Chapitre 1 : la fin de ma première vie

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 J'en ai marre du lycée où les profs nous harcèlent de devoirs et de questions sur le futur. J'en ai marre du bus où on est collé-serré et où il est impossible de sortir sans s'excuser d'avoir marché sur les gens. J'en ai marre de Sarah, ma meilleure amie, qui passe son temps à me raconter sa vie et à être gentille. J'en ai marre de ma mère et de ses tâches ménagères, de mon père au chômage depuis 3 mois, de Jean, mon grand frère parfait avec seize de moyenne dans sa fac de médecine, de mon chien qui aboie à la seconde où je passe la porte.

J'en ai marre de ma vie.

J'aurais dû commencer directement par cette phrase, c'est tellement plus rapide.

[6h39]

Le réveil a sonné depuis neuf minutes mais je suis toujours sous ma couette.

Rien de mieux que la solitude accompagnée d'un oreiller. Pourquoi le lycée existe ? On doit se lever tôt, suivre des heures de cours pour au final rentrer chez nous et faire quoi ? Et bien encore travailler tiens.

J'entends ma mère en bas, déjà levée et prête pour aller au travail... Tout le contraire de moi.

- Bon Emma tu es levée ? Le petit déj' est prêt !

Aaaaah Emma ce prénom tellement simple et courant. Même mon prénom m'énerve.

- Moui bon j'arrive ! lui crié-je.

Au final, la vie c'est le même enchaînement d'emmerdes, encore et encore... On se lève on bosse et on se couche.

Je m'habille avec ce qui me passe sous la main : jean troué, tee-shirt noir trop grand et chaussettes sales qui ne sont même pas de la même couleur.

Je descends, je m'assois, je mange. Ma mère en train de faire la vaisselle. Mon frère à l'internat. Mon père qui pionce. Et le chien qui bave à côté.

- Emma, combien de fois je dois te dire de mettre tes affaires dans le bac à linge que je puisse les laver ? Regarde avec quoi tu t'habilles ! Je n'ai rien contre ton style vestimentaire mais tu pourrais au moins mettre des affaires propres !

- Mais c'est quoi ton problème ? Je mets ce que je veux, me saoule pas !

Je me lève et je monte dans ma chambre. Au fond, qu'est-ce que ça change qu'on soit propre ou sale ?

J'attrape mon sac et j'y balance mes cahiers d'aujourd'hui : maths, anglais, français, histoire, sciences politiques et physique-chimie. Une lanière sur une épaule, j'attrape mon casque de musique, mon téléphone et je descends les escaliers en sprint, avant de sortir de la maison en courant et en laissant la porte ouverte. Pas envie de revoir ma mère maintenant. Plus jamais en fait.

[6h52]

J'arrête de courir quand j'arrive à l'arrêt. A cause de ces conneries j'ai vingt minutes d'avance. Maman tu me saoules !

Je mets mon casque, active le bluetooth et c'est partie pour ma playlist de blues (bien déprimant). Le bus arrive à 7h13. Depuis quelques temps je prends les premiers bus, où il y a moins de monde. Ça fait du stresse en moins.

[7h15]

Enfin ! J'ai l'impression que les bus ont toujours du retard. Je monte, et que vois-je ? Une place assise ! Le rêve dans un bus de ville. Je m'assois. La personne à côté de moi me regarde comme si j'étais un parasite. Je lui envoie un regard du style "ça me plaît pas non plus d'être assise à côté de toi bouffon". Victoire du duel de regard, il tourne la tête et regarde la fenêtre.

[7h23]

Et me voilà enfin à l'arrêt le plus proche du lycée. Enfin le plus proche, ça reste à cinq minutes de marche. J'ai mal aux pieds rien que d'y penser.

Moi quand je me réincarne en chatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant