Chapitre 4

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J'ouvre les yeux, avec regrets. Comme hier. Je voudrais retourner me coucher et me rendormir, retourner dans ce rêve si agréable.

J'ai fait quelque chose que je n'aurais jamais crue capable. J'ai rencontré un ami dans mes rêves. Cela fait deux nuits que je le retrouve et, chaque fois, Jordan éveille un peu plus ma curiosité.

Jordan... Je connais son prénom, ça y est ! Par contre, je serai toujours aussi incapable de le décrire physiquement.

Je sais des choses étranges sur lui. Des choses inutiles. Il a mon âge, il est né le 6 août. Il habite dans un appartement, en ville, mais je ne connais pas la ville (même si, dans mon rêve, il rentrait dans un immeuble à Grenoble, ce n'était pas chez lui). Jordan n'a pas d'animal de compagnie. Il ne mange à la cantine que le lundi et le vendredi.

Je sais qu'il ne voit pas souvent sa sœur mais qu'il en a une, et que son père ne fait pas partie de sa vie. Je ne sais pas pourquoi...

Oulala, ça fait beaucoup d'informations ! Pour être sûre de ne rien oublier, je prends une feuille de papier et note tout dessus.

Je commence à dix heures, alors j'ai tout mon temps.

.oOo.

Je sors de chez moi à 9 h 45 précises, pour être certaine de ne pas arriver en retard. A peine ai-je poussé la porte d'entrée que je me retrouve nez-à-nez avec... James ?

- Mais qu'est-ce que tu fais là ? lui demandai-je.

- Je suis venu te chercher, me dit-il.

- J'ai pas besoin de toi pour traverser les routes, si tu veux savoir, protestai-je.

- Je sais, t'inquiète pas. Mais les rues sont dangereuses, me dit-il.

- Pfff... Arrête, on dirait ma mère !

- Bah ta mère elle a raison ! On ne sait pas ce qu'il y a dans les rues !

Ce qu'il y a ? Pas qui il y a ?

- Laisse tomber, fait-il, je suis trop têtu pour toi.

- Probablement, dis-je à mon tour.

Nous sortons donc, puis commençons à marcher, côte-à-côte. Il pleut de plus en plus fort. James s'arrête pour sortir un parapluie de son sac.

- Tu viens ? me demande le garçon. Il y a de la place pour deux personnes.

- Non merci, fis-je.

Me retrouver collée à un mec qui drague (et qui est plutôt beau) n'est pas la meilleure idée si je veux garder toute ma tête.

- Aller, insiste t-il. Tu vas être trempée, Nausicaa !

Comment il connaît mon prénom ? Ah oui, je lui ai donné, c'est vrai...

- Non, c'est non ! m'exclamai-je.

Malgré tout, je sens que la pluie et le froid ne vont pas m'aider à refuser encore longtemps. Alors, lorsque James vint se coller à moi, sous son parapluie, je ne bronche pas, me contentant de tenir mon sac à l'abri. Si mes cours sont trempés, je suis morte.

                                                                                .oOo.

Nous arrivons au collège peu après, moi toujours collée à James, sous son parapluie noir.

Je vis Marion venir vers moi. Étonnamment, elle ne semble pas fâchée. Loin de là. Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui l'a poussée à changer d'avis aussi rapidement ?

- C'est grâce à moi, me souffla James à l'oreille.

Je le regarde sans comprendre. Il me fait un petit clin d'œil, puis met son parapluie dans ma main. Il prend son sac et le met sur sa tête pour ne pas être mouillé. Il pique un sprint puis rejoint ses amis, sous le préau.

- Il sait vraiment pas courir, dis pour moi-même.

- Alors, on nous cache des choses ? demanda Marion.

- Tu veux que je te cache quoi ? questionnai-je.

- Un petit-ami, par exemple ?

- Un quoi ?

- Petit-ami. Ne me dis pas que James et toi ne sortez pas ensemble...

- Je...

QUOI ? Et James qui m'a dit que c'est grâce à lui... Argh.

- Vous êtes trop mignons ensemble !

Je rougis furieusement, tandis que Marion se lance dans un long discours concernant les fiançailles de James et moi. Ridicule.

Elle parle encore lorsque nous arrivons en cours de français. Nous avons un atelier d'écriture sur le fantastique, il me semble... Pourquoi tout ce que nous faisons en ce moment est noté ?

Je dirige mon regard sur ma copie. Vierge. Je décide, après courte réflexion, de parler de l'histoire d'une fille qui se fait mordre pas un vampire. Pas fameux, je suis d'accord, mais je n'ai aucune autre idée...

A la fin des deux heures, lorsque je rends ma copie avant de quitter la salle, je sais que je n'aurais pas une bonne note. Peut-être 13, au mieux.

Perdue dans mes pensées, je ne vois pas James, que je percute.

Non mais c'est pas possible ! Il est partout celui-là !

- Bah alors, fait-il. On regarde pas où on marche ?

- Désolée, dis-je.

- T'inquiète, je suis solide.

Je le regarde, l'air de dire « Ah bon ? ». On éclate de rire, et ça résonne dans tout le couloir.

- Tu viens, me dit-il, c'est l'heure de manger. On mange ensemble ?

- Pas trop le choix, fis-je à mon tour. C'est ça ou supporter les discours de Marion qui parle déjà de nous marier.

- « Déjà de nous marier ? » ? répéta t-il. On sort ensemble ?

- Oui, enfin non, enfin... Je sais pas, moi !

James me sourit, amusé.

- Bon, viens, on va manger. Si on ne le fait pas tout de suite, on aura plus l'occasion de le faire !

James prend ma main et m'entraîne avec lui.

                                                                                           .oOo.

La fin de journée s'est bien passée. La pluie a cessé, et le soleil est revenu. Je rentre chez moi et James m'accompagne.

- Alors, me dit-il, ce parapluie ?

- Ah oui, c'est vrai ! m'exclamai-je.

J'avais failli oublier de lui rendre son parapluie !

- Merci, lui dis-je.

- Mais de rien ! Une petit-ami se doit de toujours être là pour sa demoiselle, non ?

Il me fait un petit clin d'œil qui, une nouvelle fois, me fait rougir.

- Bon, à demain princesse ! s'exclame t-il. Je t'accompagne, n'oublie pas !

- Mais tu n'a jamais cours, toi ? demandai-je.

- A demain !

- Je... Ouais, à demain !

                                                                                         .oOo.

Une fois rentrée chez moi, je n'arrive pas à retirer de mon esprit le visage de James. Prise d'un besoin soudain, je renomma « Monsieur-le-cliché-américain » en « Mon petit-ami ? ».

Ce soir-là, joyeuse de savoir que je compte pour quelqu'un (et qu'en plus c'est James), je m'endors sans aucune crainte, confiante en ce qui est de l'avenir.

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