Vous vous souvenez quand je râlais à propos de mon anniversaire ? Il y a un sujet auquel vous aviez échappé à ce moment-là, et je compte bien me rattraper maintenant. C'est le sentiment de vieillir.
Ouais, j'ai peut-être vingt-sept ans, mais je me prends des coups de vieux sur une base régulière.
Le fait d'avoir une sœur de quinze ans de moins que moi n'aide pas. En un an, sa maturité double, elle prend vingt centimètres, et ressemble à chaque fois un peu plus à une ado. Où est le bébé à qui j'ai appris à marcher ? La gamine surexcitée que je l'emmène voir « Clochette » au cinéma ? Le petit monstre qui ne savait pas manger de chocolat sans s'en barbouiller le visage ?
Dans le passé, tout simplement.
Ma sœur du présent, c'est une pré-ado qui écoute Ariana Grande et envoie des SMS à ses copines.
Bon. Ça fait drôle. Mais surtout, ça me fait plus drôle de réfléchir à ma propre évolution dans l'intervalle. Parce que les enfants évoluent bien plus vite que les adultes, et moi, je ne me suis pas métamorphosée ces deux dernières années. Mon changement le plus notable, c'est que j'ai doublé la quantité de médicament nécessaire pour clamer la douleur de mes règles – maintenant, en plus des crampes dans le bas du ventre, j'ai d'abominables maux de dos.
Encore une raison de se sentir nulle, donc.
Après, si je dois être parfaitement honnête, je me rends bien compte que j'ai évolué avec le temps, moi aussi. Je connais le nom de tous les ministre du gouvernement, et je peux les classer par le degré de haine que je leur voue. Je suis abonnée à Mediapart et je lis le Monde tous les jours. Adieu le fun de la jeunesse, je suis une vraie adulte. Je déclare mes impôts et je lis la composition de la pâtée que j'achète à mon chat, pour éviter les formules qui contiennent du sucre.
Tenez, parlons-en du sucre. L'autre jour, je me suis surprise à dire un truc que j'ai trouvé inconcevable toute mon enfance : « bof, j'aime pas ce dessert, il est trop sucré. »
Trop sucré.
Vous imaginez ? J'ai passé la moitié de ma vie à considérer que rien n'était jamais trop sucré, et voilà que je me détourne de ma saveur préférée !
Ajoutez à ça que je pousse des soupirs fatigués quand je me lève et que je m'assois, et que j'ai des rides sur le front, et vous ne pourrez bientôt plus me différencier de votre grand-mère !
Avant de me dire que j'exagère, écoutez quand même la suite : je commence à confondre les prénoms de mon copain et de mon meilleur ami. S'ils sont dans la même pièce, vous pouvez être sûr qu'à un moment ou à un autre, je vais m'adresser à l'un des deux avec le prénom de l'autre – croyez bien que je ne suis pas la seule à être horrifiée de cette confusion. Il me semble bien que mon meilleur ami maintient une distance de sécurité avec l'individu sénile que je suis devenu, histoire d'éviter une galoche accidentelle.
Même le fait de râler, dans une sens, ça ne me rajeunit pas. C'est pas un truc de vieillarde acariâtre, peut-être ?
Après si on prend un peu de recul, je crois qu'il est un peu tôt pour déplorer mon vieillissement. Je poste quand même mes lamentations sur Wattpad entre la lecture d'une chronique et d'une romance de loups-garou. J'ai fait marche-arrière jusqu'à mes goûts de lecture du collège, et je ne regrette rien.
Je continue à faire des jeux de mots idiots sur tous les mots qui riment avec « granit ».
Je collectionne les crop top et je regarde des heures de tutos maquillage sur Youtube.
Je me dispute même régulièrement avec les autres membres du groupe Facebook Neurchi de Picsou.
En fait, plus je prends de l'âge, et plus je suis immature. D'un certain point de vue, tout s'équilibre.
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Râleries Quotidiennes
No FicciónJ'aime beaucoup trop râler pour mon propre bien. Autant en faire profiter le monde d'une manière constructive. L'avantage de ce livre, c'est que vous pouvez tout fermer à l'instant où vous en avez marre (scénario hautement probable, je préfère vous...