Chapitre 8

4 0 0
                                    

Il y a ces moments étranges durant lesquels le vide semble être la seule chose en vous. Comme si aucune émotion ne pouvait plus vous traverser. Aucune larme à verser, aucun tremblement à cacher, aucun mot à prononcer. Rien. C'est une sensation que personne ne voudrait avoir à vivre. À la mort de Lana, je me suis juré de ne plus jamais laisser une telle sensation m'envahir. Malheureusement, cela se révéla insuffisant.



- Que faisons-nous ? Demandais-je sans quitter des yeux le corps inanimé qui reposait à même le sol.

Tous nos espoirs venaient de s'effondrer. Nous n'avions plus le temps. Les estimations de IAN nous donnaient une vingtaine de minutes avant que l'armée de Massacreurs n'arrive, or nous en avions pour près de trois quarts d'heure de route.

Je me laissai glisser contre le mur derrière moi dans un soupire. Tom, un genou au sol, avait le visage crispé et le regard fixe, comme s'il espérait pouvoir ramener la jeune femme d'entre les morts par sa simple pensée.

Mais elle restait immobile. J'avais passé les dernières heures en sa compagnie et pourtant, ce que nous avions vécu était si intense que je n'avais à aucun moment fait attention à la douceur de son visage. Sa peau semblait des plus lisses et sa blancheur rendait cela surréaliste.

Il était très étrange de la voir aussi calme, comme endormie, alors que les heures passées elle n'avait cessé de se battre avec une énergie qui semblait infinie. Le sang s'écoulait de sa plaie en abondance. Ma famille allait mourir, moi avec, et puis le reste de l'humanité.

L'écran de la tablette continuait de faire défiler les chiffres les uns après les autres, seconde après seconde, comme une interminable descente dont on ne voyait pas le bout. Élodie laissa tomber l'objet au sol et enfoui sa tête entre ses mains.

Un petit « bip » se fit entendre. Je levai les yeux vers la tablette. Une notification était apparue dans un coin de l'écran.

- Qu'est-ce qu'il y a IAN ? Demandais-je en saisissant l'appareil.

- Analyse terminée, répondit l'intelligence artificielle.

- Quelle analyse ? Répliquais-je.

- Celle du signal, demandée par Lana il y a quelques minutes.

Le signal ? Puis cela me revint en mémoire : IAN détectait depuis notre départ un signal mais il ne pouvait l'analyser, étant trop éloigné de sa source.

- Qu'est-ce que tu sais dessus ? Demandais-je en ne quittant plus des yeux l'écran.

- Il s'agit d'un signal émis par un portail spatio-temporel.

Ma sœur releva son visage, l'air intrigué. Ses larmes avaient arrêté de couler.

- Comment c'est possible ? M'alarmais-je. Il y aurait deux portails ?

- Non il n'y en a qu'un, reprit IAN, et c'est celui dont je viens d'analyser le signal. La piste suivie jusque-là n'était que les coordonnées auxquelles l'objet que vous avez déclenché s'est téléporté. Il s'agissait de la seule piste, mais il semble que le portail ait été créé à un autre endroit.

- Où est-il ? Demanda Élodie en semblant reprendre peu à peu de l'énergie.

- Dans un entrepôt désaffecté à quinze minutes d'ici.

- Et combien de temps nous reste-t-il avant l'invasion des Massacreurs ? Demandais-je en me relevant.

- Si l'on se fie aux prévisions de Lana alors le temps restant est de vingt-deux minutes.

Ocean XOù les histoires vivent. Découvrez maintenant