Au milieu d'un paysage de désolation, au cœur d'un champs de bataille déserté, deux jeunes hommes allongés picolaient en regardant la Terre s'effriter.
Au dessus d'eux, Tomura Shigaraki s'employait à réduire le monde à néant. L'énorme boule d'énergie qui gangrénait le ciel et happait, petit bouts par petit bouts, atomes par atomes, ce qui formait originellement la croûte terrestre, témoignait de la réussite imminente de son entreprise.
Les adolescents ressassaient leurs souvenirs communs en riant, tout en se noyant dans les bouteilles qu'ils avaient réussi à dénicher dans une supérette abandonnée lorsqu'ils avaient compris que le combat était terminé et qu'il n'y aurait pas de vainqueur. Seulement des perdants.
- Kacchaaaan ! interpella le petit vert dans un râle, ses pommettes tâchetées rosées par l'alcool précédemment ingéré.
- Qu'est ce qu'il y a Deku de mes deux ? gloussa le blond lui aussi grisé sous l'effet de la boisson qui lui déliait la langue et le rendait plus spontané face à la source de ses questionnements perpétuels.- Je t'aime.
Silence.
Il s'arrêta immédiatement de rire.- Hein ?
- Je t'aime. D'aussi loin que je m'en souvienne, je crois. Je n'ai plus rien à perdre alors je peux te le dire maintenant. Plus de risques, plus de -
- Quoi ? s'étrangla le cendré dans un sanglot. Il se redressa brutalement et attrapa l'autres par les épaules avant de le secouer dans tous les sens. Alors c'est ça que je suis pour toi depuis le début ? La caution « plus rien à perdre » ? Le mec à qui tu seras infoutu d'avouer quoi que ce soit avant d'être aux portes de la mort ? « Deku », le héros qui donne du courage ! Il rit jaune. C'est bien la meilleure ! Tu donneras du courage quand t'en auras une once imbécile de nerd ! Bon à rien ! Un putain de bon à rien c'est tout ce que tu seras resté jusqu'au bout ! Tu voulais te la jouer romantique ou je ne sais quelle connerie ? Après tout, ça aurait quand même été trop con qu'on puisse être heureux ensemble quelques temps. C'est pas romantique ça Deku. Juste douloureux, incroyablement douloureux. Oh bah oui la Terre tombe en miettes c'est bien le moment de me sortir que tu m'as toujours aimé ! C'était vraiment trop dégeulasse pour que t'assumes ça de ton vivant pas vrai ?Sur son visage ravagé se peignit une expression de souffrance intense alors que des torrents d'eau salée dévalaient ses joues à toute vitesse malgré ses vaines tentatives de les réprimer. Lorsqu'il fut à nouveau en état de parler, ou plutôt physiquement capable de le faire, il reprit:« Mais c'est un talent chez toi de me foutre dans des états pareils ! Putain ça te fais plaisir ? Merde ! Deku je, je ...je te déteste mais moi aussi bordel. Moi aussi je t'aime. »
Sa voix se brisa dans un ultime sanglots alors que les larmes ne pouvaient plus s'arrêter de couler. Il renifla une bonne minute encore, dans un silence religieux, les mains toujours crispées sur les omoplates de son voisin, alors qu'Izuku complètement déboussolé, immobile, assimilait tout ce qu'il venait d'entendre.
Izuku, lui, ne pleura pas, le ciel le fit à sa place.
Les lourdes gouttes glaçées s'écrasèrent sur son nez qui frémit au contact de l'eau, mais son regard ne se détacha pas des iris de braise de son rival, toujours braquées dans les siennes.Enfin éveillé de sa transe, il trouva finalement le courage d'ouvrir la bouche et souffla à demi-mot :
- Tu veux bien m'embrasser ?
Au cours du vide qui suivit, Izuku cru que ses tympans allaient exploser.
Brusquement et avec sauvagerie, le cendré plaqua sa bouche sur celle du détenteur du One for All. Ils laissèrent leurs lèvres trempées et salées exprimer tous ce qu'ils avaient été incapables de se dire au cours des 16 années qu'ils avaient passées côte à côte.Leurs baiser était simple, pressé, presque désagréable. Mais il portait en lui 16 ans de non-dit et les derniers instants du monde, alors les deux jeunes gens l'apprécièrent autant que le moment le leur permettait.
Derrière eux, le bruit se fit plus assourdissant, l'obscurité et la pluie laissèrent place à une lumière aveuglante.
Nichés dans les bras l'un de l'autre, les deux garçons eurent soudain affreusement sommeil. Et tandis que le monde entier se cassait la gueule, ils fermèrent les yeux, laissant leurs ultimes murmures résonner contre la surface réfringente de l'entre deux monde.
- Bonne nuit Kacchan. Dors bien.
- Fais de beaux rêves, Deku.-------------------------------------------------------
NDA:
Veridis quo" est un jeu de mots sur la phrase latine "Quo vadis ?", qui signifie littéralement "Où vas-tu ?". Dans un sens plus large, on pourrait le traduire par "Dans quel but ?". Je vous épargnerai un pénible cours de latin mais Veridis quo pourrait également signifier "à quel endroit redoutable".Si l'on retourne, colle les deux mots, et qu'on les prononce à l'anglaise, on obtient "Discovery", découverte. En latin, veritas signifie vérité.
J'ai appri tout cela en cherchant des explications à propos de la chanson des Daft Punk que j'écoutais en écrivant cet OS, et cela m'a alors semblé évident de l'associer à la fic, d'où son intitulé actuel. Dans un contexte apocalyptique comme celui-ci, je trouvais la question "Dans quel but ?" parfaitement adéquate. Qu'elle soit adressée à Shigaraki ou bien à Deku de la part de Kacchan, elle est à la fois fondamentale et complètement dérisoire. L'aspect "découverte et vérité" était compatible avec la confession d'Izuku et le désarroi de Katsuki.
Ce n'est pas un écrit très long et poussé mais j'ai tenu à le poster parce que je me suis dit qu'il pourrait toujours faire plaisir aux amateurs de Katsudeku un peu angst.
En y réfléchissant, il fait un peu écho à "Mieux vaut tard que jamais", ma toute première publication.Merci d'être passé !
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Veridis Quo
FanfictionUn OS katsudeku posté sur un coup de tête, très court et un peu angst. C'est en aucun cas un spoiler, juste sorti de mon imagination. Il n'est pas interdit d'écouter la musique du même nom pendant que vous lisez. D'après l'œuvre « My hero academ...