Chapitre 9

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*pdv Annabeth*

Quand elle claqua une dernière fois la porte derrière elle et qu'elle franchit les quelques pas qui l'éloigneraient définitivement de cette maison grise et terne, elle ressentit pour la première fois une sensation qui l'avait quitté depuis bien trop longtemps maintenant.

De la liberté !

Une liberté enivrante comme elle ne l'avait jamais ressenti auparavant. Une liberté qui vous ferez tout quitté. Une liberté qui vous direz de tout laisser derrière vous. Une liberté qui vous chuchoterez de courir sous la pluie en criant à tue-tête jusqu'à vous en casser la voix. Une liberté qui vous sonnerez de partir sans vous retourner. Une liberté qui vous laisserez entrevoir une multitudes de possibilités à portée de bras. Une liberté qui vous ferez pousser des ailes jusqu'au soleil.

Et c'était ce genre de liberté que Annabeth ressentait à cet instant précis.

Ses pieds accéléraient petit à petit dans la rue jusqu'à courir à un rythme effréné. Elle ressentait la douleur qui lui tordait la poitrine à chaque respiration laborieuse qu'elle gagnait contre le temps et l'espace. Le choc fulgurant du bitume dans ses genoux qui manquaient de lâcher à chaque secousse. Pourtant à ce moment précis, ses ailes étaient déployées et elle volait à travers le ciel.

Elle était enfin vivante !

Elle n'était plus l'ombre que son père jetait sur elle. Elle n'était plus le fantôme de la petite fille parfaite qui faisait tout pour lui plaire mais qui n'avait jamais réussis. Elle n'était plus le fardeau d'une famille de conte pour enfant. Elle n'était plus la cinquième roue du carrosse de cendrillon. Elle n'était plus la fille d'un premier mariage dont elle restait le dernier souvenir.

Elle était enfin Annabeth !

Sa valise dans une main, son portable brisé dans une autre, elle hurlait toute seul dans les rues de San Francisco. Les voisins réveillés par le spectacle devaient prendre pour une dingue cette drôle de jeune femme aux allures à moitié débraillées avec une veste à l'envers et une seule chaussure qui les empêchaient de dormir. Mais qu'ils la prennent donc pour une folle, qu'ils appellent aussi les flics tient.

Elle n'en avait plus rien à foutre !

Elle riait d'un rire nerveux transporté par ses émotions contradictoires dont les battements irréguliers de son cœur semblaient être le reflet. Son visage était encore baigné de larme mais la joie et la tristesse se confondaient dans ses yeux gris orageux. Son bonheur portait son lot de douleur mais elle était heureuse.

Elle était enfin libre !

Elle avait envie de hurler ses quelques mots à qui voudrait bien l'entendre. Mais ils restaient bloqués au fonds de sa gorge en furie. De toute manière, elle ne semblait en aucune mesure capable de formuler une phrase correcte ayant le moindre sens. D'ailleurs heureusement pour elle, sinon c'est pas les flics que les voisins auraient appelé.

C'est l'hôpital psychiatrique !

La blonde tournoyait seule dans les rues désertes dansant sous les airs d'une mélodie qu'elle seule semblait entendre. Le ciel était gris orageux comme ses yeux et il bruinait légèrement contre son visage mais la météo ne semblait n'être aucunement capable de briser l'état d'euphorie de la jeune femme. Sa raison l'avait définitivement quittée en même temps que ses chaines invisibles qu'elle avait enfin décroché. Ces chaines qui la retenaient depuis si longtemps dans cet endroit de malheur.

Adieu !

Sa famille ne voulait plus d'elle ? Plus rien à faire ! Qu'ils aillent se faire voir, elle n'avait pas besoin d'eux. Ils n'avaient jamais été présent quand elle en avait eu besoin. Ils n'avaient jamais daigné lever les yeux vers elle même quand elle avait été accepté à Olympia. Ils n'avaient jamais séché ses larmes quand silencieusement elles inondaient ses joues. Ils n'avaient jamais été une famille pour la petite fille qu'elle avait été. De toute manière, cela faisait longtemps qu'elle Annabeth Chase n'était plus une Chase.

Et c'était surement mieux ainsi !

Alors elle partait ou elle fuyait, comme vous le déciderez. Elle quittait cet endroit maudit qui ne l'avait jamais accepté. Elle quittait son passé, ses larmes, ses pleurs. Elle quittait la solitude qui la rongeait quand elle rentrait dans cette maison. Elle quittait le souvenir de sa mère qui l'avait forcé à rester.

Elle partait enfin !

Elle ne savait aucunement si l'avenir serait à la hauteur de ses exigences. Elle ne savait pas si les obstacles qui se tenaient devant elle, seront plus petit ou plus grand que ceux qu'elle avait déjà surmonté. Elle ne savait même pas si elle aurait la force d'aller jusqu'au bout du parcours. Mais c'est toujours plus facile d'avancer quand on n'a pas de boulet au pied.

Elle était libre !

Elle monta dans l'avion qui la ramènerait là où était sa vraie place : New-York. Elle retournait voir sa vraie famille ; ses amis. Ceux qui l'avaient soutenu durant les années noirs de lycée. Ceux qui lui avaient tendu la main quand plus personne ne voulait le faire. Ceux qui n'avaient rien lâché quand la blonde avait coulé. Ceux qui l'avaient remonté à la surface quand elle s'était noyée dans ses propres regrets. Ceux qui ne l'avaient jamais jugé même quand elle avait essayé de se suicider. Ceux qui l'avaient épaulé quand elle remontait doucement la pente. Ceux qui la tenaient toujours pour éviter qu'elle rechute. Ceux à qui finalement elle devait la vie bien plus que sa soi-disant famille.

Ces amis étaient des spécialistes en la matière, on peut l'affirmer. Certains auraient pu se demander d'où venait leur amitié si étrange née entre des personnes si différentes aussi bien physiquement que mentalement. Ils étaient comme des paumés qui c'étaient finalement trouvés. Chacun croulait sous son lots de remords et de regrets mais en les portant tous ensemble alors ils deviennent plus léger. Et quand les chaines d'un devenaient trop lourde à supporter alors on les cassait à coup de marteau. On brisait la carapace à grand coup de claque s'il le fallait mais on n'abandonnait jamais.

Toute cette loyauté qui les soudait malgré les épreuves, il ne l'a devait qu'à une seule personne : Percy Jackson. C'était qui avait instauré les vraies valeurs de l'amitié qui les unissaient tous aujourd'hui. C'était lui le premier à avoir redonné confiance à Grover quand celui-ci était prêt à abandonner tous ses rêves de gamins. C'était lui le premier à avoir permis de montrer à Clarisse un petit bout d'étoile alors que celle-ci ne voyait plus que du noir. C'était lui le premier à avoir donné à Thalia une maison et une famille alors que celle-ci nan avait plus depuis bien trop longtemps. C'était lui le premier à avoir accueilli à bras ouvert les orphelins Di Angelo alors que ceux-ci étaient seuls dans ce monde de fou. C'était lui le premier à avoir offert le pardon de la terre entière juste en écoutant Zoé alors que celle-ci ne s'était pas pardonnée à elle-même. C'était lui le premier à avoir déchainé Calypso de sa famille violente et abusive alors que celle-ci était incapable de le faire. C'était lui le premier à avoir trouvé le courage de Charles alors que celui-ci était bien trop timide pour oser aimer. C'était lui le premier à n'avoir gardé aucune rancune à Silena alors que celle-ci se sentait plus que coupable de sa trahison.

Enfin c'était lui qui avait pris les coups de sa belle-mère à sa place alors qu'elle ne se défendait pas. C'était lui qui s'était interposé quand un soir, alors qu'elle était fortement alcoolisée, elle avait frappé Annabeth au visage. Le garçon avait fait barrage avec son corps et il était « tombé accidentellement » dans les escaliers plusieurs étages plus bas. En tout cas, c'est ce qu'avez dit sa belle-mère ce soir-là aux policiers et son père l'avait bien-évidemment soutenu. C'est ce jour que Annabeth avait décidé de partir faire ses études à New-York loin de sa famille.

Alors c'était décidé ! Elle le ferait ! Malgré le passé, malgré tout ce qu'il avait pu avoir entre eux, malgré la colère qu'elle ressentait encore à son égard, malgré son abandon, Annabeth sauverait Percy des griffes du désespoir. Vous savez pourquoi ? Parce que on ne tourne jamais le dos à la famille même si elle le fait.  



Une famille ne se juge pas au sang ! 

Bonne lecture ! 

Sorry Annabeth (Percabeth AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant