Chapitre 1

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- Gabrielle ? Tu sais où est ma cravate ?

J'entends la voix d'Edward passer devant la porte de la salle de bain. Depuis ce matin, il court partout, cherchant désespérant l'accessoire qui manque pour parfaire sa tenue. Nous sommes pourtant loin d'être en retard au mariage de sa sœur Elisa mais au vu de son comportement, c'est tout comme. Pour cause, il faut toujours que nous soyons au minimum 30 minutes à l'avance pour chaque déplacement. C'est une règle fondamentale qu'a toujours respecté mon compagnon et que je suis obligée de suivre.

Edward est un maniaque du contrôle. Essayer d'atteindre la perfection dans chaque situation est pour lui une normalité dans sa manière d'être. Tout est toujours parfaitement programmé au millimètre près. C'est à la fois rassurant et ennuyant. Un peu d'insouciance ne serait pas de trop. Cela rendrait notre relation un peu plus existante. La dernière fois que mon compagnon l'a été... C'était quand déjà ? Mince, je ne m'en rappelle pas. A-t-il toujours été comme ça finalement ?

- Rah ce n'est pas possible ! On ne trouve jamais rien dans cette baraque !

Je sursaute face à l'énervement d'Edward. Je me suis encore perdue dans mes pensées. Quand mes esprits reviennent, je me vois à travers le miroir le mascara à la main. Ce n'est pas la première fois que je m'arrête net sans m'en rendre compte. Le mariage de ma belle-sœur me rend sûrement anxieuse. Si c'est le cas, comment serais-je le jour du mien ? Je ne préfère pas y penser. De toute façon, Edward ne m'a pas encore fait sa demande. Ai-je vraiment envie qu'il la fasse ? Je reprends mon ravalement de façade en chassant cette pensée et enfile ma robe longue à épaules dénudés couleur prune, offerte par Elisa pour je cite "rester dans le thème de mon mariage".

Ma belle-sœur et son fiancé Marc vivent sur Paris. Nous avons décidé il y a quelques mois avec mon homme de déménager à la campagne pour fuir la capitale polluée et bruyante. A cause de la distance, Edward et Elisa ne se voient plus autant qu'avant. Il faut dire que leur travail respectif ne les aide pas non plus. Elle est styliste pour de grandes marques parisiennes avec un emploi du temps chargé et lui ingénieur. Il travaille 45h par semaine minimum. Je ne me souviens plus du côté de Marc. Le nom de son poste est long et compliqué alors mon cerveau préfère se rappeler qu'il a un travail qui paie bien.

Pour ma part, j'ai dû démissionner quand nous habitions encore dans notre ancienne ville. Depuis je bloque. Je ne parviens pas à trouver quelque chose qui me convienne en Normandie. Mon ancien poste ne me convenait pas. Être psychologue scolaire dans les lycées de banlieue n'était pas de tout repos. J'ai toujours rêvé d'être vétérinaire et de pouvoir venir en aide aux animaux mais je n'ai pas trouvé le courage de faire autant d'années d'études. Et oui, le métier dont toutes les petites filles rêvent est resté le même pour moi vingt ans après. Au lieu de réaliser mon rêve, je me suis contentée de passer une licence en psychologie, sans continuer jusqu'au master car j'avais déjà une proposition d'emploi. J'ai choisi la facilité. Si je ne peux pas aider les animaux, autant aider les humains. C'est ce que je me disais avant de voir ce qu'ils sont réellement au fond d'eux ; des êtres perfides. L'innocence des animaux me convient mieux.

- Chérie ? Tu es où ?

Edward m'extirpe une nouvelle fois de mes pensées.

- Je suis toujours dans la salle de bain, affirmé-je.

Je l'entends se précipiter derrière la porte.

- As-tu vu ma cravate ? Je la cherche partout. Pas moyen de la retrouver !

Je commence à regarder autour de moi. Je finis par l'apercevoir posée sur le rebord du lavabo.

- Je l'ai !

Between you two [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant