Chapitre 2.

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C'était l'été 2013. J'allais avoir treize ans et je passais mes vacances auprès de ma famille. Je pesais environ 90 kilos pour 1 mètre 40 à peu près. Avec mes tantes et mes cousines, nous sommes partis passer un après-midi au bord d'un lac. J'avais mon maillot de bain même si je ne voulais pas nager. Il y avait beaucoup trop de monde. Ma petite cousine m'avait supplié d'aller dans l'eau avec elle et j'ai cédé. Visiblement, je n'aurai pas dû. Je me suis déshabillée avant de relever la tête pour voir qu'une bonne parti des gens me regardaient de haut en bas. Ils me regardaient et je les regardais à mon tour. Je les regardais avec incompréhension alors que eux, ils se moquaient de moi intérieurement. Et là, j'ai eu comme un déclic. J'ai fixé la belle blonde au ventre plat devant moi, puis j'ai baissé les yeux vers mon ventre avant de me promettre de tout faire pour ressembler à cette belle jeune femme. Début août, je suis rentrée chez moi, dans ma maison en compagnie de mon chat. J'ai commencé à me peser tous les jours et au bout d'une semaine de torture devant le miroir, j'ai pris les choses en main. J'allais testé la restriction alimentaire. Et le pire, c'est que ça marchait. J'avais perdu sept kilos en deux semaines à peine. J'étais persuadée d'avoir grossi alors je mangeais encore moins. Maman l'avait remarqué mais elle ne disait rien, encore. Plus la fin des vacances approchaient, plus j'angoissais pour la rentrée. Malgré ça, le début de l'année se déroulait assez bien. J'étais tombée amoureux d'un garçon. Je pensais que tout irait à nouveau bien pour moi. Mais, fin octobre un jour en rentrant des cours, ma mère m'a dit qu'on devait aller voir d'urgence mon oncle, malade d'un cancer depuis plusieurs mois. Sa maladie était horrible. Il souffrait tellement que j'en avais mal pour lui. Et puis le 7 novembre 2013, je rentre à la maison et je vis ma mère en pleurs avant de comprendre. Il était parti. Je crois que j'avais jamais autant pleuré de ma vie. Son enterrement restera une des journées les plus terribles à mes yeux. Personne peut vraiment savoir à quel point il me manque. C'est lui qui me faisait sourire ou même rire quand je pleurais. C'était un peu comme mon deuxième papa en quelque sorte. J'étais tellement persuadée qu'il allait guérir que j'étais tombée des nues. Une fois revenue à la maison, je suis rentrée dans une profonde tristesse. Quelques jours après, j'ai commencé l'automutilation. Je suis passé de la paire de ciseau, au compas puis au rasoir. Je le faisais tous les jours pour me rappeler à quel point j'étais immonde. Malheureusement, un jour, ma mère a tout découvert. Je crois que je ne l'avais jamais vu autant pleuré de toute ma vie. Et encore une fois, je me suis sentie extrêmement coupable de lui faire subir ça.

On était en 2014. Après que ma mère m'est surprise entrain de me couper les bras, je suis allée voir une psy. D'après elle, j'étais dans une très profonde dépression depuis plus d'un an. Je prenais des antidépresseurs et des somnifères. Et pourtant, je me sentais toujours aussi déprimée et fatiguée.

Cette année-là, a été la pire de toutes. Plus les jours passaient, plus je me sentais vide, inutile. Comme si mon état empirait à chaque instant. Je me sentais également très seule. Mes pires moments de solitude n'étaient pas lorsque j'étais dans mon lit, à déprimer. Oh non. On peut ressentir la solitude que lorsque qu'on est coincée dans une foule, entourée de cent personnes que l'on connait même pas. 

C'est vraiment horrible de se dire qu'on a plus envie de vivre. Que chaque nouvelle journée est comme un enfer. Que je m'en vais vers ma propre destruction alors, que je n'ai absolument rien demandé. Mais, le pire, c'est d'imaginer sa propre mort. S'imaginer sur la rembarde glacée d'un pont, tout en regardant les voitures passer. S'imaginer entrain d'avaler des dizaines de pilules quelconques avec un peu d'alcool, puis fermer les yeux avant de partir vers une profonde et éternelle obscurité. S'imaginer entrain de se couper les veines, voir le sang couler à flot, puis tout simplement s'arrêter de respirer. Pour de bon. Bordel. J'aime ces rêves. Ils semblent tellement réels parfois. Mais, je suis tellement faible que je n'ai pas la force de tenter ça. Je m'en veux d'avoir laisser passer ce genre de choses quand j'étais seule, à la maison. Putain que je m'en veux.

L'appel.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant