Chapitre 1

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L'aube s'était levée dans la plaine, le brouillard qui la couvrait d'un épais voile depuis quelques heures, commençait peu à peu à s'effacer sous la lumière du nouveau jour. À travers la forêt, le soleil pâle du matin filtrait à travers les branches des arbres menus, ayant perdu la majorité de leurs feuilles.

Tandis que la vie s'éveillait dans la combe, un félin sortit d'un buisson d'un bond étonnant, plongeant entre les herbes mouillées par la rosée, les pattes raides. Celui-ci venait de bondir sur une proie. En un coup de croc, il prit la vie de la pauvre bête qui pendit bientôt, immobile, au bout de son museau. La chatte croqua une seconde fois dans sa proie pour s'assurer qu'elle soit morte.

La chaleur des rayons firent étinceler sa fourrure blanche. La femelle avait un pelage clair, parsemé de taches rousses flamboyantes. En goûtant la chair fraîche, ses griffes se plantèrent dans la terre. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'était pas partie chasser. Malgré tout, elle dut se retenir de dévorer la bête. Les oreilles aux aguets, elle leva les yeux vers le haut des arbres, sa proie en bouche. La saison des feuilles mortes battait son plein et les proies commençaient à devenir rares. Bientôt, les rongeurs de cet endroit ne suffiraient plus à tous nourrir elle et son Clan.

   « Alors ? Tu l'as eu ? »

La chatte tachetée sursauta, les poils de la nuque soudainement hérissés. Après un chahut dans les branches d'un buisson d'ajoncs, une chatte aux couleurs foncées bondit des fourrés et apparut devant la femelle. C'était une chatte noire tachetée de légères coupures rousses et blanches. Ses yeux verts s'écarquillèrent en voyant le rongeur dans la gueule de sa congénère.

   « Pas mal du tout ! Il faut dire que tu t'en sors bien. D'habitude, tu n'es pas capable d'attraper le moindre moineau avec tes grosses pattes, souffla-elle, un éclat de malice au coin des yeux. Tu dois tenir ça de papa...

- Arrête avec ça ! »

La femelle blanche avait répondu avec froideur. Elle agita les oreilles, agacée de cette réflexion déplacée. Avec tout le travail qu'elles avaient, comment sa sœur pouvait se permettre de la taquiner de la sorte ? Préoccupée, la femelle claire prit sa proie en bouche et fit quelques pas, puis l'enterra un peu plus loin afin de revenir la chercher plus tard.

   « Fleur Sauvage, tu devrais arrêter d'être aussi sérieuse un peu ! On croirait voir un blaireau contrarié ! »

La nouvelle venue venait de se placer devant la chatte blanche, la considérant du regard comme si elle l'accusait.

   « Le clan n'a pas besoin d'une tête triste en plus. Tu ne crois pas que Plume d'Aigue-Marine a bien assez de problème comme ça, elle ? Fais au moins cet effort. »

Fleur Sauvage ne sut quoi répondre. Plume d'Aigue-Marine, leur sœur, était plus faible que jamais, et ce n'était pas le moment de flancher. Elle leva les yeux vers sa sœur, l'air abattu.

   « Je suis vraiment désolée, Lune Brillante, balbutia-t-elle. C'est que tout ce voyage me rend perplexe. Et si le Clan des Étoiles ne nous suivait pas cette fois ? Le périple du lac remonte à si longtemps... Même les anciens racontent ne pas y avoir assisté, et très peu savent ce que les Clans étaient avant cela. L'attaque des loups n'a fait que de nous affaiblir, et ce voyage risque de tous nous tuer. J'essaie de me rassurer, mais je ne peux m'empêcher de croire que tout cela nous mène à notre perte. »

Une Ère de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant