chapitre 3

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28 mai 2018, Stade de France

Contrairement à ce que l'on pourrait penser l'ambiance dans les vestiaires n'est pas si tendue que ça pour ce premier match amical . En effet les joueurs rigolent , discutent et écoutent de la musique via l'enceinte de Presnel . Comme à l'habitude.

Durant mes quelques jours déjà passés avec l'équipe , j'ai pu pas mal sympathiser avec Lucas , Kingsley ,Paul ,Antoine et Hugo . J'ai fait la connaissance avec Raphaël Varane et pleins d'autres . Ils sont tous incroyablement accueillants . Malgré cela je ne peux pas en dire autant de Pavard , il ne m'a pas adressé une seule fois la parole en ma présence , me regarde vraiment bizarrement .Enfin bon je ne vois pas pourquoi je m'en soucierais car il a quand même dit ouvertement qu'il ne voulait justement pas que je sois là.

Je viens de finir de discuter avec Guy Stephan , l'entraineur adjoint des Bleus lorsque Lucas vient se poster devant moi , en maillot de match .

-Alors qu'est-ce que t'en dit ,j'ai pas la classe ?

-Ah si si, à fond ! répondis-je.

Il passe son bras autour de mes épaules avec son air malicieux et balaie sa main dans tous les vestiaires .

-Moi je dis t'es quand même privilégiée , t'as vu la vue que tu as sérieux , dit il un peu trop fort à mon goût .

-Mais chut , t'es malade , je suis pas là pour ça ,rétorquai-je en enlevant son bras et en rigolant gênée.

-Mmmh y' en a pas un t'es sûre ? me questionne-t-il de plus belle

Mon regard passe dans la salle pour montrer que je gère et que je ne suis vraiment pas là pour ce genre de choses . Trop facile de toute faço- Mes yeux se stoppent sur Pavard , son torse est comment dire , je n'ai pas les mots , il cache bien son jeu . C'est pas possible. Je dois certainement faire une tête très bizarre à ce moment là.

- Oui et bien , vous êtes tous , avantagés physiquement hum..

- Marie t'es cramée dans le sens propre et figuré , hasta luego ,me lance-t-il avant que je puisse me justifier .

Et mince , je suis si peu discrète que ça ? Je souffle un bon coup . Je sens les problèmes venir vers moi à une vitesse phénoménale . Il fallait forcément que mon regard s'arrête sur le SEUL qui ne m'apprécie pas . Génial . 

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Les Bleus sont à présents plus calmes et attendent l'un derrière l'autre l'ordre de rentrer sur la pelouse fraichement tondue . On entend les spectateurs chanter et encourager leur équipe respective .

C'est impressionnant ,j'ai toujours eu l'habitude de regarder leurs matchs depuis les gradins en hauteurs mais là pour le coup c'est eux qui me surplombent . C'est une sensation indescriptible de réaliser un rêve d'enfant .

Les joueurs avancent enfin sur la pelouse , je souhaite bonne chance à tout le monde et vais m'asseoir sur les sièges prévus à l'effectif restant de l'équipe . Je suis si près du terrain verdoyant .

Des milliers de drapeaux français se lèvent et se secouent dans tous les sens . Le bleu, le blanc , le rouge emplissent majoritairement les tribunes .Magique .

L'hymne irlandais passe et c'est au tour de La Marseillaise qui retentit dans tout le stade . Les joueurs se mettent à chanter ensemble , le visage droit et le regard sérieux . Plus rien ne semble les perturber .

Le coup d'envoi est lancé . Je suis assise avec les joueurs non titularisés pour ce match , c'est à dire un peu près tous les principaux . En effet Didier Deschamps veut éviter que l'un d'entre eux se blesse avant le départ pour Istra en Russie .

C'est ainsi que je me retrouve aux cotés de Hugo et Antoine juste derrière Lucas et Benjamin .

Durant le match , une pluie torrentielle s'abat sur nous  , les joueurs glissent en éclaboussant partout . Impossible de voir vraiment bien mais  les français ont l'avantage sur toute la durée du match. C'est rassurant, ils sont bien préparés , espérons que ce soit pareil dans quelques jours .

J'observe attentivement pour pouvoir travailler un peu dans le bus sur le chemin du retour .

Coup de sifflet final . La victoire est pour les Bleus grâce à des buts de Olivier Giroud et Nabil Fekir .Je suis vraiment très contente pour eux . Tout le monde rentre aux vestiaires pour débriefer et pouvoir s'améliorer par la suite .Didier donne un rapide discours  motivant  et les joueurs mangent un peu avant de se rhabiller .

Je prends bien soin de me placer cette fois-ci , dans un coin du vestiaire et je baisse les yeux sur mon téléphone . Au moins Lucas ne pourra absolument rien dire . D'ailleurs j'espère qu'il n'a déjà rien dit . Je marque quelques notes à ne pas oublier afin de mener à bien ce pourquoi je suis ici . Quelques habitudes des joueurs, le plan de Clairefontaine et les dates importantes à venir . Je ne voudrais pour rien au monde rater mon travail . Il faut donc que je fasse mes preuves .

Quelques minutes plus tard nous voilà dans le bus qu nous ramène au centre d'entrainement . Je me glisse à l'avant sur un siège côté fenêtre et ouvre mon ordinateur afin de transférer certains de mes fichiers et de m'organiser . Tiens, il faut aussi que je retienne le nom du personnel pour que je puisse aller les interroger eux aussi . Quelqu'un vient se poser à côté de moi . Antoine .

-Marie , Marie, voyons alors tu te plais ici ,me demande le numéro  7

Bizarre .Ça sent la question piège .Non ?

-Oui c'est vraiment super même si j'ai pas encore commencer à travailler, c'est cool de se retrouver dans les coulisses de l'équipe .Même si je t'avouerais que je continue de stresser un  peu ..

-Je vois , je vois,lance-t-il avec un sourire aux lèvres ,et c'était bien ce soir ?

Oh non mais sérieusement la honte . Je vais pas m'en sortir si tout le monde est au courant . En plus j'ai rien fait de mal , j'ai le droit de trouver quelqu'un de mignon , c'est légitime et ça arrive tous les jours . Pas de quoi en faire tout un plat .Mignon mais ça va pas du tout, je suis malade ?

Je ne réponds pas et retourne à mon portable pour faire comme si de rien était .Essayant de garder un visage pour le moins normal .Les garçons se chambrent tour à tour et je rigole à certaines de leurs blagues mais rien de plus . Le bus s'arrête  devant le centre et tous les joueurs descendent du véhicule . Malgré une soirée mouvementée je vais pouvoir enfin aller me coucher sans autres encombres .

J'arrive à la porte de ma chambre et Antoine passe à côté de moi et murmure :

-C'est pas comme si ça allait le déranger de toute façon .

Ma porte se referme ,me laissant seule avec l'interprétation de cette phrase . A ce moment là  je voulais rétorquer quelque chose mais aucun mot ne sortait de ma bouche sous l'effet de ce que je venais d'entendre .

Un rire nerveux  s'échappe finalement .

you and me | benjamin pavardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant