Chapitre 13

382 19 14
                                    


Lorsqu'ils arrivèrent devant la salle où avait lieu le cours de potions, Draco et Maeve étaient tous deux essoufflés d'avoir couru et la brune cherchait une excuse à servir à leur professeur. Alors que le serpentard allait frapper à la porte, elle prit sa main dans la sienne pour l'en empêcher. Ce contact raviva en eux deux d'anciens souvenirs et elle le lâcha avant d'être submergée. Après la discussion qu'ils venaient d'avoir, elle arrivait à peine à le regarder dans les yeux tant elle ne supportait pas d'être à l'origine de toute la souffrance qu'elle y voyait. Quand elle remarqua qu'il posait sur elle un regard curieux, elle réalisa qu'elle ne lui avait toujours pas dit pourquoi elle l'avait empêché de frapper à la porte.

— Faut qu'on trouve une excuse pour notre retard. Le cours a commencé il y a dix minutes, on ne peut quand même dire au professeur qu'on est en retard parce qu'on était en train de parler !

— Et pourquoi pas ?

L'étincelle rieuse qu'elle vit dans son regard lui fit lever les yeux au ciel. Il était capable de le faire. Elle le savait. Alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre que c'était irrespectueux de dire ça, la porte s'ouvrit justement sur leur professeur de potions. Comme la dernière fois, son regard resta posé sur Maeve plus longtemps que de raison et paraissait troublé. Quand il la vit froncer les sourcils, il se mit à sourire en essayant de prendre un air sévère.

— Jeunes gens, je vous ferai savoir que le cours se passe à l'intérieur de la salle, et non devant sa porte. À moins que vous n'ayez oublié de quelle manière on frappe à une porte ?

Les deux retardataires haussèrent un sourcil avant d'échanger un regard perplexe. Se croyait-il drôle ? Maeve haussa les épaules et plaça ses mains sur ses hanches, sans répondre, attendant que le professeur, qui lui paraissait toujours trop jeune pour enseigner, arrête de bloquer l'entrée de la salle. Ce qui arracha un petit éclat de rire à Draco. Et qui laissa le professeur bouche bée.

— Heu bon, entrez et installez-vous. Vous avez de la chance, je n'avais pas encore expliqué en quoi consistera le cours d'aujourd'hui.

Sans qu'elle ne comprenne pourquoi, quelque chose la dérangeait avec cet enseignant. Elle n'arrivait même pas à essayer de le respecter, ce qu'elle ne comprenait pas. Elle passa devant lui sans le regarder et alla s'asseoir devant le chaudron qu'elle allait partager avec Draco. D'un petit geste de la main, elle fit signe à Hermione pour lui montrer que tout allait bien et sortit ensuite son manuel de potion de son sac. Elle était encore en train de se demander comment elle allait faire pour se concentrer après ce que le blond avait dit. ll était encore amoureux d'elle ! Quand il s'assit à côté d'elle, elle résista à l'envie de le regarder et se concentra sur le professeur qui était à son bureau. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'elle se rendit compte de la présence de leur professeur de sortilège, le professeur Flitwick, aux côtés de leur professeur anonyme. Que faisait-il là ? C'est la question que se posaient tous les élèves de cette pièce.

— Bien. Comme vous avez pu le remarquer, nous sommes aujourd'hui accompagnés du professeur Flitwick, qui va m'aider à tenir le cours du jour. Vous pouvez ranger vos manuels de potions, vous n'en aurez pas besoin. Professeur, dit-il à l'attention de son collègue, je vous laisse leur expliquer ?

— Oui oui. Il y a quelques jours, nous avons reçu un message du ministère nous demandant de vous sensibiliser sur un sortilège un peu spécial. Comme nous nous doutions que cela ne vous ferait pas plaisir de perdre du temps libre pour cette intervention, monsieur S... votre professeur de potion s'est porté volontaire pour que je fasse ma classe pendant son cours.

La seule chose que les élèves retinrent, c'est que le professeur Flitwick avait failli appeler son collègue par son nom de famille avant de se raviser.

— Nous allons parler du sortilège d'Amnésie, l'Oubliette.

Sous le choc, la respiration de Maeve se coupa comme si elle avait oublié de respirer. Draco resta bouche bée devant cette annonce, son cœur ratant un battement et Hermione se tourna vers sa cousine, inquiète. Quel besoin les professeurs avaient-ils de parler ce sortilège en particulier ? Maeve commençait seulement à aller mieux. Les poings serrés contre son corps, le blond jeta un coup d'œil discret à son ancienne petite-amie, les yeux pleins de regrets. Il détestait la mention de ce sortilège et il allait devoir faire comme si de rien n'était alors que la seule femme qu'il aimait et qu'il avait due oublietter se trouvait à côté de lui ? S'il n'avait pas été assis, ses jambes se seraient dérobées sous lui. Il n'avait qu'une envie, sortir de cette salle de cours qui lui parut tout à coup bien trop petite à son goût pour aller crier sa détresse et sa douleur aux arbres de la Forêt Interdite. Blaise regardait son meilleur ami blanchir à vue d'œil, inquiet pour lui et comprenant ce qu'il pouvait ressentir. Il pouvait presque entendre sa respiration saccadée d'où il se trouvait. Draco avait l'air sur le point de laisser exploser sa tristesse. Il ne se supportait pas à cause de ce qu'il avait fait subir à Maeve et dû détourner son regard de la brune pour qu'elle ne puisse pas remarquer à quel point il était désolé.

Maeve, quant à elle, se souvint qu'elle devait respirer quand elle commença à voir flou et à avoir des vertiges. Elle faisait de son mieux pour ne rien laisser transparaître de la tempête qui hurlait en elle. Ce sortilège maudit. Celui qui lui avait tout pris. À cause duquel elle était obligée de faire semblant chaque jour et qui lui avait fait perdre les derniers proches qui lui restaient. Si elle avait su de quoi parlait le cours d'aujourd'hui, elle serait restée dans le couloir et aurait trouvé un moyen pour que Draco reste avec elle. Elle commença à se ronger les ongles pour essayer de masquer son embarras. Les larmes lui montèrent aux yeux sans qu'elle ne les sentent arriver. Suivant le geste que Draco avait fait juste avant elle, elle détourna elle aussi la tête pour qu'il ne puisse pas la voir pleurer.

Bien qu'il n'en laissa rien paraître, le professeur de potions avait vu le petit manège de Draco et Maeve. Il voyait les larmes perler au coin des yeux de la brune et se retint de grimacer.

— Comme vous le savez, poursuivit le professeur Flitwick, chaque sortilège à son histoire. Est-ce que l'un d'entre-vous connaît celle du sortilège d'Amnésie ?

Il n'eut droit qu'à des réponses négatives. Harry regardait Hermione et Maeve les yeux pleins d'inquiétude. Il se doutait que cela pouvait être difficile pour elles.

— Ce sortilège a vu le jour il y a des siècles pour des sorciers américains. A l'époque, les prisons pour sorciers étaient surpeuplés et le Gouvernement cherchait un moyen de faire arrêter les meurtriers sans pour autant les mettre en prison. Un homme eut alors l'idée d'essayer de créer un nouveau sortilège qui faisait perdre la mémoire aux condamnés. C'est ainsi que naquit le sortilège d'Amnésie.

C'est ainsi que naquit le sortilège qui me bousilla la vie, corrigea mentalement Maeve.

Elle ne comprenait pas le besoin que le professeur avait de leur parler de ce sortilège à part de glisser une main géante qui écrasait son cœur à chaque battement. Elle agrippa le rebord de sa chaise dans l'espoir de calmer le flot de sentiments qui menaçait de l'envahir.

Draco ressentait exactement la même chose que son ancienne amante mais parvenait à le masquer mieux qu'elle. C'est ce qu'Hermione constata quand elle se retourna une énième fois pour vérifier que sa cousine allait bien. Apprendre le sujet du cours d'aujourd'hui l'avait déjà bien ébranlée, elle n'osait pas imaginer ce que ressentaient Draco et Maeve. Tous les deux n'écoutèrent pas le cours cours une fois que Flitwick fut parti de la salle, heureusement pour eux, ils n'avaient pas à fabriquer de potions aujourd'hui. La sonnerie annonçant la fin du cours retentit et ils s'appretèrent tous deux à partir quand...

— Miss Granger, miss Staneford, monsieur Malefoy, les interpella le professeur de potions. Vous viendrez dans mon bureau à treize heures précises. J'ai à vous parler.

Le jeune professeur vit le stress envahir les visages de ses trois élèves qui sortirent de la salle sans se faire prier. La seule qui obtenait son attention était Maeve, qu'il regardait avec des yeux remplis de nostalgie.

Ne jamais t'oublier ~ TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant