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La forêt des murmures était connue pour les nombreuses créatures qui l'habitaient. Les rumeurs qui circulaient à son sujet mentionnaient des vampires assoiffés de sang, des démons à cornes, des sorcières au nez crochu et toutes sortes d'animaux étranges. Rares étaient les voyageurs qui osaient s'y aventurer, de peur de ne jamais en réchapper. Pourtant, au beau milieu de ces bois enchantés, de la fumée s'échappait de la cheminée d'une maisonnette. Aussi mystérieux que cela puisse paraître, quelqu'un vivait en cet endroit peu accueillant. Un petit potager avait même été entretenu à côté et quelques brebis broutaient tranquillement l'herbe verte. L'agriculture étant le propre des Hommes, c'était probablement l'un d'eux qui avait élu domicile en ces lieux.
À quelques pas de la demeure, un buisson bougea vivement, comme agité par une brise soudaine. L'ombre d'une silhouette se dessina alors dernière le tronc épais d'un arbre. Elle avait l'apparence d'un humain, mais deux jolies cornes avaient poussé de chaque côté de sa tête. Oikawa Tooru était un fléau, une calamité ou un démon selon les noms que les mortels se plaisaient à lui attribuer. C'était un être de magie dont les pouvoirs étaient aussi extraordinaires que terrifiants. Les fléaux pouvaient manipuler les souvenirs, dérober le bonheur et enfermer les mortels dans leurs propres esprits. Partout, on redoutait leur venue car elle était signe de grand malheur.
Seulement, Oikawa n'était encore qu'un novice d'à peine deux décennies et son pouvoir n'avait rien d'extraordinaire. Au mieux, il pouvait produire une boule de feu au creux de sa main. C'était la première étape de l'apprentissage de la magie et il n'avait jamais montré de plus amples capacités. Son incompétence était telle qu'il ne parvenait que très difficilement à survivre seul dans cette forêt hostile. Cela faisait des jours qu'il n'avait rien avalé et la faim commençait à lui ronger la chair. C'était dans ces circonstances qu'il entendit parler de cet humain qui vivait là, peu inquiété par le monde qui l'entourait. Oikawa avait bien hésité quelques instants, mais son ventre s'était agité de plus belle. Au diable l'honneur et l'orgueil, il refusait de mourir si jeune pour une raison aussi sotte.
Le fléau se contenterait de voler ce qui pourrait rassasier sa faim, rien de plus. Il n'avait aucune intention de massacrer sauvagement un pauvre humain dont il se fichait éperdument. Ce fut avec cet objectif en tête qu'il s'approcha du potager en jetant des regards autour de lui. Quelques tomates disparurent au fond de sa besaces et il s'apprêtait à tendre la main vers des concombres lorsque son regard croisa quelque chose de beaucoup plus alléchant. À travers une fenêtre, il pouvait voir du petit gibier qu'on avait pendu au plafond de la maisonnette. Oikawa aimait particulièrement la viande, mais il s'était montré très maladroit en ce qui concernait l'art de la chasse. Voilà des semaines qu'il n'en avait pas mangé et ses lèvres salivaient presque de gourmandise.
Il s'était assuré que l'humain n'était pas chez lui avant de finir à proximité, alors le fléau ne pris pas le temps de la réflexion avant d'ouvrir la fenêtre. Il sauta à l'intérieur de l'habitat avec plus ou moins d'agilité et atterri sur son postérieur qu'il massa douloureusement. Une fois s'être assuré qu'il était toujours entier, il se reconcentra sur son but initial. Comme hypnotisé, il s'approcha des lièvres et des faisans qui semblaient plus appétissants que tout ce qu'il avait pu manger depuis sa naissance. Alors qu'il posa enfin sa main sur les crochets qui maintenaient les animaux, il sentit un courant d'air dans son dos. En se retournant vivement, Oikawa se retrouva nez à nez avec l'humain qui habitait justement là.
