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Samedi matin

Je suis seul avec Tony au salon. Ma mère est partie faire des courses, Harry dors dans sa chambre. On a pas reparlé de notre conversation à propos d'Anne mais je sais que Tony n'a pas parlé à Harry et Harry a trop peur pour aborder lui-même le sujet avec son père. Et il me l'aurait dit, s'ils avaient parlé de sa mère... Il a besoin de savoir. Il ne peut pas en vouloir éternellement à son père et à ma mère. J'ai vécu sans père et je ne veux pas de ça pour Harry, il a besoin de lui. Je n'aime pas savoir que des gens qui ont la possibilité d'avoir une vraie relation avec leurs parents la laissent tomber pour rien et gâchent tout. Je déteste encore plus cette idée en sachant que c'est de Harry qu'il s'agit.

«- Tony, t'as parlé à Harry?
- Uhmm... Tu veux dire à propos de sa mère?
- Évidemment...
- Je... Non, Louis, je ne lui ai pas parlé... de ça...
- Harry va se réveiller bientôt, ma mère ne va pas rentrer avant quelques heures, je vais partir à la bibliothèque, vous serez seuls tous les deux...
- Tu as tout prévu hein?
- Il a besoin que tu lui dises ce que tu m'as dit l'autre jour Tony. Je tiens à Harry et je veux qu'il aille bien dans sa tête. Et il ne peut pas aller bien sans être sûr que tu n'as pas oublié sa mère.
- Je sais, mais on n'a jamais parlé d'elle. C'est tellement difficile, il y a tellement de... C'était dur Louis. C'est toujours dur de me lever le matin et de me rappeler qu'elle ne sera plus jamais là. J'aime ta mère, et j'aime me réveiller avec elle, sache-le, mais... Anne me manquera toujours, tu comprends? Et... C'est tellement dur de continuer à vivre sans elle.
- Tu crois que c'est plus facile pour Harry de vivre en en voulant à son père? C'est plus facile pour toi de ne plus lui parler parce qu'il t'en veux d'avoir un peu de bonheur dans ta vie?
- Je sais que tu as raison Louis.
- Alors parle-lui aujourd'hui.
- Je... Je vais essayer.»

Il a raison. J'ai tout prévu. Je passe dans la chambre de Harry lui faire un petit bisou avant de partir. J'en profite pour lui glisser qu'il est seul avec son père et qu'il devrait sauter sur l'occasion pour lui parler. Il grogne et se retourne sur son lit en s'enroulant dans la couverture.

...

Il est 14h, j'ai beau chercher, je ne trouve plus rien dans mes cours à réviser, recopier au propre, relire, ou quoi que ce soit. Ça fait environ 4 heures que je suis parti de l'appartement en laissant Harry et Tony seuls. J'espère qu'ils ont pu discuter. Harry ne m'a pas écrit de SMS mais je sais qu'il est réveillé, il ne dort jamais après 11 heures. Je range donc mes affaires et marche lentement jusqu'à la maison. J'ai peur qu'ils m'en veuillent si la conversation s'est mal déroulée, alors je retarde au maximum le moment d'arriver. Mais le chemin n'est pas sans fin et j'arrive au pied de notre immeuble. Je sors ma clé, ouvre la porte et grimpe les escaliers jusque'à notre étage. Et je me fige. Quelque chose ne va pas. Il y a des sacs de course posés devant la porte. J'entend des sanglots, je me retourne. Ma mère est assise dans les escaliers qui montent à l'étage supérieur, la tête dans les mains, les coudes posés sur ses genoux. Et merde.

«- Maman? Qu'est-ce que tu fais là? Pourquoi t'es pas entrée? T'as oublié tes clés? Ils sont pas à l'intérieur? Ils ont pas pu t'ouvrir?
- Oh, Louis. Je... Non c'est pas ça, j'ai mes clés et ils sont dedans...»

Elle lève la tête pour me regarder et secoue ses clés pour me les montrer. Ses larmes ne s'arrêtent pas. Qu'est-ce qui s'est passé?

«- Mais... Pourquoi... Pourquoi t'es là? Pourquoi tu pleures?
- J'ai pas osé entrer. Ils criaient tellement fort, je les entendais à travers la porte.
- Qu'est-ce qu'ils ont dit? Pourquoi tu pleures?
- Harry... Il... Il a dit que je n'étais là que pour remplir le vide laissé par sa mère...
- Et Tony a répondu quoi? Il t'aime, c'est pour ça qu'on habite ici, tu le sais m'man?
- Il a pas démenti.
- Oh. Merde. Quel con. Putain j'y crois pas. Il... Putain. Faut qu'on entre maman, faut qu'on parle avec eux.
- Je peux pas entrer comme ça Louis, je veux pas qu'ils me voient comme ça.»

Je la laisse pas discuter plus longtemps, je la prend par le bras et l'entraîne vers la porte. J'y glisse ma clé et pousse le battant.

Dans la brume / L.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant