Chapitre 10

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Seule dans son dortoir, Maeve était en train de faire sa valise pour rentrer chez elle. La journée de la veille l'avait fatiguée émotionnellement et elle ne se sentait pas assez forte pour en vivre une similaire. Elle devait se dépêcher si elle voulait pouvoir partir de Poudlard avant qu'Hermione ne vienne la chercher pour aller en cours. Elle était en train de boucler son bagage quand elle entendit des pas s'approcher d'elle.

— Je ne pensais pas que tu étais du genre à fuir, retentit alors la voix d'Hermione.

Prise sur le fait, la sorcière laissa tomber le pull qu'elle tenait dans les mains et elle se retourna pour faire face à sa cousine. Celle-ci se tenait droite comme un i, les poings posés sur ses hanches. Quand Maeve se pencha pour ramasser le vêtement qu'elle avait fait tomber, Hermione s'approcha d'elle et le ramassa à sa place. Toutes deux avaient de grandes cernes sous les yeux, la première à cause de la journée qu'elle avait passée, la deuxième à cause de la conversation qu'elle avait eue avec Draco.

— Je ne suis pas en train de fuir, répliqua l'ancienne Serdaigle.

— Partir juste après t'être disputée avec Eva et Tobias ? J'appelle ça fuir personnellement.

— Tu ne peux pas comprendre, soupira Maeve.

Ayant compris que sa tentative de quitter l'école en douce avait échoué, cette dernière s'assit sur son lit, les poings serrés contre la couverture. Elle savait qu'elle n'aurait jamais dû revenir à Poudlard. Certes, sa première journée de cours s'était bien passée, mais la deuxième avait été une catastrophe à partir du moment où elle avait décidé d'aller voir sa défunte meilleure amie.

— Qu'est-ce que je ne peux pas comprendre ? Que tu sois triste ? Brisée ? Bien sûr que si je peux le comprendre. Je n'ai peut-être pas connu autant de perte que toi, mais cette guerre n'a épargné personne. Tu n'es pas la seule à souffrir, tu devrais en avoir conscience au lieu d'être aussi centrée sur toi-même.

Le but d'Hermione était de causer un électrochoc à sa cousine pour qu'elle se reprenne et arrête de vivre dans le passé, pas de la blesser. Elle eut cependant l'impression de très mal s'y prendre en voyant l'air que pris Maeve.

— J'ai parfaitement conscience de ne pas être la seule à souffrir et que certains ont perdu plus que moi, comment est-ce que tu peux dire une chose pareille ?

— Je constate uniquement ce que je vois.

Un air énervé se mélangeait à de la tristesse sur le visage de Maeve. Si même sa cousine se mettait à la détester, rester à Poudlard ne lui servait strictement à rien.

— C'est vraiment ce que tu penses de moi, Mione ?

En entendant la voix chargée de trémolos de la brune, Hermione pensa qu'elle était allée trop loin. Elle voulait faire comprendre à sa cousine que la vie continuait même après toutes les personnes qui avaient quitté sa vie, volontairement ou non. La traiter d'égoïste parce qu'elle était triste n'était peut-être pas une bonne idée.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire Maeve...

— Mais tu l'as dis quand même. C'est qu'une part de toi devait vraiment le penser.

Plutôt qu'être triste, la sorcière était énervée. Elle ne comprenait pas pourquoi sa cousine lui parlait comme ça. Elle avait le droit d'être triste quand même !

— Tu m'as mal comprise. Tu as le droit d'être triste, c'est même totalement normal. Je voulais seulement te faire comprendre que tu ne devrais pas arrêter de vivre à cause de ta tristesse.

— C'est facile à dire.

Voyant que Maeve ne l'écoutait visiblement pas, Hermione commença à s'énerver. Sa cousine n'attendait visiblement qu'une chose, qu'elle parte en cours pour retourner chez elle. Et abandonner Hermione, encore une fois.

— Tu n'as même pas essayé. Ne me fait pas croire le contraire. Tu as préféré abandonner le monde de la magie tout de suite après la guerre. Tu es partie sans prévenir et tu as quitté le pays sans donner la moindre de tes nouvelles à part une ou deux fois. Tu sais le nombre de nuit où je suis restée éveillée parce que je m'inquiétais pour toi ? C'est bien pour ça que je te dis que tu es égoïste. On s'est tous inquiétés pour toi. Je veux bien que tu sois en deuil mais tu ne peux pas disparaître comme ça du jour au lendemain dès que les choses deviennent compliquées ! Et c'est exactement ce que tu t'apprêtais à faire ! Encore une fois ! Tu allais m'abandonner, une deuxième fois !

Les larmes aux yeux, Hermione était toujours debout en face du lit de la brune et c'est là que Maeve comprit qu'elle avait blessé sa cousine en partant. Elle l'avait blessée et pourtant, elle lui avait pardonné et avait fait comme si de rien n'était depuis qu'elle était revenue.

— Essaie de me comprendre Hermione ! La magie m'a tout pris ! Mes frères, ma meilleure amie et même mes parents ! cria Maeve.

— Moi aussi j'ai perdu mes parents Mae ! Je les ai oubliettés pour les protéger !

— Je suis parfaitement au courant ! J'habitais chez toi Hermione ! J'étais là quand tu l'as fait ! Je t'ai même aidée ! Mais eux au moins, ils ne t'ont pas fichu à la porte dès qu'ils ont su que tu étais une sorcière !

C'est là qu'Hermione se rendit compte que sa cousine ne s'était toujours pas remise de l'abandon de ses parents et que cette blessure béante ajoutée au fait d'avoir perdu sa moitié et sa meilleure amie l'avait anéantie. Toutes les deux n'avaient plus de famille, en forçant ses parents à l'oublier, Hermione s'était aussi fait oublier de tous les autres membres de sa famille et Maeve avait été bannie de la sienne. Il n'y avait que les parents d'Hermione qui l'acceptaient et maintenant, ils avaient oublié leur nièce aussi.

— On a tous perdu des personnes qui nous sont chères mais tu es la seule à ne pas réussir à passer à autre chose. Georges aussi a perdu son frère jumeau et pourtant, il essaie de s'en sortir. Tu devrais aller lui parler, il pourrait t'aider.

C'était faux. Georges était la seule personne avec qui elle avait gardé contact quand elle était partie en Écosse, elle se sentait plus proche de lui parce qu'ils avaient tous deux perdu leur jumeaux. Il faisait semblant d'aller bien, il le lui avait dit et lui avait fait promettre de ne rien dire aux autres. Elle comptait tenir cette promesse.

— Si tu le dis, répondit-elle avant de se souvenir d'un léger détail. Comment es-tu au courant de ma conversation avec Tobias ?

— Draco est venu me voir hier soir.

Les deux filles étaient à présent calmées mais avaient les deux les nerfs en bouillis, épuisées par la conversation qu'elles venaient d'avoir. Maeve ne voulait pas rallumer la flamme de leur dispute en demandant pourquoi elle avait écouté le blond qu'elle détestait. Fatiguée d'être debout, Hermione s'assit à côté de sa cousine et la prit dans ses bras.

— Il te rendait heureuse Maeve.

Hermione n'eut pas le courage d'en dire davantage. Elle savait qu'elle n'arriverait pas à redonner sa joie de vivre d'avant à Maeve. Personne ne le pourrait après les morts dont sa vie était truffée. Elle savait aussi que ce n'est pas elle qui arriverait à redonner le sourire à Maeve. Il n'y avait qu'un certain serpentard qui le pourrait et elle espérait que son ultimatum de la veille avait fait son effet. Avant qu'elles ne puissent continuer leur conversation, la cloche retentit pour annoncer le début des cours. Hermione se leva et commença à sortir de la pièce avant de se retourner.

— Arrête d'être le personnage secondaire de ta propre vie. Tu laisses des fantômes diriger tes choix.

Ne jamais t'oublier ~ TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant