Chapitre 1

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C'est quand la dernière fois que J'ai souri, sincèrement ?
- « Écartes les bras t/p. » dit l'infirmière tandis que m'exécute une peu gauchement. La demi blouse que je porte, ouverte sur mon dos et dévoilant presque toute mon intimité, ne me protège pas plus des frissons qui naissent sur ma nuque.
Par la petite fenêtre du bloc opératoire j'aperçois encore les résidus de cette nuit.
J'aimerai tant pouvoir me pencher pour observer le ciel, là tout de suite... Sentir l'air frais sur ma peau, celui de l'aube.
L'aide soignant dépose des électrodes sur ma poitrine, sa collègue en positionne deux sur mes tempes et me ramène à la réalité.
On va m'ouvrir le crâne. Non, pardon... le chirurgien va observer à l'aide d'une petite incision et d'une petite caméra l'espace crânien qui, semblerait-il, soit le problème chez moi.
Non pas que je sois très pessimiste, mais c'est la troisième fois cette année que je passe sur le billard.
Une piqûre dans le creux de mon bras, le liquide qui s'immisce lentement dans mon organisme... Et il apparaît.  J'hallucine, évidemment,
il n'est pas venu me voir depuis trois mois. Et il ne viendra certainement pas alors qu'on est sur le point de me disséquer la boite crânienne.
J'ai tenté de sortir mon petit frère de ce qui semble être un gang de motard en pleine ascension criminelle, en vain.
C'est une véritable tête de mule, un peu comme moi en fait. J'aimerai qu'on soit différent.
Il y a trois mois, on s'est disputé, il n'avait pas envie de quitter ce foutu gang et moi, je ne désirais que ça, le voir devenir quelqu'un de bien, pas une foutu petite racaille à la tête d'une autre foutue bande du même calibre.
Draken était fort, et depuis petit il a toujours été bon... mais maintenant c'est différent.

Quand je me réveille, le bip insistent des machines me tabasse les oreilles, je suis branchée de partout et j'ai l'impression d'être Terminator.  Je m'agite un peu puis on me ramène dans ma chambre et je reprends ma journée où je l'avais arrêtée,  c'est à dire nul part.
Alors que je suis confortablement installée au fond du lit avec « le chant d'Achille » entre les mains, je suis incapable de rester concentrée, mon esprit ne cesse de divaguer sur mon petit frère et les dernières paroles que nous nous sommes dites...

- « Tu sèches les cours, tu te bats, t'es notes baissent et tu ne travailles même pas pour te payer ton essence, d'ailleurs d'où tu sors cet argent hein? Ça m'étonnerai même pas que tu t'amuses à tabasser des jeunes pour récupérer leur argent de poche tient !»

- « Écoute T/p, je sais pas ce qui te fais croire que t'as quelque chose à en redire, mais t'es clouée dans un petit lit, j'ai pas de compte à te rendre, guéris d'abord, on en parlera plus tard. » m'avait-il répondu.

J'ai été plus têtue que ce que je ne l'aurai voulu.
Au bout du compte, j'ai pas voulu abandonner.
Je sais que mon petit frère tourne mal et je ne veux pas le perdre, j'ai du dire la phrase de trop.

« -Ken, ne rentre plus dans cet hôpital à moins d'avoir quitté ce gang, quand ce sera fait, je t'autoriserai à venir me voir... j'en parlerai aux infirmières, ne viens plus. »

17h34, sans se retourner il a franchit le seuil de la porte et ça fait maintenant 3 mois que je n'ai vu personne.
Les médecins ne savent pas du tout ce qui me rend malade, j'ai des chutes de tensions, ma tête me brûle souvent, j'ai parfois des convulsions et je vois de moins en moins bien, ils disent que si on ne trouve pas la cause rapidement, je perdrais la vue entièrement, sans savoir si ça s'arrêtera là. Et vous vous demandez toujours pourquoi je suis clouée dans un lit d'hôpital ? Non mais c'est pas comme si je ne pétais pas la forme!
Je vois encore plutôt bien, c'est légèrement flou mais j'arrive à distinguer les petites choses de loin. Les médecins ont conclus il y a deux ans que ça allait dégénérer petit à petit, pour le moment j'essaie de me rassurer, je respire toujours. C'est le principal, non?
Malheureusement, a cause de mes convulsions, je n'ai le droit de sortir qu'accompagnée. Tant qu'elles sont instables, sans Ken, l'extérieur m'est interdit... Sans lui, je suis coincée entre quatre mur.
Sa grande sœur compte moins qu'un truc de gamin ? J'ai a peine un an de plus que lui, pourtant je ne comprendrais jamais ce qu'il trouve à ce genre de hobbys... Il me manque, je regrette. Si mon état s'aggrave et que je... Je ne peux pas y penser.
Je dépose mon petit pain à la citrouille sur la tablette et saisis mon verre de coca plat, que je savoure du mieux que je peux, espérant que ça arrive un jour à la cheville d'un vrai. A la télé ils parlent de batailles et d'imbeciles de l'âge de Draken qui s'amusent à cambrioler des petits commerces, j'espère sincèrement qu'il ne s'est pas rabaissé à ce genre de conneries.
Je sens mon portable vibrer mais j'y prête aucune attention, ça m'intéresse pas de parler avec ces imbéciles du bordel, surtout si elles ne peuvent pas me dire un seul mot rassurant sur mon p'tit frère. Je reprends donc ma lecture l'esprit toujours aussi engourdi lorsqu'on frappe à la porte de ma chambre et sans que je ne réponde, une jeune fille rentre, le sourire aux lèvres, gênée. Elle me tend un petit bouquets de tulipes rouges. Je déteste le rouge. Tout en les prenant et les déposeant sur mon lit, je reporte mon attention sur elle. Première visite depuis la dernière de Ken, première personne qui ose me regarder droit dans les yeux. Mais surtout, une totale inconnue.

Aide-moi à compter les étoiles [MikeyXReader] (EN RÉÉCRITURE NARVALO)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant