aurais le temps. Il va donc sans dire que si quelqu'un ose s'approprier cette histoire je lui envoie l'Ombre. Nonméo. Agreuh.Cette nouvelle a été écrite dans le cadre d'un concours francophone dont la consigne était de commencer par cette phrase : "Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre."
Autant dire que j'ai ramé avant de réussir à relier ce que je voulais écrire à cette phrase, mais je suis plutôt satisfaite du résultat.Et vous, qu'en avez-vous pensé? ^^
J'ai hâte d'avoir vos retours! Surtout par rapport aux personnages, est-ce que vous avez compris qui ils sont? 🙃
Avez-vous des idées de thèmes que je pourrais traiter, des défis à me donner? Je crois que je me suis prise de passion pour les nouvelles, c'est court, pas de pression car pas de suite, c'est génial **
Hem. Je m'emballe. Bref!
Je vous remercie de m'avoir lue et vous dis à la prochaine!
Dof.
🐧
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Les récits de Bobby
Short StoryVous voyez cette fille toujours dans la Lune et le nez en l'air? Vous savez, celle qui ne semble jamais vraiment là, celle dont on pourrait facilement oublier la présence... eh bien c'est moi. Pourquoi je déconnecte mon esprit du monde autour de moi...