Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Rimbaud évita l'arbre pendant de longs mois. Quand il se décida enfin d'y retourner, Verlaine regardait toujours le sol. Vêtu d'un short noir et d'un t-shirt blanc, ses muscles avaient foudu sous le tissus, son corps, fané au pied de l'arbre. Ses clavicules semblaient plus saillantes qu'à l'accoutumée et sa peau opaline contrastait avec sa longue chevelure sombre qui flottait sur ses épaules. Rimbaud fronça les sourcils.
-Même le temps n'a su vous guérir?
-Aidez moi à trouver mes clés, je vous en conjure.
Rimbaud refusa sa requête d'un signe négatif. Il doit être le seul à pouvoir y arriver. Il souffla un instant avant de s'installer au pied de l'arbre à seulement quelque centimètres de l'autre. Il évita soigneusement le regard suppliant que lui accordait le prisonnier et se contenta d'écrire de courts poèmes qu'il destina à l'univers. Épuisé, Verlaine laissa sa chevelure rejoindre l'épaule de Rimbaud. En haut de cette colline, le soleil se couchait à l'Ouest, juste en face des deux artistes.
Merci univers, de m'offrir la liberté. Merci univers, de me permettre d'écrire ces lignes. De les lire. De les vivre. S'il te plaît univers, aide Verlaine à trouver ses clés. Je pensais que c'était impossible d'aimer quelqu'un d'ordinaire. Pourtant, Verlaine est tellement ordinaire.
Les larmes de Verlaine coulèrent sur l'épaule de Rimbaud qui voulu se dégager aussitôt mais celui-ci retint le bout de sa manche.
-J'ai horreur de pleurer devant les gens, commenta Rimbaud. J'évite donc de regarder les autres pleurer.
-Tout le monde n'est pas vous, Rimbaud. Restez là, j'ai besoin de votre épaule.
Le poète continua sa rédaction.
Il est peut-être pas si ordinaire, finalement. C'est un menteur qui dit la vérité à tout le monde, sauf à lui- même. N'est-ce pas étrange?
-Je dois m'en aller Verlaine, la nuit tombe.
-C'est quand la nuit tombe que j'ai le plus besoin de vous.
Un frisson parcoura le cœur de Rimbaud. Quelle personne horrible il était en agissant de la sorte. Par fierté, il repoussa Verlaine et dévala la colline à la recherche de la liberté. Le lendemain, Rimbaud se retrouva attaché à l'arbre lui-aussi. C'était son manque de confiance qui le rattrapait. Elle le guettait à chaque tournant, c'était lui-même en plus sombre. C'était son ombre.
