Stiliste

| CHAPITRE 5 | SUR LE DROIT FIL |

Quand Derek entendit sa sœur entrer dans son appartement, il émit un grognement similaire à celui d'un vieux loup de 70 ans qu'on venait déranger dans sa sieste. Il était de mauvaise humeur depuis hier soir. Laura débarqua comme une furie, deux grands sacs de papiers dans les mains, le téléphone coincé entre la joue et l'épaule, elle parlait encore avec son interlocuteur quand son frère se leva pour venir à sa rencontre. Mais lorsqu'elle le vit, elle coupa court à la discussion téléphonique qu'elle entretenait, et ce sans se départir de son tact habituel et de l'hypocrisie nécessaire au rôle d'une responsable d'entreprise. Une fois l'appareil éteint et les sacs par terre, elle se tourna vers Derek avec une expression grave, frôlant le sérieux.

- Où est-elle ? lança la lycanthrope avec un ton de réclame.

- De quoi ? s'étonna Derek, prit de court. Il avait presque l'impression qu'elle lui en voulait.

- Tu sais très bien de quoi je parle.

Le jeune homme grimaça, trouvant malheureusement quelque chose que sa sœur aurait put lui reprocher dans ses dernières activités.

- La facture de la garde robe de Tiny ? Je te jure, je voulais t'en parler, c'est juste qu'elle voulait vraiment te faire une surprise alors ... elle m'a fait promettr-...

- Mais je parle pas de ça, imbécile ! S'impatienta son interlocutrice. Je sais très bien ce que Tiny m'a préparé pour mon anniversaire : tu la connais, elle ne sait pas tenir sa langue. Non, non, je ne parlais pas de ça.

- Hein ? Alors tu parlais de quoi ? marmonna Derek en levant un sourcil circonspect.

- Mais de cette odeur, bon sang ! s'exclama la jeune femme en tournant la tête de tout côtés.

- ... Cette odeur ? répéta le jeune homme en levant un sourcil.

- C'est bon, pas besoin de faire l'innocent, je sais que t'as passé la nuit avec quelqu'un, mon odorat n'est pas non plus inexistant, hein. Alors, où est-elle ? La brune continuait de fureter dans la salle, allant même jusqu'à regarder sous la table.

(Est-ce qu'elle le pensait vraiment capable de cacher un(e) de ses invité(e)s sous la table ? Peut-être bien.)

- Euh, Laura... De ma vie, je n'ai jamais douté de tes capacités lupines, même les restantes, loin de là. Mais aujourd'hui, je commence à me dire que tu as des hallucinations.

Derek fronça les sourcils, et pour être bien sûr que sa sœur ne devenait pas folle, il ouvrit la bouche et huma l'air en puisant dans ses capacités surnaturelles. C'est là qu'il comprit. Parce que l'odeur de l'alcool s'était évanouie durant la nuit et qu'il ne restait plus que l'odeur entêtante de Stiles, qui explosa sur son palais à mesure qu'il inspectait l'air. Une odeur qu'il fut surpris de ne pas avoir sentit plus tôt. Sa veste était tellement empreinte de la fragrance du jeune homme qu'on pourrait croire que ça faisait un mois qu'il l'utilisait comme drap de lit.

Posée sur une chaise en attendant de la mettre au sale, elle parvenait a elle seule a embaumer toute la pièce. Pour tant il ne l'avait pas remarqué depuis qu'il s'était levé, trop occupé a finir les derniers préparatifs du bal imminent. Il était d'ailleurs en train de répondre a des mails de désistement et a des petits journalistes locaux qui demandaient la permission de filmer la représentation a la dernière minute. Pas a un seul moment il s'était rendu compte que la fragrance de Stiles s'était étalée dans toute la pièce. Derek fut déboussolé. Ça faisait plusieurs fois qu'il ne captait pas cette odeur alors qu'elle était si proche de lui. Pourtant, il était quasiment certain que son odorat avait du répondant, même sans l'aide de son loup.