Chapitre 8

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Ses yeux observaient, malgré elle, le noiraud marcher vers la grande fenêtre qu'il ouvrit doucement, invitant les rayons du soleil à entrer. Assise sur son lit, le dos appuyé contre le mur et les doigts jouant distraitement avec la légère couverture blanche, elle ne pouvait s'empêcher de le regarder analyser quelques instants l'extérieur, le visage toujours dessiné par ses traits durs et froids dont elle avait eu l'habitude d'apercevoir.

Le silence installé depuis déjà un moment, Elisabeth n'avait fait que penser à cette conversation qu'ils avaient eu plus tôt dans la chambre d'Erwin et de ce sourire frissonnant qui avait soudainement décoré ses lèvres. Bien qu'elle le connaissait depuis des années, le blond restait un mystère absolu et un homme dont les idées germées ne disparaissaient que rarement. Cette réaction inappropriée lui avait froid dans le dos et la soudaine envie de lui parler de ce don de guérison s'était enfuie à la seconde où ses yeux avaient vu ce sourire presque terrifiant au vu des informations qu'ils venaient tout juste d'apprendre.

Un mouvement sur sa droite attira son attention et la jeune femme déposa une nouvelle fois son regard sur Levi qui se déplaçait à présent vers la chaise en bois qu'il avait positionné à côté de son lit. Nonchalamment, il s'y installa avant d'attraper de ses doigts la tasse fumante qui reposait patiemment sur la table de nuit et prit une gorgée du liquide chaud, la posant ensuite à sa place initiale. Elle se surprit à penser à quel point il n'avait pas changé depuis leur rencontre et des souvenirs réapparurent brusquement, chassant ses réflexions et ses inquiétudes.

Déjà dans le bataillon d'exploration depuis quelques temps, Erwin l'avait désignée pour aider le trio à s'entraîner ce qu'elle avait fait sans contester. Rapidement, elle avait su apprécier la présence d'Isabel et Furlan, mais pour ce qui était de Levi, ça s'était avéré bien plus compliqué.

La jeune femme s'était toujours sentie intimidée par l'aura qu'il émanait et le regard hautain qui lui lançait quand ils s'entraînaient l'agaçait au plus haut point. Elle ne pouvait le cacher, pendant des mois, elle l'avait détesté et elle s'était même demandé comment Isabel et Furlan, qui avaient des caractères complètement opposés au sien, pouvaient le supporter. Elle avait même été jalouse de savoir qu'il n'avait pas dû, comme les deux qui l'accompagnaient, faire le camp de recrutement et qu'il était directement entrer dans le bataillon d'exploration. Elle qui s'était donnée corps et âme pour y arriver, voir un homme aussi insolent que Levi le rejoindre sans difficulté l'avait rendu encore plus insupportable à ses yeux.

Mais quand elle avait appris d'où il venait et ce qu'il y faisait, elle avait compris pourquoi il était si doué. Finalement, elle avait décidé d'enterrer cette jalousie ridicule qu'elle lui portait. Et même s'ils n'échangeaient que quelques mots, Elisabeth avait fini par l'apprécier et les moments qu'elle passaient avec lui avait semblés soudainement plus simples.

" Pourquoi tu me regardes comme ça ? "

La voix de Levi s'éleva et Elisabeth sembla se réveiller de ces souvenirs pour comprendre qu'elle était en train de le dévisager depuis de longues minutes.

Un malaise s'installa en elle quand elle le remarqua et elle s'empressa de détourner les yeux pour les poser sur l'extérieur, sentant son visage chauffer d'embarras.

" Désolée. J'étais ailleurs. ", elle répondit dans un soupir, se forçant à observer le ciel bleu.

" C'est à cause de cette chose dont tu voulais parler à Erwin ? "

A cette question, Elisabeth fronça des sourcils et posa automatiquement une main sur ses côtes autrefois broyées pendant que le noiraud la suivait du regard, une légère confusion se dessina sur son visage, ne comprenant pas son geste face à sa curiosité. Il la vit ensuite presser du bout de ses doigts sa peau à différents endroits et remarqua qu'aucune trace de douleur ne se dégageait d'elle. Ce fut à son tour de froncer des sourcils, nageant dans l'incompréhension. Une personne ayant été aussi mal en point qu'elle quand elle était revenue de la mission ne serait pas capable de bouger, marcher ou de se pincer comme elle le faisait à l'instant sans exprimer aucune souffrance.

Ses yeux glissèrent lentement vers son visage, n'y voyant toujours pas une once de mal être. Il décida alors de se lever et de s'approcher, attirant brusquement l'attention de la jeune femme qui le regarda s'avancer tout en enlevant sa main pour la remettre sur les draps. Sans attendre, il se pencha et attrapa violemment ses côtes avant d'y mettre une grande pression, ses yeux observant fixement les siens alors qu'un silence brutal envahissait la pièce.

Elisabeth ne réagissait pas comme elle aurait dû le faire, à la place, elle dégagea rapidement sa main, surprise par son geste, et laissa son corps se pencher légèrement vers l'arrière pour reprendre une distance correcte avec lui.

" A quoi tu joues ? ", elle lui demanda sur la défensive et il se redressa tout en croisant ses bras sur son torse, son air nonchalant prenant place sur son visage.

" C'est de ça que tu voulais lui parler. ", il commença. " Un titan t'a broyé les côtes et t'arrives à te lever et à bouger comme si ça ne s'était jamais passé. "

Elisabeth le fixa, aucun mot ne pouvant dépasser la limite de ses lèvres. Que pouvait-elle bien répliqua à ça ? Elle-même n'avait aucune idée de pourquoi elle réussissait à agir sans douleur de la part de sa blessure.

" Peut-être que je guéris simplement plus rapidement que d'autres. ", elle expliqua d'une petite voix, essayant de se rassurer comme elle le pouvait.

Le noiraud ne répondit rien et se contenta de la dévisager pendant qu'elle baissait les yeux sur les draps, presque honteuse. Levi se recula finalement et se laissa tomber sur sa chaise en bois, son bras s'appuyant sur le dossier tandis que ses jambes se croisaient élégamment.

" Peut-être qu'on devrait le signaler à Hange. ", il proposa, faisant relever brusquement la tête de la brune qui avait les sourcils de nouveau froncés.

" Pourquoi ? Qu'est-ce que ça changerait ? "

" Avec ce qu'on sait maintenant, vu mieux le vérifier. "

Elisabeth, comprenant à quoi il faisait allusion, écarquilla ses yeux, surprise par cette proposition qu'elle trouvait blessante.

" Tu ne crois quand même pas que je suis un titan, pas vrai ? ", elle demanda, espérant qu'il ne parle en réalité pas de ce qu'elle pensait mais son absence de réponse lui fit comprendre le contraire. " Oh. "

Ses yeux se détournèrent des siens et elle sentit presque son cœur se fissurer dans sa poitrine. C'était impossible. Elle ne pouvait pas être un titan.

" Va-t'en. ", elle lui ordonna soudainement, le surprenant légèrement. Et, voyant qu'il ne bougeait pas, elle tourna la tête vers lui, les yeux exprimant la rage et la déception qu'elle ressentait à cet instant. " Va-t'en. ", elle répéta et cette fois-ci, le noiraud se leva, son expression neutre ornant toujours son visage.

Il lui tourna alors le dos et quitta la pièce, la laissant seule dans sa chambre.

Elisabeth se laissa glisser sous les draps et se mit face au mur, ses paupières se fermant presque directement. Et lentement, elle se mit à douter d'elle avant de nier une nouvelle fois.

Il se trompait complètement.

FINE LIGNE - levi ackermanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant