« Je te protégerais, quoiqu'il en coûte, même si tu n'en as pas envie.
Avec 2025, arriva les dix-huit ans de Faith Kaitlyn Marcus et sa dernière année de lycée. Mais rien ne se passa comme prévu. Des maux de tête l'accable tout comme pour Chris Hal...
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Faith se laissait distraire par les chansons qui défilaient depuis le vieux poste de radio de sa grand-mère, le crayon de papier en main, elle n'était pas décidée à finir ces maudits exercices de mathématiques. Elle pouvait entendre la voix fatiguée mais toujours aussi mélodieuse de sa grand-mère, elle chantait dans sa langue natale, le français, des chansons d'amour de ce que Faith avait compris. Elle se maudissait souvent de ne pas être aussi bonne en français qu'elle ne l'aurait voulu. La compréhension était plutôt simple, mais quand il s'agissait de parler la langue, cela était vraiment compliqué pour elle.
Son regard bleuté retomba sur les carreaux de son cahier, la faisant soupirer. Le problème n'était pas la compréhension, au contraire, cela la désespérait de ne bien réussir que dans les mathématiques et les autres sciences, bien que les autres matières scientifiques n'étaient pas les pires. Elle nota donc, sans s'appliquer, le résultat qu'affichait sa calculatrice.
Satisfaite de son travail peu sérieux, elle rangea avec vitesse ses affaires dans son sac qu'elle posait devant la porte d'entrée de sa maison. Avant de monter les escaliers menant à sa chambre, Faith s'approcha du fauteuil en cuir de sa grand-mère, pour souhaiter bonne nuit à cette dernière. Sa grand-mère, qui approchait des soixante-quinze ans, avait une santé de fer, même si le temps passé et les deuils se voyaient sur son visage. Elle tricotait un cardigan jaune pâle pour sa petite fille, le petit chaton, qu'elle avait eu il y a deux mois pour son anniversaire, elle qui en avait toujours rêvé, était endormi sur ses genoux. Le petit chat était un mâle au pelage entièrement noir qui avait été baptisé Sabbath. Faith ne savait pas pourquoi sa grand-mère l'avait appelé comme ça, peut-être voulait-elle passé pour la vieille sorcière du quartier lors des prochains halloween.
La brune embrassa la joue de la femme aux cheveux blancs, avant de monter quatre par quatre les escaliers, pour rejoindre sa chambre. Elle observait un peu distraitement l'étage de sa maison. Elle sourit en se disant que la plupart des pièces de cet étage n'étaient pas utilisées. Il y avait une chambre et une salle de bain au rez-de-chaussée, utilisé par sa grand-mère, mais il y avait trois autres chambres à l'étage et deux autres salles de bains et seules deux de ces cinq pièces étaient utilisées. Mais même si sa grand-mère aurait très bien pu décider de prendre une maison plus petite, elle avait préféré rester ici, pour que sa petite fille ne soit pas perdue certes, mais surtout pour que cette vieille dame puissent garder un peu plus longtemps le souvenir de son mari et de ses enfants.
Après être passé par la salle de bain pour se laver les dents, Faith se laissait tomber lourdement sur son lit. Il était encore tôt, mais la jeune femme était déjà fatiguée. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais depuis une semaine, elle était de plus en plus fatiguée et des maux de tête lui prenaient dès le dîner passé. La brune soupirait, fermant les yeux, espérant calmer sa tête. Elle n'en avait pas encore parlé à sa grand-mère, pensant que cela passerait juste après les devoirs qui s'enchaînaient. Il suffisait d'attendre que cela passe, elle en était persuadée.
À force de garder ses yeux clos, Faith finit par s'endormir, sans se soucier de la drôle de journée qu'elle allait vivre le lendemain.
À quelques mètres de sa chambre, dans la maison d'en face, quelqu'un d'autre était victime d'incessants maux de tête. Chris Halliwell, deuxième fils de Léo, un ancien être de lumières et de Piper Halliwell, une des sorciers possédant le pouvoir des Trois, était affalé sur la table de la salle à manger. Le sorcier, à moitié être de lumières, des sortes d'ange-gardien des futures sorcières ou futurs êtres de lumière, souffrait de ce son de cloche qui retentissait dans sa tête. Ce son de cloche signifiait que Chris avait son premier protégé, que ce dernier l'appelait à l'aide, consciemment ou pas. Chris avait déjà eu des protégées dans une autre vie, pourrait-on dire. Ce Chris-là, avait vécu sans ses parents et avec un grand frère devenu le mal incarné. Pour arranger cela, et vivre la vie qu'il avait actuellement, Chris avait voyagé dans le temps, à l'époque où son grand frère n'était qu'un bébé, pour empêcher le mal de le changer en mauvais sorcier. Il avait réussi, mais au prix de sa vie, du moins de cet autre Chris de vingt-deux ans.
Celui qu'il était aujourd'hui eu vingt-et-un ans, il vivait auprès de sa famille, ses deux parents, son grand-frère, qui était un véritable ange, et sa petite sœur, en pleine période de rébellion, qui avait bientôt dix-huit ans. Il se demandait souvent pourquoi il se souvenait de son ancienne vie, c'était vraiment perturbant dans sa propre tête, il avait littéralement vécu deux vies et il se mélangeait parfois dans ses souvenirs.
Le son de cloche reprit, comme pour lui dire d'arrêter de penser à sa vie auprès des trois sœurs Halliwell quand elles étaient encore des sorcières actives, car depuis le temps, les démons et mauvais sorciers se faisaient plus discrets. Il soupira, énervé de cette situation. Sa petite sœur, Melinda, qui passait prendre un verre de lait avant d'aller au lit, comme une petite fille, rit doucement comme pour se moquer de la situation de son frère, qui, pourtant, lui arriverait tôt ou tard.
De son côté, Wyatt Halliwell, le plus grand de la fratrie, s'inquiétait quelque peu de l'état de son frère. Il avait un clair souvenir de la première fois qu'il avait reçu un appel de ses protégés, certes c'était un son perturbant et un peu douloureux au début, mais il était sûr que ces appels n'étaient pas aussi nombreux.
Piper, accompagné de son mari, sortaient de la cuisine, la femme apportant à son fils un verre d'eau et un médicament, probablement pour calmer ses maux de tête. Chris prit le cachet avec peu d'énergie, il devait être fatigué de cette situation. Son père, les bras croisés contre son buste, conseilla à son fils d'aller à l'endroit habituel pour réfléchir ; le Golden Gate Bridge de San Francisco, la ville où ils habitaient. C'était la seule chose que Chris pouvait faire pour essayer de trouver qui était derrière ses appels et pouvoir l'aider.
Sans attendre plus, l'hybride sorcier-être de lumière s'éclipsa sur le fameux pont, pour méditer. Assis tout près du vide, appréciant le vent qui lui faisait face, Chris ferma les yeux. Il resta ainsi bien longtemps, ne faisant pas attention aux heures qui passaient. Son esprit avait souvent divagué, mais il finit par trouver la trace de son protégé. De peur de perdre cette trace, Chris s'éclipsa à nouveau, à l'endroit où était la source de ces sons de cloche, du moins il l'espérait.
Il prit quelques secondes pour s'adapter à l'absence de lumière de la pièce. La seule source de lumière était les lampadaires de la rue que l'on voyait depuis la fenêtre de ce qu'il avait deviné être une chambre. Chris fut surpris de voir sa maison de l'autre côté de sa rue. Instantanément, un prénom lui venant en tête, il tourna son attention vers la femme qui dormait emmitouflée dans sa couette.
Il s'approchait doucement et le plus silencieusement possible, n'y croyant que peu. Mais une fois près du lit, quand il réussit à discerner le visage de, visiblement, sa protégée, il dût bien l'accepter. Sa voisine de toujours, l'amie d'enfance de sa petite sœur, la gamine qui embêtait, dont il se moquait, enfant, était une sorcière.
Écartant doucement les mèches de sa frange pour mieux apercevoir son visage, Chris se questionnait : « Était-elle au courant de sa condition ? » Si oui, elle devait obligatoirement connaître la famille Halliwell, qui était une famille de sorciers des plus connues, surtout en ville. Mais une autre question lui vient, ses parents connaissaient bien la grand-mère de Faith, ils devaient savoir qu'elles étaient des sorcières, non ? Mais peut-être que la grand-mère ne l'était pas ?
Mais alors que le jeune homme se questionnait, la jeune femme s'agitait dans son sommeil, fronçant les sourcils, provocant un énième son de cloche dans la tête de l'être de lumière. Le brun s'accroupit, étant désormais à la hauteur de la tête de l'adolescente. Il pencha la tête sur le côté, essayant d'oublier la douleur que lui infligeait ses appels à l'aide.
« Que t'arrive-t-il pour que tu me m'appelle autant, Faith ? » chuchota-t-il, plus pour lui-même que pour la jeune femme qui dormait.
