Un monde parallèle

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Merci à Ilyas_Medina pour sa source d'inspiration !

Enfermé dans ma chambre, je fermais les yeux. J'espérais qu'en n'ayant plus de contact visuel avec la réalité je parviendrais à m'en extraire. Celle-ci me terrifiait. Depuis que le monde entier s'était fait vacciner, ils s'étaient transformés en zombies. J'avais peur de sortir de chez moi. Ces infâmes créatures faisaient tout pour que j'accepte de me faire vacciner, pour que j'accepte de les rejoindre dans leur monde affreux. Aujourd'hui les survivants étaient très mal vus. Je nous appelait survivants car devenir un mort-vivant juste pour ne plus avoir aucune maladie était une perspective qui ne m'attirait d'aucune façon.
J'avais fui ma famille car elle aussi, d'abord résistante, avait fini par céder aux beaux discours des vaccinés.
Ces souvenirs étaient traumatisants pour moi. Je me sentais si seul, mais je n'avais pas le choix. Je préférais rester humain, garder ma liberté, et ce même si pour cela je devais céder tous mes contacts sociaux.
Par ailleurs, d'après mes souvenirs les vaccins n'avaient pas tout de suite rendus les hommes zombies. Cela s'était fait peu à peu. Mais j'avais l'impression d'être le seul à m'en apercevoir. Comme j'étais l'un des seuls survivants restants, ça me donnait cette impression. Dès le début, ce vaccin m'avait fait peur. Je n'avais pas confiance en ce dernier. Il avait été fait à la va-vite. Et j'avais eu raison de m'inquiéter et de refuser à me faire piquer. Au fil des mois, les gens avaient commencé à se transformer. D'abord mentalement, convaincus que celui qu'ils détestaient pendant si longtemps était la voix de la raison. Puis physiquement. J'avais assisté à toute leur transformation. Ils se sont transformés physiquement quelques temps après que j'aie coupé les ponts avec tout mon entourage et me sois replié dans mon appartement. Dès que ma famille s'était elle aussi faite embobiner j'avais décidé de faire des provisions pour plusieurs années. Il me fallait me préparer au pire. Et j'avais totalement raison, car à présent qu'ils s'étaient fait zombifier, j'avais trop peur de sortir. Et depuis, je n'étais plus jamais sorti. Je payais toujours mes factures, aussi, on ne m'avait plus trop embêté. Seule ma famille avait tenté parfois de sonner chez moi, pour me convaincre de les rejoindre très certainement. Mais je les voyais venir, j'étais sûr de la raison de leur venue aussi je n'avais jamais ouvert.

La sonnerie de mon appartement me fit rouvrir les yeux brutalement.
De toute façon je n'étais pas parvenu à m'extraire de la réalité.
La perspective que des zombies se trouvent devant mon chez moi me fit trembler de tous mes membres. J'avais affreusement peur. Ils voulaient m'embobiner avec leurs sorts déguisés en phrases pour me pousser à les rejoindre. J'avais compris qu'il s'agissait de sorts lorsque même mes parents avaient été embobinés. Même eux, qui étaient jusqu'alors de fidèles résistants. Et si leurs sorts pouvaient passer à travers ma porte ? Jusqu'ici ça n'était jamais arrivé mais qui pouvait être sûr ? Après tout ils amélioraient leurs techniques chaque jour. Ils voulaient envahir la planète entière...

Tremblant de peur, je me dirigeai vers l'entrée puis m'arrêtai devant la porte sans l'ouvrir.

« Qu-qui êtes vous ? Qu-que me vou-voulez vous ? » fis-je en bégayant, effrayé par ce qu'il pouvait se trouver devant mon appartement.

« Nous sommes les services sociaux. Nous avons appris par votre famille que vous n'êtes pas sortis depuis plus de 6 mois de cet appartement. Nous venons voir si tout va bien... »

Les services sociaux ? Il était sûr qu'il s'agissait d'un nom de code pour ces zombies.

« Sortez ! »

Je ne voulais pas d'eux.

« Si vous ne nous laissez pas entrer, nous forcerons la porte. »

Ils étaient fous ! Plutôt mourir que de me livrer à eux. Alors je décidais de courir vers mon balcon, étant du 6ème étage j'étais sûr d'y rester.
Je sautais.
Ainsi au moins j'aurais gardé ma liberté jusqu'à la fin...

Une semaine plus tard...

Un vieil homme lisait un journal. L'article qu'il lisait expliquait qu'un jeune garçon s'était suicidé car il croyait que les gens étaient devenus des zombies. Sa famille avait témoigné s'être fait traitée de « sales zombies » lorsqu'ils avaient tenté de prendre contact avec lui. Il les avait par ailleurs invité à « retourner avec leurs sembables ».
Cela serait dû à sa peur de se faire vacciner, qui l'aurait poussé à s'isoler du reste du monde et aurait créé des hallucinations, selon l'analyse de notre psychiatre.

L'homme replia le journal. Il soupira.
« Un fou de plus... Ce sont tous des cinglés ces anti-vax. »

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