𝘁𝗵𝗲 𝗯𝗲𝗮𝗰𝗵

quatrième page

𝘁𝗵𝗲 𝗯𝗲𝗮𝗰𝗵

Le troisième toaste sonna dans la pièce, les verres tintèrent ensemble et les joues rouges étaient tirées par des sourires niais, plutôt débiles. La soirée passait à une vitesse grande V. Minuit avait déjà été dépassé par trois heures du matin. La sueur planait dans la pièce suivit de près d'une atmosphère euphorique.

Il y avait le clan des saouls affectifs qui collait les autres composé de Jeongin Jisung et Felix. Les alcooliques humoristes, sans surprise, Hyunjin et Changbin en faisaient partie. Et les sobres qui étaient dégoûtées par leurs amis avec les deux plus vieux et Seungmin. À ce stade-là, ils allaient être embauchés dans une garderie. Ils avaient pourtant essayé de les calmer, mais les hôtes les avaient menacés de les expulser à coup de pied.

Quant à Changbin et Felix, ils ne s'étaient pas crié dessus, un exploit. Ça intriguait pas mal leurs amis, mais ils ne se plaignaient pas pour autant. Si leurs oreilles pouvaient prendre du repos ça les arrangeait. Ils étaient chacun de leur côté, le blond dans les bras de Hyunjin, tandis que son colocataire les regardait d'un mauvais œil. Sa jalousie le rendait malade, parce que même si il avouait, cela ne changerait rien. Felix n'était pas le sien, juste des connaissances. En plus de ça, ce n'était pas la première fois que ça arrivait. Le coréen abusait de l'alcool pour ne plus réfléchir et l'australien pour rendre son ennemi jaloux. L'un comme l'autre étaient horribles, mais l'un comme l'autre voulaient passer le message: jamais. Jamais Changbin ne laissera tomber, jamais Felix ne lui donnera son cœur.

Alors il but, ils burent, ils ne s'arrêtèrent pas. Tout le monde avait ces raisons, tout le monde n'était pas les plus sages. Heureusement que les murs étaient épais. Les voisins auraient appelé la police depuis longtemps vu les hurlements de Jeongin quand Hyunjin essayait de l'embrasser. Quant à Seungmin, il n'arrêtait pas de se moquer de Changbin et Jisung. Les deux étaient allongés sur le carrelage froid, Jisung au-dessus, Changbin en dessous. Le plus grand tenait les hanches du petit pour qu'il ne tombe pas et ce dernier n'avait pas l'air de vouloir lâcher son coup tranquille. De jolies traces violettes allaient rester pendant bien une semaine. De toute façon, aucun ne se souviendra de cette soirée, trop emmanché pour garder son cerveau en place. Il y en avait deux qui avaient gardé leur cerveau cependant. Minho les regardaient sans louper de loucher sur les mains du brun sur les magnifiques cuisses de son blond.

"Tu parles d'un ami."

Oui, la jalousie de Minho n'était pas des plus discrètes, il ne cherchait même pas à la cacher à vrai dire. Felix l'avait bien vue d'ailleurs, et ne c'était pas empêcher de chuchoter ses mots à son oreille. Parce que si Minho ne voulait pas assumer, il devait au moins retenir ses yeux de son âme-sœur. Il n'était pas sien, tout comme Felix n'était pas à Changbin. Alors quoi de mieux que de se morfondre dans les bras de son meilleur ami, quand leurs coups de cœur sont jaloux de leur côté? Franchement, ce moment était donné, mais trop saoulés, ils n'allaient pas s'en rappeler et faire avancer les choses.

"Tu te refoules aussi Lix."

Cette phrase sonnait creuse, froide, dure et surréaliste, pourtant son seul receveur la déchiffrait très bien. Il savait qu'elle était honnête, sûre et franche, mais il ne l'avouera jamais. Parce que même s' il aimait les hommes, pourquoi Changbin? Il ne l'avait jamais vue autrement, il ne l'avait jamais vue différemment, il ne l'avait jamais vue amoureusement. C'est vrai qu'autrefois il l'avait beaucoup apprécié, qu'ils étaient très proches, plus que tous les autres et que c'étaient les premiers à rigoler sur leurs relations parfois bizarres aux yeux de certains. Mais il ne pouvait pas, pas maintenant, pas avant, pas après, ni dans un mois. C'était trop soudain, pas voulu, sans sentiments. La haine passait par là, la peine, la tristesse et la détresse aussi, il était perdu mais savait qu'il ne voulait pas de ça.

"Tu sais très bien pourquoi."

Une autre gorgée, encore et toujours, sauf que celle-là, Changbin avait bien vu que lui aussi, il avait une raison de la boire. Il a fermé les yeux pour se concentrer, pour visualiser le fil sur lequel il le tenait en équilibre. Le moindre coup de vent entraînera une chute. Felix savait qu'il était près du bord. Ou alors c'était le contraire. Peut-être que c'était lui qui tombait progressivement et Felix, il était là à le regarder, sans bouger, sans broncher. Il était perdu. Dans un monde à l'envers, comment peut-on savoir si l'on tombe ou si l'on reste debout ? Une autre gorgée, cul sec cette fois-ci.

Le monde tournait autour de lui, même Jisung s'était endormi sur lui. Ses cheveux blonds chatouillaient sa nuque et il dut demander au Minho de l'emmener dormir pour enfin se relever. Sa tête était lourde, il ne sentait plus ses fesses et ses mains bavaient de sueur à force de tenir le corps de son meilleur ami. Ses cheveux collaient son front Ses jambes se relevèrent et vacillèrent sur le côté pour s'écraser sur Seungmin qui grognait. Fort heureusement, alors que son cadet voulait lui donner une tape sur la nuque, Chan le retint en observant l'état pitoyable dans lequel le noiraud était.

Des larmes perlèrent sur le coin de ses yeux, son cœur l'irritait. Il avait envie de le frapper, de le changer pour un meilleur, de lui dire à quel point il était égoïste, qu'il inquiétait tous ses proches et qu'il forçait bien trop son crush. Il se détestait, plus précisément son organe. Parce que sans lui, il ne pourrait vivre, mais qu'il en avait marre de cette histoire des plus minables.

Chan, à l'aide de Seungmin, mirent Changbin à l'aise, sur les cuisses du plus jeune qui s'occupa d'arranger ses cheveux corbeaux. La respiration de son aîné était chaude, irrégulière, la redescente était toujours douloureuse, mais il le fallait, il fallait laisser tomber, oublier, tourné la page.

Tout ce qu'il faisait était pour lui. Mais, sans s'en rendre compte, en travaillant à sa propre valeur il s'éloignait inexorablement de lui. Il mesura sa folie, il ne voulut plus le revoir, jamais. Il se jura d'oublier tout et de ne jamais en parler à personne.

Il l'attend, que Felix lui fasse grâce de son touché au moins une fois. Il le fit, une nuit, une gifle. Le lendemain, il ne sera plus là. Peu importe, l'espérance de le retrouver était devenue sa raison de vivre, de s'habiller, de se cultiver, de réussir ses examens. Il reviendra et il sera digne de Felix, plus même, il éblouira de sa différence en beauté, savoir, assurance.

Mais pour l'instant, il ressemblait juste à un Changbin saoul au sol avec la marque de la main de Felix sur la joue.

"Changbin putain!"

Chan le tira de la pièce pour l'emmener dans son lit. Son aîné était rouge, pour le blond comme pour le noiraud, ne pouvaient-ils pas discuter comme tout le monde, comme deux personnes avec un amour non-réciproque? Il ne savait même pas lequel des deux devait lâcher l'affaire parce que Changbin comme Felix ne parlait pas vraiment de leurs sentiments. Même si le plus jeune était souvent d'humeur joyeuse, le voire perdre son sourire foutait un vent dans la salle.

"Chan."

L'hôte gémissait de douleur, sa tête était atrocement lourde, c'était même pire mais la douleur était indescriptible, son cœur n'avait jamais fait mieux pour mesurer l'intensité. Il était énervé mais la vision de son ami en détresse et sur le point de pleurer le ramena à la raison, il ne pouvait pas s'emporter, ils avaient tous les deux leur raison. Il faut juste que l'un des deux ouvre les yeux, sinon la chute tuera leur envie d'amour. Il le savait, mais il ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'un jour, Felix le laissera gagner, leur amitié avait été la plus belle de toute, et même si Chan se souvient d'à quel point il avait souffert, il voulait simplement leur bonheur.

"Dors idiot, demain Seungmin sera là."

Changbin était trop saoul pour mesurer cette phrase, il ne mesurait plus rien, tout dérapait.