Bokuto courrait aussi vite que le lui permettaient le lourd sac qu'il portait sur le dos et la longue pochette qu'il tenait sous son bras. Il devait se dépêcher s'il ne voulait pas être en retard pour son cours de dessin. Le jeune homme percuta que...
Le weekend lui avait semblé interminable. Il avait essayé de se changer les idées en faisant un peu de sport et en sortant dessiner dans le parc près de son appartement, mais rien n'y avait fait : Bokuto était vraiment, vraiment, déprimé. Il avait eu Kuroo au téléphone et avait été heureux d'apprendre qu'il avait passé une bonne soirée en compagnie de Kenma. Il était reparti avec son numéro de téléphone et ses coordonnées pour jouer en ligne. Bokuto gardait cependant le moral dans les chaussettes. Pas des chaussettes toutes propres qui sortent de la machine à laver, mais des chaussettes dignes d'une fin de match de volley.
De retour sur le campus, Bokuto tenta tant bien que mal de faire illusion auprès de ses camarades de promotion. Il souriait, discutait, plaisantait, mais les autres n'étaient pas dupes. Le décoloré était habituellement comme une boule à facettes dont la lumière irradiait tout autour de lui. Là, il ressemblait plus à un vieux réverbère en fin de vie, clignotant irrégulièrement au fin fond d'une ruelle déserte.
Lors de la pause du matin, il s'isola sur l'une des terrasses en hauteur qui faisaient la réputation du campus. Elles étaient toujours bondées quand les beaux jours arrivaient, mais quand le ciel d'automne était gris et menaçant, les étudiants préféraient se réfugier à la cafétéria. Bokuto était seul, c'était ce qu'il cherchait. Il sortit de son sac un bloc de feuilles simples et un stylo et dessina la seule chose qui hantait son esprit ces derniers temps : Akaashi. Un dessin du jeune homme dans une pose lascive naquit bientôt sur le papier. Le brun était représenté assis sur un fauteuil, les jambes écartées. Sa main droite était posée sur son torse, encore couvert d'une chemise dont les premiers boutons étaient défaits, tandis que sa main gauche agrippait l'intérieur de sa cuisse gauche nue. Il se mordait la lèvre inférieure, son regard était fiévreux.
Quand il eut terminé, le jeune homme soupira longuement puis posa son dessin à côté de lui, le temps de ranger ses affaires dans son sac. Mais Bokuto restait Bokuto : il n'avait pas songé au fait que le temps était devenu de plus en plus menaçant et que le vent avait petit à petit gagné en intensité. Il n'avait pas pensé une seule seconde que cette feuille sur laquelle il avait réalisé un dessin lascif d'un étudiant du campus pouvait s'envoler bien trop vite et bien trop loin pour qu'il ait le temps de la rattraper. Le portrait d'Akaashi fut emporté par le vent et Bokuto se maudit d'être aussi gaffeur. C'était embarrassant de savoir que quelqu'un pouvait potentiellement voir ce portrait d'Akaashi, le brun allait peut-être en faire les frais et Bokuto s'en voulait un peu. Heureusement qu'il n'avait pas signé son œuvre. Personne n'allait savoir qu'il était à l'origine de ce dessin. Il allait bien évidemment chercher son dessin, il ne voulait pas mettre Akaashi dans une mauvaise posture. Il espérait simplement être le premier à tomber dessus.
C'était sans compter sur le jeune étudiant aux cheveux blonds et un peu longs qui passait par là et dont le regard fut attiré par une feuille blanche échouée au milieu du passage. Il la ramassa et eut la surprise d'y découvrir un portrait particulièrement sensuel de son ami et camarade de promotion. Il fourra la feuille dans son sac et reprit sa route, toujours dans sa démarche nonchalante, afin de gagner l'amphithéâtre dans lequel il avait cours.
En pénétrant dans la salle, il repéra rapidement Akaashi sur la troisième rangée, en train de lire comme à son habitude, et monta les marches afin de le rejoindre. Il s'assit à côté de lui et commença à fouiller dans son sac.
- Bonjour Kozume-san.
- Bonjour Akaashi. J'ai trouvé un truc intéressant en venant, regarde.
Il sortit le dessin de son sac et le fit glisser vers Akaashi qui posa doucement son livre en prenant garde de ne pas perdre la page à laquelle il était arrivé. Un léger sourire apparut sur ses lèvres quand il découvrit son portrait. Il en reconnut aussitôt l'artiste et son sourire s'agrandit quelque peu. Kenma sembla lire dans ses pensées.
- Tu crois que c'est lui ?
- J'en suis certain.
- Il a un joli coup de crayon.
- C'est vrai, Bokuto-san est doué.
- Tu sembles l'inspirer en tout cas.
- J'espère bien.
Akaashi rangea soigneusement le dessin dans son propre sac et reprit sa lecture tandis que Kenma profita des quelques minutes avant l'arrivée du professeur pour jouer sur son téléphone. Akaashi ne lisait pas vraiment. Il réfléchissait plutôt à la façon dont il allait pouvoir approcher Bokuto. Ce garçon l'intriguait et il avait bien remarqué, avant même de voir son dessin, qu'il ne le laissait pas indifférent.
Quand Bokuto était tombé sur Akaashi et son modèle, le brun avait bien remarqué la façon dont il le regardait. Ces yeux trahissaient sa peine mais aussi son envie et Akaashi n'avait pas pu détacher ses prunelles de son regard doré et remplit de lubricité. Il avait presque espéré que le décoloré les rejoigne. Cependant, une morsure plus appuyée sur son cou de la part de son amant du moment l'avait fait sourire et Bokuto était alors sorti de sa torpeur puis avait fait demi-tour. Plus tard, Kenma lui avait appris que Bokuto avait été perturbé par ce qu'il avait vu. Le petit blond s'était en fait entiché du meilleur ami du dessinateur et Akaashi avait pu avoir quelques informations le concernant, comme son nom, son prénom ou encore sa situation amoureuse. Il avait également appris que ce garçon le cherchait depuis quelques temps, il s'était senti flatté.
Akaashi sortit de ses pensées quand son professeur entra dans l'amphithéâtre et prit place sur l'estrade. C'était un étudiant particulièrement appliqué, aussi rangea-t-il l'affaire Bokuto dans un coin de sa tête afin de se concentrer sur le cours. Cependant, même s'il écoutait attentivement les dires du professeur, une idée germa dans son esprit. Idée qui grandit, se développa puis finit par fleurir révélant tout son éclat : le cours de dessin était l'endroit parfait pour rencontrer Bokuto, et Akaashi savait parfaitement comment s'y glisser.
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Hey !
On se retrouve avec un Bokuto qui s'est mis dans une sacrée situation. Comment Akaashi va-t-il se débrouiller pour s'incruster dans le cours de dessin ?
Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous a plu.
