Chapitre 6

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Le soleil était bien haut dans le ciel. Le convoi avançait maintenant depuis plusieurs heures et la forêt avait laissé place à une prairie. Au loin se dressait une montagne si haute que le sommet en était caché par d'épais nuages blancs. Impossible de savoir si la neige trônait là-haut. L'horizon était tranché de cette barrière infranchissable, se dressant sur leur passage. La fourrure de Fleur Sauvage s'ébouriffa sous les bourrasques froides. Elle rentra la tête dans ses épaules pour mieux supporter la température en baisse. Il lui semblait que plus ils s'éloignaient des bois vallonnés, plus les éléments semblaient impitoyables et rudes. Bien que le terrain semblait en légère pente, l'objectif à atteindre était encore bien loin d'eux. La chatte en était sûre : jamais ils n'atteindraient le bas de la montagne le soir même. Il leur faudrait faire une pause. Même si la troupe avait tenu ses positions et n'avait rencontré aucun obstacle pour le moment, quelques chats se retrouvaient légèrement à la traîne. Heureusement, les familles aidaient leurs proches à avancer quand ils peinaient à garder le rythme. Tous semblaient solidaires, malgré tout, un chat semblait seul à l'arrière. Et son retard ne semblait inciter personne à venir l'aider. Le matou noir tacheté avançait avec grande peine, l'œil luisant et les pattes tremblantes. Il regardait de temps à autre le groupe devant lui en essayant de les rejoindre, mais vite distancé. Fleur Sauvage eut à plusieurs fois la gorge serrée en voyant sont camarade malade laissé à la traîne. Sûrement ses camarades avaient peur d'attraper sa maladie en venant l'aider, alors tous faisait mine de l'ignorer. Fleur Sauvage dut cependant rester à la tête du groupe pour assurer son rang, mais regardait régulièrement par-dessus son épaule.

Les jours se succédèrent lentement, presque confondus. Les trois Clans progressèrent en direction de la chaîne montagneuse, toujours aussi unis face à l'inconnu. Mais celle-ci semblait demeurer toujours aussi loin. Fleur Sauvage tenait bon, son Clan n'était plus celui du Tonnerre; mais celui des Trois Clans. Croc de Jaguar était toujours en vie. Suivant le groupe de loin. Quand le soir venait, personne ne savait si celui-ci allait réussir à les rejoindre durant la nuit. Mais toujours, le lendemain le félin apparaissait, prêt à reprendre la route. Mais combien de temps cela allait-t-il durer ? Son état empirait. Et le fait d'être mis à l'écart n'arrangeait rien.

Ce jour là, leurs pattes abîmées frôlèrent enfin le sol rocheux de l'amont. Seulement, cette victoire fut chère payée. Quelques jours plus tôt, Lac Gelé, une ancienne du Clan du Vent était décédée suite à une infection d'une blessure causé par l'attaque des loups, bien des lunes plus tôt. La pauvre avait souffert jusqu'au bout mais était restée courageuse et pleine d'espoir. Un autre chat, Queue d'Écureuil, avait perdu la vie, mordu par une vipère lors de la traversée d'une rivière. Certains disaient qu'il avait rejoint sa compagne, elle même, à l'époque, tuée par les loups : au Clan des Étoiles.

Le Clan fêta sa victoire en une grande pause de ravitaillement. Avant l'ascension, le Clan avait besoin de reprendre des forces. Après tout, qui sait si ils allaient réussir à se nourrir là haut ? Qui sait combien de vies il restait à sacrifier encore ? Les montagnes n'étaient peut-être pas aussi accueillantes que ceux à quoi ils s'attendaient, mais désormais, il n'y avait plus de retour en arrière possible. Une grande chasse fut organisée, et tout le monde y fut convié. Ce soir là, jamais le gibier n'avait été si présent. Le Clan des Étoiles semblait belle et bien couver leurs pas... Le ciel se couvrit cependant, et une pluie s'abattit sur toute la vallée en trombes incessantes. Heureusement, une cavité dans la roche offrait un abri idéal.

Fleur Sauvage venait de finir son repas. Cela faisait un moment que son ventre n'avait pas été si rond, et heureusement. Elle remercia silencieusement le Clan des Étoiles. Même si le guérisseur du Clan du Vent avait reçut un signe; elle, comme le reste des Clans, n'avait rien vu. Ils ne pouvaient que croire la prédiction du matou.

Une Ère de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant