La Revanche Mortelle

Maria

- Salut

Je sursaute. La voix continue :

- Oh, tu trembles... Hihi.

Je ferme très fort les yeux et bloque ma respiration. Il n'y a pourtant personne d'autre que moi dans cette chambre.

- Eh bien? Pourquoi ne me réponds-tu pas?

Pourtant, cette voix me parait étrangement familière, comme si je n'avais pas passé un seul jour de ma vie sans l'entendre.

- Tu sais, je ne vais pas passer l'éternité à essayer de communiquer avec toi.

Inspire, expire. Sans ouvrir les yeux, j'abaisse la couverture sous laquelle je me cachais, puis, précautionneusement, je regarde autour de moi. Le noir est complet.

- Tu sors enfin de ta coquille?

Je sens les larmes monter mais, prenant mon courage à deux mains, j'allume d'un geste rapide la lampe sur ma table de chevet.

La lumière m'aveugle, et, dans ma précipitation, j'ai fait tomber mon réveil qui se met à sonner. Je le ramasse puis l'éteins. La confusion a fait disparaître ma peur.

Je regarde autour de moi, il n'y a personne. Alors je me décide à parler :
- Où es-tu ?

La voix me répond d'un ton enjoué :
- Juste là !

Impossible de savoir d'où elle provient. Elle paraît si proche et si loin à la fois. Elle est discrète et pourtant envahit tous les recoins de ma tête.

- Comment t'appelles-tu ?

- Maria, répond-elle, et j'entends sa voix résonner dans mes oreilles.

Le silence s'installe quelques minutes. Je connais ce nom, Maria. Il me semble l'avoir entendu aujourd'hui, ainsi qu'hier et encore la journée d'avant.

Alors que je suis perdu dans mes pensées, Maria reprend :

- Et si on jouait?

Je réfléchit quelques instants avant de lui répondre par l'affirmative.

Elle rit d'un ton ravi.

- Je compte jusqu'à vingt, et toi, tu te caches. 1. 2. 3...

Je file dans les escaliers alors que les nombres continuent de résonner dans ma tête.

- 4. 5. 6...

Je les descend quatre à quatre, manquant de tomber à plusieurs reprises.

- 9. 10. 11. 12...

Une fois en bas, je tourne sur moi-même, ne sachant pas où me cacher.

- 14. 15...

Vite. Vite!

- 16. 17. 18...

Je pousse une porte et entre dans la chambre de ma mère.

- 19...

Tant pis. Je me cache sous son lit.

- 20! Alors, où peux-tu bien être?

Je ralentis ma respiration.

- Crois-tu que je ne sache pas où tu es ? Tu te trompes, tu es sous le lit !

Elle rit, elle m'a trouvé. Elle reprend dans un chuchotement :

- Puisque j'ai gagné, je dois te donner un défi.

Un défi?

- Prends le couteau qui se trouve sur la table de la cuisine.

J'hésite. Mais finalement, je m'éxécute.
Une fois le couteau en main, je retourne dans la chambre de ma mère.

- Tue-la.

Quoi? Non. Mais j'ai beau me dire qu'il ne faut pas faire ça, mes mains agissent malgré moi, obéissant à la voix qui résonne sans cesse dans ma tête.

Ma mère ouvre les yeux, et la dernière chose que j'entends avant de la poignarder est son cri de terreur.

Puis la voix disparaît.