Une foule intense s'emmêle, s'en va, se rejoint, se disperse.
-Assis sur un banc, voilà tout ce qu'il me reste, un banc qui ne m'appartient même pas ... Un banc dans cette ville que je ne connais pas, un banc froid, en pierre et en bois, avec un peu de mousse sur l'assise... Mais un banc au soleil.
Passant devant lui sans le regarder, un renard portant un chapeau bleu.
-Un jour, j'ai vu la lune. Ce jour là, j'ai découvert tant de chose, j'ai découvert la liberté mais aussi la prison, personne ne peut fuir, personne ne peut être libre, voilà tout ce que j'en sais... Mais je sais que nous pouvons nous battre, pour un lendemain et pour un hier...
Un homme bedonnant passe devant lui sans un regard, il porte sur sa tête dégarni un chapeau bleu.
-Nous sommes des animaux.
Un autruche s'arrête devant vous.
-J'AI ENVIE DE HURLER, DE CRIER, DE PLEURER ET DE RIRE. DE VIVRE MA VIE COMME CETTE MÉLANCOLIE HEUREUSE ET ME BATTRE ...
L'autruche s'en va avec sur sa tête un chapeau bleu, elle ne vous regardera plus
-Toi aussi tu m'abandonnes, comme je l'ai abandonnée... J'avais tant espéré que ces quelques fleurs, ces quelques mots me fassent revenir l'ensemble de ses rires... Pourtant elle est partie avec toutes ses affaires...
Un homme passe avec un chariot, un chapeau bleu en tombe.
-Aaaaaaaargh, non je ne veux pas... JE NE VEUX PAS.... Pourquoi je pleure, si j'y vais je vais pouvoir la rejoindre, ma fille, ma femme, mon amant, mon père... Je vais pouvoir te rejoindre... Mais je ne peux quitter le banc, pas maintenant, pas si près du but...
Le vent se lève emportant le chapeau au loin, il tombe à l'eau. Vous partez un chapeau bleu sur le front.
-Voilà, loin de moi, loin du cœur et de la pensée... Moins de l'esprit et plus de liberté...
...
Je regrette si j'y étais allé...
...
Si je les avais rejoints...
...
Alors je ne serais plus moi...
Le banc brille au soleil, une grotte de crépuscule diffracte les raies offrant au monde un arc-en-ciel de vie.
