Chapitre 6

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Elle s'assit à côté de Silva et observa le bar réservé rien que pour eux. Il était très chaleureux avec son parquet en bois clair, ses murs beige, ses meubles sombres et ses lumières réglables selon le thème du soir qui variaient chaque jour. Pour ce soir, presque toutes étaient éteintes et celles qui étaient allumées se concentraient sur le comptoir, les plongeant dans une ambiance très intime.

Perla fut sortie de sa contemplation par l'arrivée de sa boisson. Elle remercia Pedro et but un coup avant de commencer son récit. A la fin, elle eut droit à deux réaction bien distinct. Tandis que Pedro avait de la peine pour elle, Silva éclata de rire. La demoiselle plissa les yeux.

- Pardon, Perlie, ne me regarde pas comme ça.

Elle gonfla ses joues, boudeuse.

- Moi, ça ne me fait pas rire.

Son éditeur passa une main dans ses cheveux poivre-sel avant d'argumenter :

- Je peux comprendre que tu le prennes mal. D'ailleurs si ma secrétaire osait me dire que j'avais des goûts douteux, même s'il fait -100°C dehors, je la mettrais à la porte. Pourtant, dans ton cas, c'est véridique : tu ne prends pas assez soin de toi. Et tu es CÉLIBATAIRE. Une fois mariée, je me demande comment cela sera.

L'écrivaine souffla par le nez.

- Qui te dit que je compte me marier ? Demanda-t-elle avec un air de défi.

Il haussa les épaules comme pour lui dire : "je n'en sais rien. Mais ce qui est sûr est que tu sais que j'ai raison". Et il conclut :

- Ce qui est sûr, c'est que tu finiras par avoir une relation. Avec qui ? Je m'en fous ! Il y a bien quelqu'un sur terre qui aime les sorcières.

Le barman le foudroya des yeux. Cet énergumène n'avait aucun tact et encore moins de considération pour les sentiments d'autrui. Alors Pedro tenta de rattraper sa bêtise en explicitant un peu plus les paroles de son ami.

- Je pense que ce que Silva veut dire est que : même s'il s'y est pris de la mauvaise manière, ton patron a essayé de t'exhorter à changer un peu tes habitudes de porter des vêtements au goût plus que discutables.

Bien qu'il lui souriait aimablement, Perla ne le prit pas de cette manière. Elle pensa juste que tous se liguait contre elle en ce jour. Comme aux autres avant, elle lui posa imaginairement des cornes de diable sur la tête avant de se défendre.

- Mais cela ne m'intéresse pas. C'est si superficiel !
- Dit la jeune femme qui peut passer une page entière à décrire au lecteur comment est vêtu son protagoniste et quel impact l'accoutrement peut avoir sur les autres personnages. N'oublie pas que je suis un de tes fervents lecteurs. Déclara fièrement Pedro.

Perla rougit un peu. Elle se sentait hypocrite. Il était vrai que dans ses histoires, elle voyait l'utilité de parfaitement habiller ses personnages.

Mais elle ? Qui était-elle ? Une jeune femme déjà paumée dans sa vingtaine, qui n'ose plus se regarder dans un miroir depuis qu'elle est sortit d'un harcèlement à cause de son physique à l'université. Une auteure qui se cachait de ses lecteurs par peur que ceux-ci ne l'identifient pas assez au profil de l'auteure sexy qui écrit des histoires qui font mouiller les culottes. Elle était juste elle. Perla, jeune et déjà monotone. Même ses histoires entraient dans un train de monotonie incomparable.

La seule femme de la pièce mit sa tête sur le comptoir.

- Je ne sais plus quoi penser. Je suis désespérée.

Elle entendit un fort soupir de la part du barman.

- Mi princesa, il est temps d'oublier, de combattre le passer. Tu ne peux pas continuer comme ça. Avant de prendre cette habitude de te vêtir n'importe comment, tu étais la jeune femme la plus élégante que je connaisse. Je sais que ton harcèlement y est pour beaucoup. Mais tu ne peux pas continuer à vivre dans le passé.

Perla, bien que consciente de la véracité des paroles de Pedro, grogna de mécontentement puis soupira avant de finalement dire :

- C'est bon. J'y penserai. Mais parlons d'autres choses, s'il vous plait. Je n'ai pas envie de gâcher ma soirée.

Le barman sourit. Il savait qu'elle comptait sérieusement y réfléchir. L'auteure n'était pas une personne qui effaçait les problèmes comme par magie de sa conscience. Si elle ne trouvait pas de solutions, elle y penserait pendant des semaines voire même des mois. Alors il accepta sa décision immédiate.

- Comment avance ton roman qui était censé sortir pour Noël ?

Silva déglutit difficilement, Perla lui jeta une œillade meurtrière et Pedro comprit.

"Que faire de toi, Rosà ? Toujours à jouer les divas avec des décisions plus que discutables. En parlant de choses discutables, je lui dit que son pull est d'un goût monstrueux ? Non, j'ai une femme et des enfants. Je suis trop jeune pour mourir (bien que j'aie déjà plus d'un demi-siècle)."

Le reste de la soirée se passa dans une ambiance plus légère avec des conversations passionnantes pour eux entre deux disputes des associés.

A la fin de la soirée, les deux hommes raccompagnèrent chez elle la jeune femme.

Perla retira son manteau qu'elle jeta négligemment sur son fauteuil, heureuse de retrouver son cocon. Elle continua à se déshabiller jusque dans sa chambre où, une fois la lumière allumée, elle fixa un point précis sur l'un des murs de sa chambre. Il s'agissait d'un objet couvert d'un drap blanc assez poussiéreux.

"Non, tu n'en as pas besoin. Tu es très bien comme ça." Lui chuchota une partie de son esprit.

"Ce sera déjà un grand pas. Jusqu'à quand pourras-tu fuir ?" Lui dit l'autre.

Elle décida de suivre la deuxième, saisit le drap et le retira lentement pour ne pas soulever la poussière et pour ne pas révéler l'objet maudit rapidement.

Office Love [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant