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Ce matin-là, il faisait plutôt frais. J'avais revêtu une robe chic, chose que je ne faisais pourtant jamais. Mais cette fois, je le faisais pour elle, pour Izéa, pour ma meilleure amie.
Toute ma famille était là, celle de ma meilleure amie aussi. C'est un grand moment, mon frère Eliott, le petit ami d'Izéa était stressé, il regardait ses chaussures depuis cinq bonnes minutes. Nous étions tous dans cette grande salle, assis sur des bancs en bois installés les uns devant les autres attendant l'arrivée d'Izéa. Un homme vêtu d'une longue tunique noir se tenait sur une estrade en compagnie de mon frère. J'avais les mains moites, c'était la première fois que je vivais ça, je n'avais jamais assisté à ce genre de cérémonie. J'étais dorénavant une adulte et j'allais sûrement en voir d'autres mais celle-là serait sûrement la plus mémorable car ma meilleure amie était à l'honneur.

Après un certain temps d'attente, Messieurs Davies, le père et l'oncle d'Izéa arrivèrent avec elle. Elle était extraordinairement belle dans sa longue robe blanche. Izéa avait un bouquet d'arômes colorés à la main, ses fleurs préférées. Ses longs cheveux bruns et bouclés encadraient son visage métisse. Je la regardais depuis le premier rang et j'en avais le souffle coupé. J'aurais aimé me jeter dans ses bras mais je me reteins, me contentant de lui faire un signe de main. Je jetais un coup d'œil à sa famille. Madame Davies, sa mère avait des larmes sur les joues et avait porté un mouchoir à sa bouche. Le reste de la famille était ému.
Ma meilleure amie était calme, un léger sourire s'étalant sur ses lèvres. Une fois l'arrivée d'Izéa sur l'estrade, mon frère ne pouvait s'empêcher de la dévorer des yeux.
L'homme en noir dont je ne me souvenais plus du nom, fit son habituel discours mais je n'écoutais pas vraiment, j'essayais de redonner du courage à mon frère. Je sentais peu à peu des larmes me monter aux yeux  pendant qu'Eliott prenait la parole :

"- Aujourd'hui c'est la journée où tu peux te sentir comme la princesse que tu es Izéa et je voudrais te dire ces quelques mots. Tu sais que je t'ai toujours aimé et que je ramais pour me frayais un chemin dans ton cœur. Quand nous avions dix ans, j'avais l'étiquette du frère énervant de ta meilleure amie mais je n'arrêtais pas de te demander de sortir avec toi. Bien sûr tu refusais à chaque fois et moi je persévérais. Quand on a eu quinze ans, j'ai réussi à décrocher un rendez-vous avec toi, au parc près de chez nous. Puis quelques mois plus tard, nous nous sommes mis en couple et à aucun moment je ne regrette de ne jamais avoir cessé de te demander de sortir avec moi. Car j'ai eu la chance immense de te connaître sous toutes tes facettes. Tu es une fille drôle bien que ton humour soit parfois décalé, tu es une fille généreuse, gentille, intelligente, qui adore faire la fête et c'est pour ça que je t'aime... "

Il prit une grande respiration, se tourna vers les invités avant de reprendre :

"prenez tous exemple sur la femme qu'est Izéa, elle était prête a tous pour les autres bien que ça ait amené à sa perte. Oui aujourd'hui, Izéa n'est plus là. Oui, nous avons perdu une petite amie, une fille, une cousine, une nièce, une amie, une meilleure amie mais Izéa reste avec nous, dans nos cœurs et continue à vivre par nos paroles et nos souvenirs alors je vous demande de ne pas oublier Izéa, dont nous sommes tous très fier et que nous aimons énormément. "

Puis Eliott, en larmes, embrassa une dernière fois les lèvres d'Izéa. Je me précipite en courant vers le cercueil noir verni de ma meilleure amie défunte. J'éclate en sanglots et me mets à genoue pour lui prendre les mains. Ma respiration est saccadée et des grosses perles d'eaux salées dévalent mes joues rouges. Je mouille le visage d'Izéa avec mes larmes en me rappelant de tous ces beaux souvenirs que nous avons ensemble. Izéa n'avait que vingt-trois ans quand elle est morte. Aujourd'hui est le deuxième jour le plus triste de ma vie, le premier étant le jour de sa mort, le jour où j'ai vu la lumière s'éteindre dans ses yeux.

Lorsque l'on m'avait demandé si je l'avais vu mourrir, j'avais répondu non car ça aurait été trop lourd d'être celle qui aurait dit la vérité.

Je jetais un rapide coup d'œil à mon frère et à Monsieur et Madame Davies, tous en train de pleurer Izéa. Je me sentais coupable de ne pas leurs dire la lourde vérité sur la mort de ma meilleure amie.

Pour Eliott et Monsieur et Madame Davies, j'étais désolée.

𝑺𝒐𝒓𝒓𝒚 | ᴺᵒᵘᵛᵉˡˡᵉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant