Chapitre 1.

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  Encore une fois, je me demande à quoi on pense quand on est soit disant normale. Pense-t-on à sa famille ? Ses amis ? Son futur ? 

  Parce que moi, je m'inquiète beaucoup plus pour les autres que pour moi même. Si je devais me décrire, je dirais que je suis inutile, grosse, horrible, méchante.  Inutile dans le fait que je n'ai rien fait de particulier dans ma petite vie minable pour avoir encore une raison de vivre. Grosse dans le sens où à force que les autres te le disent, tu commences à le penser à ton tour. Horrible dans le fait que je suis d'une laideur inhumaine. Sachez juste une chose: si une personne vous dit "T'es moche" et deux secondes après, elle te dit qu'elle rigole, c'est complètement faux. Parce que, si c'était faux elle aurait autre chose sur lequel plaisanter avec vous. Enfin, bref. Et méchante dans le fait qu'il semblerait que je sois limite une garce avec les autres.

  Je pense que je devrais expliquer comment je suis devenue quelqu'un d'aussi faible et seule en l'espace de quelques mois à peine. Bon, alors pour commencer, je dois expliquer que je suis en surpoids depuis plusieurs années et savoir comment ça s'est dégradé. Alors, l'histoire débute à partir de la maternelle. A cause de problèmes capillaires, j'ai dû me faire raser les cheveux et vous savez comment sont les enfants entre eux. Ils sont méchants. A cause de cette nouvelle tête, je me suis retrouvée seule. Après, j'ai un trou noir jusqu'à ma première et deuxième année de primaire. J'avais de bonnes petites joues et un petit ventre qui resortait de temps en temps mais ça a de l'importance quand on a à peine six ans ? Je me rappelle des récréations que je passais seule, à regarder les autres jouer et rire. Assise sur un banc ou par terre, je les observais en souriant. Je souriais toujours d'après ma mère. L'année suivante, j'avais réussi à me faire deux amies. Cela se passait bien mais sans aucune raison apparente, je devais passer ma récréation en compagnie de deux brutes de mon âge tout en recevant quelques coups de pieds ou de poings. ça dépendait des jours. Je me souviens particulièrement d'une journée où le coup avait été tellement fort que j'ai failli m'évanouir. Je me demande encore comment une enfant peut subir ça et en plus, s'en rappeler. Et puis quelques mois après, j'ai avoué ça à mes parents malgré que je croyais que c'était normal pour une enfant de se faire frapper. Ensuite, par chance, ça s'est arrêté. Encore un trou de mémoire. Ah si, je me rappelle aussi que à la fin de cette année-là, j'ai été à nouveau abandonné par mes soi-disant deux amies. Bon, l'une a dû déménagé et l'autre, je sais pas pourquoi elle n'est pas revenue vers moi. Enfin bref, étant à nouveau seule et fatiguée, j'ai dû trouver une nouvelle occupation, un loisir. Malheureusement pour moi, je n'ai pas pris le bon. Devenir boulimique à l'âge de huit ans est loin d'être facile à porter. Je me rendais pas compte du poids que j'avais pris. Bon, j'avais aussi arrêté le sport que je pratiquais, le karaté. J'adorais ça mais je n'avais plus le courage de continuer vu que j'avais perdu la dernière compétition. Prendre en environ cinquante kilos en cinq ans, ça pique. ça pique vraiment. Je recevais des insultes, des moqueries mais j'en avais tellement l'habitude que ça me faisait plus rien, presque. J'ai continué à m'engraisser au fur à mesure des années. J'avais terminé mes années de primaire et je venais d'entrer au collège. Je lisais beaucoup et j'étais toujours un peu solitaire malgré que je m'étais liée d'amitié avec une fille de ma classe. Elle était spéciale mais pourtant, on a eu une putain de complicité. On était un peu comme les meilleures amies du monde. Un an après, on s'était un peu séparées. Je m'étais faite de nouvelles amies et elle aussi. J'avais des notes correctes et je n'avais rien à me reprocher. Cette année était peut-être la plus calme de toutes. La dernière avant l'apocalypse. 

L'appel.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant