Les Vlogeurs

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C'était un matin comme les autres. Et comme tous les dimanches, j'étais parti pour un footing. Seulement, ce jour-là, je décidai d'aller dans une forêt non loin de chez moi qu'on disait hantée. Quelques jours plus tôt, trois étudiants partirent s'y promener, pour filmer la forêt pour leur chaîne YouTube, puis disparurent sans laisser de trace. Cependant, je ne croyais pas aux fantômes. Je croyais aux farces et cela ne m'aurait pas étonné qu'ils reparaissent indemnes, pour raconter des histoires à dormir debout tout droit sorties de leur imagination.

Toujours est-il que cette forêt ressemblait à n'importe quelle forêt. Des oiseaux chantaient, piaillaient, le sol était parsemé de mousse et de champignons et l'on pouvait rarement apercevoir un écureuil sauter d'un arbre à l'autre. Mais, évidemment, il n'y avait aucun signe de vie d'un être humain, tout le monde avait bien trop peur de s'y aventurer. Les sentiers étaient laissés à l'abandon et plus je m'enfonçai dans la forêt, plus le manque d'entretien se faisait sentir.

Bientôt, le chemin fut si embroussaillé que je dus arrêter de courir. Je décidai de rentrer chez moi, mais je m'étais perdu.

Je marchai au-hasard en passant par les endroits où il y avait le moins de végétation possible, quand je vis quelque chose qui brillait au pied d'un arbre. Je me rapprochai, et vis que ce n'était qu'une caméra, l'objectif tourné vers le ciel. Je la ramassai puis levai le regard. Il y avait une cabane dans l'arbre. Je montai donc par l'échelle de corde accrochée à une des branches puis m'installai contre un des murs de la cabane. Je jetai un coup d'œil à ma montre, il était midi.

La caméra ne contenait qu'une seule vidéo de quarante-cinq minutes. Lorsque je pressai le bouton « lecture », je sentis un inexplicable frisson me traverser. La forêt me parût soudainement plus sombre et menaçante, tandis que la lumière du jour filtrée à travers le feuillage des arbres semblait plus terne. Je n'entendais plus les oiseaux chanter. La forêt me donnait une drôle d'impression, comme si elle était moins vivante.

Voici ce que je vis sur la vidéo. Je reconnus sur l'écran les trois étudiants disparus. Ils étaient installés dans la même cabane que moi et parlaient avec agitation.

D'un coup, sur l'écran, alors que quelques secondes plus tôt, il faisait jour, la nuit tomba. Les étudiants parurent tout aussi surpris que moi. Celui qui tenait la caméra la tournait de tous les côtés, comme s'il eut été affolé. Je crus à une blague mais leur jeu d'acteur était trop bien fait pour être vrai. Je sentis l'effroi s'emparer de moi.

Un des étudiants proposa de faire un tour pour voir ce qu'il se passait, et son ami le filma descendant l'échelle de corde. Bientôt, le jeune homme disparut dans la nuit. Quelques minutes plus tard, un cri strident, inhumain, résonna. Celui qui tenait la caméra sursauta, puis se mit à trembler, mais moi, je restais paralysé par la sourde angoisse qui m'écrasait la poitrine.

Les deux étudiants restants se réfugièrent dans la cabane. Un autre évènement se produisit, des craquements se firent entendre depuis la plateforme qui faisait office de balcon. Les étudiants chuchotèrent, et il fut décidé qu'un des deux irait voir sur la plateforme de la cabane.

Celui qui tenait la caméra resta dans la cabane, et lorsque son ami sortit, le même cri qu'auparavant se fit entendre, mais si près que j'en avais le souffle coupé. J'entendis alors distinctement les sanglots de l'étudiant effrayé qui filmait. La caméra se dirigea vers la porte de la cabane, je sentis mon cœur cesser de battre pendant un instant, l'étudiant sortit. Dehors, il n'y avait rien.

Soudain, l'étudiant hurla, la caméra tomba. La caméra se retrouva trois fois l'objectif face au ciel dans sa chute. La première fois, je vis l'étudiant hurlant et sanglotant. La deuxième fois, j'aperçus une sorte d'ombre déferler sur le jeune homme effrayé. La troisième fois, la caméra termina sa chute, sur la cabane il n'y avait plus personne. Ensuite, j'entendis des pas s'approcher de la caméra, puis deux yeux immaculés et luisants fixèrent la caméra. Je sursautai à la vue des yeux et lâchai la caméra violemment tout en tremblant.

Ce ne fut qu'à ce moment-là que je commençai à me concentrer sur autre chose que la vidéo et que je regardai autour de moi. Des larmes coulèrent le long de mon visage, il faisait nuit. Il était treize heures moins le quart et il faisait nuit. Étais-je dans un cauchemar ?

Je sentis imperceptiblement quelque chose me frôler. Je frissonnai. Je tentai de me lever pour sortir de la cabane. Une fois sur la plateforme, je vis avec horreur deux yeux d'un blanc éclatant me fixer.

Je ne pus rien faire d'autre que de hurler.

FIN

Ecrit avec mon amie, Alixe.

La Revanche MortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant