Chapitre 5

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Je suis au bord d'un précipice. Ou plutôt au-dessus d'un précipice.

Paniquée, je tente de reculer mais je me rends compte que je suis sur une étroite parcelle de terre, entourée de vide de tous les côtés. Autrement dit, le moindre geste brusque peut me coûter la vie...

Je reconnais cet endroit. C'est là que je suis venue en vacances avec maman il y a... Longtemps.

Je ne sais pas la raison de ma présence ici, mais je sais que ce n'est pas positif. Pour espérer sortir de  là, je n'ai plus qu'à attendre que sonne mon réveil, qu'il me tire de ce rêve qui se rapproche du cauchemar.

Je sens soudain quelqu'un me tapoter le visage. Il n'y a personne.

Je me réveille, en sueur. Le sol est dur, et je déduis que je suis dans la rue, vu les klaxons et les discussions. A peine ai-je ouvert les yeux que je vois... Jordan.

- Hey ! dit-il. Tu étais dans une mauvaise passe, je crois.

- Je... Je dors toujours ?

- Dans la vraie vie, oui, répond le garçon. Je t'ai juste fait basculer dans un autre dimension, un autre aspect du même rêve.

- Je suis désolée.

- De quoi ?

Je me mords la lèvre.

- De ne pas avoir pu tenir ma promesse. Je t'ai dit que je serai encore là aujourd'hui pour parler avec toi. Mais je me suis retrouvée au bord d'un précipice !

- Ne sommes-nous pas en train de parler ?

- Je...

- Lève-toi, sinon les gens vont appeler les urgences.

Je regarde plus attentivement autour de moi :

De nombreuses personnes sont rassemblées autour de moi, et toutes semblent inquiètes.

- Vous vous sentez bien, mademoiselle ? me demande une dame, qui a l'air très inquiète pour moi.

- Oui, à merveille, répondis-je.

Jordan me regarde avec un air désolé. Il me prend par le bras et me fait courir, avec lui. Il me guide à travers les rues de Grenoble, de ma ville. Nous arrivons devant un petit restaurant que je connais bien : c'est là que j'ai fêté mes douze ans.

Jordan me regarde, attendant sûrement ma réaction.

- C'est super ! m'exclamai-je, ravie.

- Je t'avais promis un resto, dit le jeune homme. C'est ici que tu as fêté tes douze ans, non ?

Comment sait-il ça ? Je ne lui jamais dit !

Nous entrons, puis nous asseyons à une table. Jordan avait visiblement réservé.

- Tu te souviens d'hier ? demanda t-il. Quand je t'ai dit que je devais partir.

- Oui ?

- Je devais réserver, explique Jordan. Je suis désolé. Leur ligne téléphonique ne marche pas, alors il faut se déplacer.

- Ne t'en fais pas, j'aurais dû partir de toute façon.

- J'ai vraiment beaucoup de chance de t'avoir comme amie, me dit le garçon.

Comme amie ? Il me considère comme une amie ? C'est génial ! S'il savait, lui aussi c'est un super ami !

Un serveur vint prendre notre commande. Je prends hamburger-frites avec un coca et Jordan a fait le même choix que moi. Après nous être empiffrés, nous avons décidé de faire l'impasse sur le dessert (si on en prend un, on vomit, c'est obligé).

Soudain, Jordan me prend la main et me force à le suivre. Au bout du restaurant, il y a un ascenseur, et Jordan me fait entrer dedans.

- A demain ! s'exclame t-il.

- Je...

Je n'ai pas le temps de prononcer un mot que déjà les portes de l'ascenseur se sont fermées, diffusant une petite musique qui me tape rapidement sur les nerfs. Elles se rouvrent peu après et je sors sans réfléchir, ayant hâte de ne plus entendre cette musique d'ambiance insupportable.

Je vois que je suis dans ma chambre. Je me tourne vers l'ascenseur, mais il a disparu. Je me sens soudain fatiguée, très fatiguée.

Des bras me poussent vers mon lit, et je m'allonge. Je m'endors immédiatement, ne pouvant plus lutter contre le sommeil.

Et dire que je n'ai même pas payé le resto...

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