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Verlaine cessa de se débattre avec ses chaînes. Il se décomposait de jour en jour.
-J'ai horreur des personnes comme toi Verlaine, vociféra Rimbaud qui était de nouveau libre.
L'autre ne réagit pas, adossé contre le tronc, il semblait épuisé. Assis en tailleurs en face de lui, Rimbaud s'approcha et leurs genoux nus s'embrassèrent. Une brise orageuse secoua l'herbe fraîche, leur peau chaude en osmose et l'artiste qui fronçait les sourcils.
-Les personnes trop lâches pour se battre, se défendre quand on les écrase et celles qui s'insultent, je les déteste!
Ses excès de colère n'obtinrent aucune réponse. Rimbaud quitta donc la colline au pas de course en passant une main sur son visage humide. Il écrit à l'univers qu'il était injuste de l'avoir privilégié à Verlaine. Pourquoi ce garçon était-il condamné à vivre en laisse? Il retourna durant la nuit pour déposer une couverture sur les épaules frêles de son ami. La nuit était froide, les étoiles aussi. Elles leur tournaient le dos. Le ciel semblait bien trop haut. Si il avait été plus bas, Rimbaud n'aurait pas hésiter à le poignarder, le fendre en deux et lui extraire tout cet orgeuil qui l'habitait. Il s'imaginait découper les étoiles et les apporter à Verlaine pour qu'elles ne brillent que pour lui. Pour qu'elles s'excusent de leur comportement absurde. Mais il n'en fit rien. Alors Rimbaud plia sa lettre à l'univers comme un avion en papier et l'envoya dans le ciel en priant le vent de porter son message. Il avait pris le soin d'écrire l'adresse à laquelle l'univers devait répondre.
