Chapitre 56 Fait à ton image

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Hermione savait qu'il y avait quelque chose d'anormal, Draco n'aurait jamais manqué un évènement pareil qui plus est dans son dortoir. Elle balaya plusieurs fois la pièce, la lumière tamisée floutait les visages, la musique était forte, les éclats de rire étaient omniprésents, Hermione s'y noyait.  Il était absent. Ron était parti rejoindre Harry et quelques Gryffondors qui buvaient en riant, noyée dans cette foule, Hermione eût un profond sentiment de solitude en ressentant son absence. Cela ne lui ressemblait pas mais depuis quelques temps, elle était plus attentive à lui, elle vérifiait régulièrement si tout allait bien, où il allait. . . Et ne pas avoir le contrôle de la situation la terrifiait. 

" Hermione tout va bien ? 

Blaise s'était rapproché d'elle, verre à la main, l'air inquiet.

- Draco n'est pas là, je pensais qu'il rentrerait ce soir. . .

- Il doit être parti rejoindre sa mère, il rentra demain au petit matin. Ce n'est pas anormal de sa part de se comporter ainsi. Voyant que ses mots ne faisaient pas l'effet escompté il rajouta. Ne doute pas de lui Hermione.

- Pourtant tout pousse à penser qu'ils nous évitent.

- Il a bien d'autre manière pour lui de nous éviter, il doit d'ailleurs être probablement sur le chemin du retour. Tu sais il t'aime, c'est un fait, même s'il a toujours été quelqu'un de froid et désinvolte envers ceux qu'il appréciait, ce collier est le preuve. S'il t'a offert un collier d'aussi grande valeur, qui plus est de la famille Malfoy."

Hermione prit le pendentif entre ses mains, elle se sentait d'avoir coupable d'avoir douté de lui, et encore plus après ces preuves. Il devait sûrement être occupé par des affaires de famille. 



Les néons éclairaient la petite pièce, donnant aux cheveux de Draco une couleur bien plus pâle que d'ordinaire. Il faisait froid, le carrelage blanc,  le métal de la chaise et de la table le faisait frissonner. Passant nerveusement la main dans ses cheveux, il ne pouvait rester statique, sa jambe elle aussi tremblait d'un geste frénétique. Les minutes s'écoulaient comme des heures et l'attente semblait de plus en plus interminable, il ne savait plus depuis combien de temps il était ici ; le silence froid fut brisé par l'arrivée d'hommes en noir, l'air grave qui s'assirent face à Draco. a force de répéter sa gorge était sèche, mais il devait obtempérer sans poser de questions.


La lumière du jour traversait la salle commune d'Hermione. La pièce était redevenue chaleureusement comme si rien de la veille ne s'était passé. les épais rideaux de velours avaient été tirés cependant dans la chambre de Draco, signe qu'il devait être revenu pour dormir. Pourtant il n'y avait aucune trace du Serpentard. Les doutes d'Hermione l'envahirent de nouveau, bien que Blaise fusse assuré sur les réelles raisons de son absence, Hermione ne pouvait pas ignorer son intuition. Mais la présence du Serpentard, ses vêtements dans la salle de bain encore emplie de buée et d'une douceur chaleur, et les draps défaits ne pouvait que confirmer les propos rassurants de Blaise : Draco devait probablement rattraper tous les entretiens de retard qu'il avait eût avec McGonagall ainsi que la remise des diplômes, et cela lui prendrait facilement la journée. En attendant de pouvoir le revoir, Hermione allait passer une journée en compagnie de ses amis dans le Parc. Ils avaient reçu l'autorisation d'y pique-niquer et la jeune femme attendait ce moment avec impatience. Le sourire d'Harry et de Ron, les éclats de rire de Ginny, l'air rêveur de Luna, l'odeur de l'herbe fraîchement coupée, la douceur du soleil sur leurs peaux ; Tout cela, et seulement cela, pouvait lui faire oublier ses doutes. Et ce mélange de sensation, le souvenir de ses amis en tant qu'étudiant qu'elle garderait précieusement, cette insouciance, la quiétude qu'elle avait tant voulu allait être la caractéristique de cette année. La solitude qui l'avait envahi ne pouvait que se dissiper au profit de la plénitude et du bonheur fugace qu'elle ressentait. C'était leurs derniers jours dans le château, ils avaient tous leur orientation et leur vie d'adulte n'était plus qu'à un pas et il était difficile pour les élèves de ne pas savourer pleinement ces instants. 


Pourtant ce n'était pas le cas pour Draco, Le jeune homme marchait à grand pas dans les couloirs sombres du ministère. Encadré par ces habituels hommes en noir, la nervosité montait jusqu'à atteindre son paroxysme. Etouffant dans les sous-sols dans lequel il était retenu par sa volonté indirecte, il n'aspirait désormais plus à un avenir radieux, ni même ensoleillé. Il ne savait pas si sa mère allait vivre, il ne savait pas si elle n'était pas déjà décédée. Il ne considérait plus ce qui allait être, il s'était résolu au néant de son existence, plus rien ne faisait sens.


La lumière du soleil baissait progressivement. Le groupe d'amis avait alors sorti leurs baguettes pour en tirer une source de lumière. Ajoutée aux lucioles, le cadre ne pouvait être plus bucolique. Mais tout comme la journée, les éclats de voix baissèrent jusqu'à ne devenir que des murmures : il était temps de rentrer. L'esprit abandonné à ses rêveries, Hermione avait exclu Draco de son esprit jusqu'au moment où elle se retrouva face au tableau. Ses doutes, ses peurs, inquiétudes affluaient ; elle espérait sincèrement le revoir pour lui apprendre son admission à Sainte Mangouste, ses aspirations, ses projets. . . Les mots de Blaise l'avait complètement rassurée, elle n'envisageait pas qu'il puisse lui cacher quoique ce soit. Lorsqu'elle entra, Draco était assis sur le canapé, un verre de whisky à la main, fixant l'âtre vide. 

" Draco ? Tu es enfin rentré ?

- Enfin ?

Il ne jeta aucun regard en direction d'Hermione, il se contentait de fixer le vide d'un air absent.

- Oui, tu n'as pas arrêté d'être absent ces derniers jours, tu n'as même pas été là pour ma remise des diplômes, je n'ai même pas pu t'annoncer que j'étais prise à Sainte Mangouste.

- C'est bien.

Hermione occulta tout autre aspect, elle était effarée devant ses maigres réponses vides de tous sentiments. 

- C'est bien ? Seulement bien ? Draco j'ai joué mon avenir ces derniers jours, je suis la meilleure élève que Poudlard ait eu. Et tout ce que tu trouves à dire c'est que c'est "bien" ? Tu ne penses pas que tu pourrais être un peu moins expéditif ?

- Et tu penses que tu arriverais à voir autrement que par toi ?

Draco avait lancé cette réplique cinglante sans sourciller, il restait à contempler le vide comme si la puissance de ses mots ne faisait pas sens en lui.

- Voir autrement que par toi ? Je me suis fait un sang d'encre à ton sujet, je me préoccupe toujours de toi. . .

- Par simple affection ou par intérêt ? Tu n'as juste plus de contrôle sur ce que je suis ou fait, c'est seulement ça qui te motive.

Hermione sentait le rouge lui monter aux joues, elle s'échauffait.

- Comment peux tu. . . 

Draco lui coupa la parole.

- Je sais que je ne suis pas fait à ton image, et que tu aspires à m'y rendre conforme. Mais toi aussi tu n'es pas faite pour la mienne. 

- Je ne comprends pas. . .

Hermione était complétement désarçonnée, Draco se leva face à elle et la fixa d'un regard froid. 

- Tu n'arrives pas à voir qui je suis vraiment, tu n'arriveras jamais à percevoir la vérité en moi. Tu ne cherches pas à le faire non plus, tu créer ta propre vérité et tu t'y conforme. Tu penses que j'ai besoin de toi pour avancer mais en réalité je n'aurai jamais besoin de toi, jamais. Nous ne sommes visiblement pas fait pour affronter toutes les épreuves.

- Draco qu'est ce que tu veux dire ?

Face à la porte, il ne lança aucun regard à la jeune femme qui avait à présent une voix plaintive, en proie à la panique. 

-J'ai toujours été seul, et aujourd'hui ne fera pas défaut. "

Il ferma la porte, laissant Hermione sans mots derrière lui. 



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