c'est le message que j'aurai voulu t'écrire avant que tu ne meures. ou plutôt que j'aurai voulu que tu lises avant de partir retourner voir ta famille en Syrie. avant que la mort ne te fauche, que la guerre t'emporte et que cette bombe ne t'explose vivant. celui qui aurait fait battre mon cœur avant de te l'envoyer et qui aurait animé ton sourire d'un bonheur magique.
voilà, je t'aime. d'amour. d'un amour véritable, magnifique, inconditionnel et sincère. celui qui fait vibrer un cœur, sourire des lèvres, couler des larmes, naître des feux d'artifices d'émotions, rire trop fort, crier des « je t'aime », imaginer des grands « peut-être », vivre un tsunami de sentiments, parler jusqu'à minuit de souvenirs oubliés, jouer une partition d'amour dans des draps épurés, respirer l'air avant de plonger la tête la première dans un gouffre sans lumière ou murmurer milles mots dans le creux d'une oreille attentionnée.
et je t'aimerai. pour toujours, tu resteras l'Amour avec un grand A pour moi. tu ne peux pas imaginer combien tu m'as rendu heureuse. j'aurai aimé avoir la bonne idée de compter le nombre de sourire que tu as pu dessiner sur mes lèvres rosées.
je ne me souviens pas de tout. ce serait mentir que de te dire ça. mais j'aimerai tant.
je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme toi. tu croyais si peu en la vie et pourtant tu vivais comme personne. avec passion et douceur. avec calme et spontanéité. avec violence mais sans jamais te battre. avec timidité et envie de ne jamais t'arrêter. avec générosité et envie d'oublier. dans un paradoxe qui me faisait vibrer.
tu étais si vivant.
chaque jour, je me demande : pourquoi toi ?
tu étais un ange. la vie n'aurait jamais dû te tuer et la mort jamais t'emmener. je vais arrêter de me le demander. ça me fait du mal. mais sache que tu étais la plus belle personne que j'ai eu la chance de rencontrer. ton cœur était beau. ton âme était belle. tu méritais milles couleurs et tu n'en as obtenu aucune. juste le noir de la mort. et les quelques fleurs fanées sur ta tombe.
tu aurais dû être là avec moi, mais ça tu le sais déjà. tout ça pour te dire que je t'aime, mais je continue. je voulais te rejoindre, attraper ta main, serrer tes doigts et que tu me traînes avec toi dans les bras de la mort. aujourd'hui, ce n'est plus le cas. je sais que tu aurais voulu que j'essaie, que je vive, que je sourie, que je danse, que je ressente, que je profite. que je cherche la Beauté autour du monde, aussi. je vais le faire.
l'amour que je ressens pour toi est si grand. j'ai cru que ce serait un poids que je devrai abandonner sur ma route. mais non, c'est une nouvelle force. celle qui me permettra d'évoluer et de recommencer, sans jamais t'oublier.
je veux vivre avec toi dans mon cœur.
j'ai envie de hurler à la guérison. mais on ne guérit pas d'un tel amour, d'une telle blessure –pauvre dommage collatéral d'un monde trop cruel. alors à chaque fois que j'aurai envie de me blottir dans tes bras, je relirai ce message mais aussi tout ceux que tu as pu m'envoyer. des plus simples au plus beaux. et un jour, je n'aurai plus besoin de ça. tu vivras dans mon cœur, indépendamment du reste.
l'amour est une chose précieuse.
je l'ai connu, je ne regrette rien, je voudrai l'embrasser pendant qu'il embrase mon cœur.
je ne t'oublierai jamais.
ni toi, ni tout nos petits moments, ni tes confessions ou tes déclarations d'amour, ni ton rire, ni ton sourire, ni tes yeux, ni tes doigts contre ma peau, ni ta main sur mes seins, ni tes lippes contre ma colonne vertébrale, ni ton corps vibrant, ni ta timidité maladive, ni ta générosité abusive, ni tes angoisses atroces et tes cauchemars terrifiants, ni ton grand cœur, ni ta tendresse adorable, ni l'amour qui nous liait.
j'aurai aimé qu'on fasse l'amour sur les toits, qu'on se baigne nus dans l'océan, qu'on court à en perdre haleine dans les rues de Paris, qu'on danse sous les néons juste pour ressentir l'euphorie, qu'on observe les étoiles pour décrocher la Lune, qu'on traverse le monde pour fuir la barbarie et poursuivre nos rêves...
on n'aura pas eu le temps, alors rendez-vous dans une prochaine vie ?
je t'aime, Ismaël.
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Saluer La Beauté
Short StoryT'injuriais la Beauté, pendant qu'elle nous aimait ; alors elle est partie, elle m'a dévasté.