Recueil de nouvelles

ROUGIR - Rose et Rouge

Tout d'abord, je tiens à remercier Kalemoona pour m'avoir inspirée sur cette histoire, par ses mots offerts.
À présent je vous laisse la lire.

Je suis dans mon lit. Et comme tous les soirs, je regarde mon plafond, noir. J'attends que - miraculeusement - le sommeil vienne me chercher. J'attends déjà depuis longtemps. J'entends l'horloge faire tic tac toutes les secondes, je n'entends que ça et ça ne fait que de me rappeler le looooong moment que je passe, et que je perds.

5h. C'est l'heure que m'indique mon réveil. Je me demande même si ça sert à quelque chose de rester là. Sachant que dans tous les cas mon réveil me réveillera pour 7h. À quoi bon ?
Alors je décide de me lever, définitivement, perdant une nouvelle nuit dans mon compteur. Me dirigeant donc vers la cuisine, je prends un café noir et pas de cacao. Pour que le café soit si fort et si violent que j'en sois réveillée directement. Il faut que je tienne toute la journée après une nuit blanche. C'est ça le pire. Parce que la nuit je n'arrive pas à dormir, mais la journée quand je suis censée travailler le sommeil me pendait au nez. Quelle ironie mine de rien. Bref, je bois mon café - écœurant, mais il le faut bien - et je mange mon croissant.

La journée continue normalement, cependant j'ai bien trop d'avance. Alors j'en profite pour rester plus longtemps qu'à mon habitude dans la salle de bain, afin de camoufler avec le maquillage mes nuits compliquées. Bien évidemment j'ai fait cela après m'être douchée je ne suis pas abrutie mais la douche ne m'a jamais pris bien longtemps. Le maquillage en revanche... Étant donné que je suis nulle je prends une heure à avoir un truc potable car entre les trente tutos et les cinquante essais que je fais avant d'obtenir quelque chose de potable BON ... Heureusement que je ne me maquille pas régulièrement... Mais après une nuit blanche c'est obligatoire. Sinon je vais leur faire peur avec ma dégaine de zombie. Puis j'ai le temps dans ces moments-là. En temps normal je me lève trente minutes avant mon départ donc je n'ai pas le temps de me maquiller (et je n'en ai rien à faire je préfère dormir) mais là j'ai tellement d'avance que bon. Autant prendre son temps... J'en profite aussi pour trouver la tenue idéale, en testant plusieurs combinaisons. Je finis par être totalement prête une demie-heure en avance. Bon. Autant partir hein. Au moins ça rattrapera un peu mes nombreux retards !

Arrivant sur mon lieu de travail - une librairie - comme je suis en avance je me dis que je vais en profiter pour faire du tri dans la réserve. Mon patron en sera ravi, depuis le temps qu'il nous rabâche de faire ce fameux tri... Mais on n'a jamais le temps ! Et surtout pas moi, qui suis en retard 90% du temps.

Mais en allant dans la fameuse réserve, j'y croise un nouvel employé. Il est vrai que le patron nous avait prévenu, mais j'avais oublié... Mes courtes nuits ne m'aident pas à avoir une bonne mémoire il faut dire. Bref, il me fait un sourire timide. Il m'explique qu'il est autant en avance car il voulait faire bonne impression mais il s'est retrouvé assez perturbé quand il a remarqué qu'il était le premier à être arrivé. Il faut dire que c'est une petite librairie et il n'y a jamais plus de deux employés en service en même temps. Donc aujourd'hui nous sommes tous les deux en avance visiblement. Je lui souris gentiment pour le rassurer et il semble s'apaiser un peu.

« Ne t'en fais pas, je suis très souvent en retard et je n'ai jamais été virée pour autant ! Bon je dis pas que je suis un modèle hein. Mais je dis juste que notre patron est assez intelligent pour savoir que la qualité du travail ne dépend pas uniquement de la ponctualité. Tout ça pour dire que la prochaine fois t'es pas obligé d'arriver 30 minutes à l'avance, d'autant plus qu'on commence déjà 30 minutes avant l'ouverture pour bien pouvoir tout organiser comme il faut - et prévenir un peu des retardataires - » dis-je en riant.
« D'ailleurs, je suis impolie désolée. Comment t'appelles tu ? »
« Non c'est moi, j'aurais dû me présenter. Je suis Nicolas. Et toi ? » Nicolas est un grand brun aux yeux bleus. Ça se voit qu'il manque de confiance en lui mais il est très mignon malgré tout. Et puis de toute façon s'il a été accepté ici c'est qu'il possède une grande culture.
« Je suis Aurélie, enchantée. » je lui fais un sourire éclatant - il me plaît un peu, autant sortir le grand jeu !
Il me semble réceptif à mon numéro, tant mieux. Il rougit, il est adorable. J'adore ce genre de garçon trop mignonah et tout gentil. Il relève la tête et plante ses yeux dans les miens pour commencer à dire :
« Si je m'abuse tu m'as dit être souvent en retard... Sans vouloir être indiscret, que fais-tu là autant en avance ? » malin le petit. Pour cacher sa déstabilisation il essaie de me déstabiliser en retour, autrement.
« Honnêtement... Je suis insomniaque. Et j'ai pas réussi à dormir de la nuit. Donc j'ai abandonné plus tôt, et donc j'ai eu tooouuuuut mon temps pour me préparer. Au final j'ai quand-même réussi à être sacrément en avance car je n'avais plus rien à faire donc je me suis dit autant partir plutôt que de me faire chier à attendre inutilement que le temps passe chez moi » je ris. Ma réponse sincère semble le perturber. Mais pourquoi faire semblant ? Je n'en ai aucun intérêt.
« Oh je comprends... Je suis désolé je ne savais pas. »
Je lui souris, attendrie. « Ne t'excuse pas, tu n'y es pour rien. » il semble réellement sensible à mon petit jeu car entre ma bienveillance, mes sourires et mon honnêteté il s'est remis à rougir. Chouette ! Ça s'annonce en bonne voie.