Chapitre 7

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Edward n'est pas le frère d'Elisa pour rien. Le bâtiment qui se tient devant nous est trop majestueux pour être un simple hôtel. Il ressemble à un manoir aux murs blancs situé au bout d'un vaste jardin, une fontaine se tenant en plein milieu. J'ai l'impression d'être la protagoniste d'une série « huppée » comme j'aime en regarder. Je suis heureuse de ne pas avoir ouvert de compte commun avec Edward.

Ce dernier éteint le moteur de la voiture. Il me regarde en souriant, fier de voir ma réaction.

- Surprise !

- C'est... grand. Merci mon chéri.

Ma réponse n'est pas celle qu'espérait mon compagnon.

- Tu pourrais être plus enthousiaste. Ce n'est pas tous les jours que nous revenons sur Paris.

Il a raison. Je devrais l'être. Mince, je me remets à culpabiliser. Il faut que je me rattrape.

Edward se penche vers moi pour m'embrasser. Il s'apprête à se retirer quand je prends sa tête entre mes mains et reprends son baiser pour le continuer plus langoureusement. Il me suit en commençant à poser ses mains sur mes hanches. Je sens l'excitation monter à mesure que nos langues se caressent. Cela faisait si longtemps que nous n'avions pas partager un moment aussi plaisant. Est-ce vraiment lui qui me met dans cet état ?

Edward décolle ses lèvres des miennes.

- Allons continuer ce délicieux échange dans notre chambre.

Cette phrase me donne des frissons. C'est rare de voir mon homme être aussi taquin.

Nous nous exécutons et entrons dans ce splendide hôtel cinq étoiles. Le hall blanc est immense, parsemé de dorures de tous les côtés avec un lustre gigantesque pendant au plafond. La réceptionniste est aussi belle et lumineuse que cet endroit. Son blond platine colle parfaitement à la décoration. Une once de jalousie me picote quand je me rends compte qu'elle n'a pas détaché les yeux d'Edward depuis que nous sommes arrivés.

- Bonsoir monsieur, que puis-je faire pour vous ?

- Hum, je suis là aussi, rajouté-je.

La bonne femme se tourne vers moi, son sourire se changeant faussement.

- Veuillez m'excusez mademoiselle, j'ai parlé trop vite.

- Madame Jones, si vous le permettez.

Je sens le regard de mon compagnon se poser lourdement sur moi. Je fais mine de l'ignorer, gardant toute mon attention envers la blondasse comme je préfère l'appeler maintenant. Cette dernière a l'air interloquée. Elle se met à feuilleter son dossier en fronçant les sourcils.

- Il me semblait avoir vu monsieur Edward Jones et mademoiselle Gabrielle White sur la réservation. Je vais corriger cela tout de suite.

- J'espère bien, dis-je d'un ton sec.

C'est comme si des éclairs sortent de nos yeux. Elle finit par baisser les siens pour nous remettre la clé de notre chambre. J'ai gagné.

- Et voilà. Passez une agréable nuit au sein de notre établissement.

Je commence à ouvrir la bouche quand mon nouveau faux mari m'interrompt.

- Je vous remercie.

Edward prend la clé et ma main par la même occasion, qu'il presse un peu trop fort à mon goût. Nous prenons l'ascenseur et marchons jusqu'à notre porte en silence. La chambre est magnifique. Elle est si grande que j'aurai cru entrer dans un appartement. Je trouve cela un peu excessif pour y passer une seule nuit. Avant lui, je n'avais pas le même train de vie. Edward vient d'une famille assez aisée et moi... d'une famille, si je peux l'appeler comme telle, vivant dans une grande précarité. 

Mon compagnon se tourne vers moi les bras croisés, après avoir posé notre valise à côté du grand lit.

- C'était quoi ce numéro ?

- De quoi tu parles ? répliqué-je d'un air faussement innocent.

- Tu n'avais pas à lui parler comme ça, lance-t-il en me pointant du doigt, tu m'as fait honte.

- Je ne lui ai rien dit de mal.

- Arrête ce petit jeu Gabrielle, tu sais très bien de quoi je parle.

Je sens la pression monter. D'un côté il a raison, je n'ai pas à être jalouse de la sorte, surtout après... lui. Pourtant, je ne supporte plus qu'Edward soit aussi gentil et aveugle quand une femme lui fait du rentre-dedans. Si la situation était inversée, j'en aurai entendu parler pendant des semaines, alors pourquoi je n'ai le droit de rien dire ?

- Elle te draguait Edward ! Ouvertement et devant moi ! Il fallait bien que je réplique !

L'expression sur le visage de mon compagnon passe de la colère à la sidération.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Elle m'a à peine dit bonjour que tu as sorti tes griffes ! Elle ne m'a en aucun cas dragué et si c'était le cas, je suis assez grand pour lui faire comprendre que je ne suis pas intéressé.

Il a raison, ma réaction était un peu excessive, surtout après ce qu'il s'est passé et ce que j'ai ressenti au mariage de sa sœur.

- Je suis désolée, finis-je par me résigner après un court silence. Je n'aurais jamais dû utiliser le mariage comme excuse contre elle.

- Ce n'est pas auprès de moi qu'il faut que tu t'excuses.

- Alors là sûrement pas ! Elle doit être confrontée à des clients pires que moi.

- Ce n'est pas une raison Gabrielle. Je refuse de passer pour une personne d'aussi impulsive et malpolie.

- Ce n'est pas toi qui passes pour quelqu'un de mauvais mais bien moi alors tu n'as pas à t'en faire. On s'en fiche de ce que les autres pensent de nous. Nous ne resterons pas ici de toute façon.

- Tu m'as mis mal à l'aise tout à l'heure et je le serais encore demain en la recroisant.

- Et alors ? Elle t'a ouvertement dragué et j'ai répliqué fin de l'histoire. Tu ne penses vraiment qu'à toi.

Edward sort de ses gongs en se passant la main dans les cheveux, décoiffés par la fatigue de la journée.

- Je ne pense qu'à moi ? J'ai réservé cette somptueuse suite pour toi ! Pour te faire plaisir !

Il se tut un instant avant de reprendre plus calmement.

- Je t'ai toujours offert tout ce que tu voulais ! Tu n'as même pas à travailler ! Tu profites de tes journées alors que je trime comme un malade au travail pour satisfaire tes besoins ! Je ne veux plus t'entendre me parler ainsi, j'espère que c'est bien compris !

- On ne m'achète pas Edward !

Il se fige face à mes paroles. Ces mots m'ont profondément blessée. Il pense que rester à la maison à ne rien faire et être avec lui me suffisent mais non, je ne me sens pas comblée dans cette situation. Je n'ai pas besoin de ses cadeaux mais de sortir, travailler, vivre enfin ma vie et non la sienne. Je me sens comme une coquille vide depuis que nous avons emménagés. J'ai déjà essayé de lui en parler mais rien n'y fait. Il ne me comprend pas.

- Je vais dormir sur le canapé.

Je ne réponds pas, me contentant de le laisser s'enfermer dans la salle de bain. Je m'assieds sur le lit, le regard dans le vide. Moi qui pensais passer une merveilleuse journée, c'est décidément la pire de toute, émotionnellement parlant.

Edward sort de la douche après plusieurs minutes, une serviette nouée autour de sa taille. J'aperçois son V sortir de celle-ci et son corps joliment musclé. Je n'y toucherais pas ce soir.

Je prends un bain pour ma part. L'eau chaude me fait un bien fou. Elle me lave de tous mes péchés, sauf celui de la tentation. La culpabilité me ronge. J'ai osé faire une crise de jalousie devant mon conjoint malgré mon attirance pour ce beau brun. Je suis une horrible petite-amie.

Une fois séchée, je me dirige dans le grand lit vide. Edward est allongé sur le canapé à côté, les yeux fermés. Il dort peut-être ou alors il fait semblant. Peu importe, je préfère le laisser se reposer et attendre demain pour lui parler. Je sens que je ne vais pas fermer l'œil de la nuit, tiraillée entre ma dispute avec Edward et ma rencontre avec Adam. 

Between you two [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant