Chapitre 1

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Je marche. Je suis à Grenoble, je suis dans la rue des restos, comme je l'appelle.

Je regarde ma montre : il est dix heures. Je relève la tête et je vois un groupe de trois garçons devant moi. Je me positionne à leur gauche, pour les doubler.

- People come and go, chante le garçon de gauche.
But you always just seem to stick around and show
That you are into me
You left at 10 in the morning
Why are you still on my mind?

Il n'est pas très beau mais il a l'air gentil. C'est déjà ça. Il voit que je le regarde et arrête de chanter. Je rigole, il rigole à son tour. Je me mets à chanter à mon tour (en sautant tout un passage de la chanson, certes) :

- My room still smells of your perfume
It's like I'm lying here next to you
Trying to figure out what you're all about
And I don't wanna loose the smell of your perfume...

- ...From my room, fait-il.

Ses deux amis nous regardent, un sourire amusé aux lèvres. Je fais comme s'ils n'existaient pas. Le garçon et moi nous regardons, et terminons la chanson ensemble (en sautant encore d'autres passages) :

- When I'm feeling down
You always just seem
To cheer me up somehow
By lying next to me
You're here at ten in the morning
You're always on my mind

My room still smells of your perfume
Its like I'm lying here next to you
Trying to figure out what you're all about
And I don't wanna lose the smell of your perfume
From my room

It's tearing me
It's tearing me apart
That you're in my arm.

Et moi qui pensais que j'étais la seule à écouter ça ! Je suis tellement contente de rencontrer quelqu'un comme moi ! Le garçon me regarde, puis continue de chanter alors que la chanson est finie :

- Trying to figure out what you're all about

And I don't wanna loose the smell of your perfume

You're here at ten in the morning

You're always on my mind.

Il me sourit gentiment, et je lui rends son sourire. Tiens ? Ses potes ne sont plus là. Ils ont dû rentrer chez eux.

Nous continuons de marcher dans la rue, interminablement longue. Nos épaules se frôlent, et je vois qu'il semble gêné. Une dame passe à côté de nous et nous somme obligés de nous coller pour la laisser passer.

Finalement, nous restons comme ça, à marcher épaule contre épaule. C'est agréable. Nous passons devant la rue dans laquelle je suis censée tourner pour rentrer chez moi, mais j'ai tout mon temps. Je peux continuer un peu, je sais que personne ne me reprochera d'arriver vingt ou trente minutes en retard.

Le temps passe et nous ne parlons toujours pas, mais ce silence n'est pas gênant. Le garçon s'arrête. Il est arrivé chez lui.

- Ce serait cool qu'on se revoie, un jour, non ? me demande t-il.

- Ouais, carrément !

- Bon bah... Salut !

- Ouais, salut !

Je lui fais au revoir de la main, et il rentre chez lui.

Sur le chemin du retour, je réalise à quel point je suis bête. Comment se revoir si je n'ai pas son numéro de téléphone et s'il n'a pas le mien ? Je ne peux pas lui écrire une lettre, je ne sais pas comment il s'appelle.

C'est pas possible, je suis vraiment un boulet !

En plus je suis perdue...

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