Ocean X

Chapitre 7

Parfois, les risques sont tels que l'on peut se permettre de se poser la question : le jeu en vaut-il la chandelle ? Cette question m'est venue plus d'une fois durant cette aventure. Mais la réponse m'a toujours semblé évidente. Il était question de ma famille, de l'humanité, alors je devais continuer. Nous devions continuer. Aujourd'hui, en ayant du recul, je peux dire que ça valait le coup. Même si dans notre cas, les sacrifices auront été bien différents de ce à quoi nous nous étions préparés.

À bord de la camionnette du vieux Tom, nous étions de nouveau en route vers le portail spatio-temporel à travers lequel des centaines de créatures sanguinaires allaient bientôt surgir pour réduire à néant la race humaine.

Au sens littéral des choses. Autant dire qu'à cet instant, personne ne semblait particulièrement confiant. La nuit était des plus sombres et Lana avait lancé un chronomètre : deux heures.

C'était le temps qu'il restait selon elle avant que les Massacreurs ne débarquent sur Terre. Désormais, chaque minute avait son importance.

La jeune femme et moi étions à l'arrière du véhicule tandis que Tom conduisait, Élodie à ses côtés.

- Les attaques dont vos informateurs parlent, dit-elle en faisant référence aux journalistes, les Massacreurs les utilisent pour semer le trouble et la peur parmi leurs ennemis. Je n'attendais pas cette phase avant bien plus tard. Mais leur incapacité à nous tuer a dû les pousser à accélérer les choses.

Alors Tom avait appuyé sur l'accélérateur et fait gronder le moteur. Le vieil homme n'était pas très bavard et malgré sa détermination à nous aider, il ne posa qu'une seule question sur les Massacreurs et Ocean X :

- On peut les tuer ? Demanda-t-il en regardant d'un air méfiant un véhicule familial qui nous croisait.

- Oui mais vos armes semblent moins efficaces, répondit Lana. Elles auront au moins pour effet de les blesser.

Je compris d'un simple regard que la réponse provoqua une grande déception chez ma sœur qui serrait fermement l'arme de poing dans sa main. On roula ainsi durant un petit peu plus d'une heure.

Par trois fois j'eus l'intime conviction que la voiture qui apparaissait au loin allait volontairement nous rentrer dedans, leurs occupants en sortir pour nous trancher la gorge.

Par chance, rien n'arriva. J'en devenais méfiant du moindre mouvement. Mais la présence de Lana me rassurait. Après tout, elle nous avait tous déjà sauvé la vie au moins une fois et elle était la seule à réellement comprendre tout ce qui arrivait.

La seule pour qui voir une créature de plus de deux mètres et sans tête n'était pas une surprise. Je ne cessais de vérifier les actualités. Chaque nouvel article qui apparaissait sur le sujet des étranges bêtes tueuses d'Hommes me faisait froid dans le dos.

Je n'espérais seulement qu'aucun n'annoncerait la fin du monde. Soudain, Tom et Élodie poussèrent tous les deux un cri et la camionnette tourna d'un coup sec et brutal.

On quitta la route dans un crissement de pneu pour arriver dans un champ. Le véhicule n'était pas arrêté que Tom recommençait déjà à appuyer sur l'accélérateur.

- Que s'est-il passé ? Demandais-je en sentant mon cœur battre à tout rompre.

- Il y en avait un au milieu de la route, dit Tom sans avoir besoin de préciser de quoi il parlait.

Nous étions de retour sur la route et notre vitesse avait nettement augmenté. Le moteur grondait si fort qu'il m'était difficile d'entendre Tom parler.

En jetant un œil vers l'arrière du véhicule, je pu discerner dans la nuit noire du mouvement. Je ne parvenais à comprendre ce que c'était, mais quelque chose bougeait.