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Cette journée, le jour où Izéa est partie, je m'en souviens comme si c'était hier alors que c'était il y a plus d'un mois. Inconsciemment, je me mis à me remémorer cette journée que je m'étais promis d'oublier.

C'était une journée chaude de fin août, avec Izéa, nous voulions aller faire la fête à la boîte de nuit de notre ville pour célébrer la fin des vacances. Nous en avions parlé sous le saule pleureur toute la matinée et avions imaginé tout un tas de scénarios possibles, mais jamais nous ne nous serions douté de celui qui s'est produit.

Pour nous préparer, nous étions allés chez Izéa et mon frère qui avaient un appartement ensemble. Je portais un combi-shirt rouge avec des baskets à talons, j'avais noué mes cheveux en une queue de cheval et j'avais laissé deux mèches devant. Mon maquillage était léger, j'avais seulement du rouge à lèvres et du mascara. Izéa, elle avait fait beaucoup plus d'efforts, elle s'était acheté une robe bleue foncé sans manches lui arrivant au genoux et avait des chaussures à talons ouvertes de la même couleur. Elle avait coiffé ses longs cheveux bouclés en deux tresses collées lui arrivant aux reins. Son maquillage, bien que léger lui allait parfaitement bien. Cela lui changeait vraiment de sa habituelle salopette bleue tachée de peinture et décorée de patch par-dessus un crop-top coloré.

Pour y aller, nous avions pris leur voiture, à Elliot et à elle. Le trajet avait été plutôt court et dans la voiture, nous avions chanté comme des folles sur du Beyoncé, la chanteuse préférée d'Izéa. Une fois arrivées à destination, nous avions admiré la façade foncée de la boîte de nuit d'où se reflétait de nombreux éclats de lumière. Nous avions réussi à rentrer dedans sans problème et nous étions amusés comme de vraies folles ! C'était mémorable, nous avions rencontré plusieurs personnes adorables. N'aimant pas ça, je n'avais pas touché à l'alcool, contrairement à Izéa.

Vers une heure du matin, nous sommes sorties de la boîte car la trop forte musique m'avait donné la migraine. Dehors, il faisait très sombre, seuls les lampadaires et la lumière de la fête illuminaient la rue de notre petite ville. Quelques adolescents parlaient et jouaient ensemble sur le trottoir. Izéa ayant conduit à l'aller et ayant bu, je l'avais supplié de me laisser le volant malgré le mal de tête qui me faisait voir des taches de lumière. Je m'étais assise sur le siège du conducteur, attendant que ma meilleure amie vienne sur celui du passager. Une fois que ce fut fait, j'avais démarré ne remarquant pas le garçon qui s'était précipité sur la route pour récupérer le ballon qu'il avait laissé échapper. Izéa avait alors directement ouvert la portière et c'était jeté sur l'adolescent devant la voiture en le poussant sur le trottoir. Réalisant ce qu'il c'était passé, j'avais tourné le volant d'un coup sec pour tenter une esquive mais il était trop tard, le bruit sourd me fit comprendre avec horreur que j'avais tamponné ma meilleure amie et je vis sa silhouette s'écrouler.

Je n'arrivais plus à respirer, j'avais chaud, la situation m'empêchait de réfléchir, mon cerveau était en pause. Je sortis à la hâte de la voiture, laissant la portière ouverte, je courus vers ma meilleure amie, étendue sur le sol. Je pris son pouls comme je l'avais vu dans ces films Américains, il ne battait plus. Son corps était froid et elle ne respirait plus. Je la regardais, espérant que ce soit une blague ou un rêve mais c'était réel, bien réel. J'avais... fait du mal à ma meilleure amie. Je refusais d'admettre qu'elle était morte, c'était comme si ça officialiserait la chose et que si je ne me le disais pas, elle reviendrait. Mais ce n'était pas le cas et pire que ça, c'était moi qui l'avais tué, même si c'était un accident, c'était de ma faute.

Un cri perçant m'avait fait revenir à la réalité, une fille du groupe d'adolescents qui avaient vu la scène criait à plein poumon, horrifiée de ce qu'elle venait de voir. Deux filles et un garçon pleuraient les uns contre les autres, le reste de la bande regardaient bouche bée tandis que le garçon qui voulait récupérer son ballon chuchota un remerciement pour Izéa qui l'avait sauvé. Ce garçon, j'eut soudain envie de l'étrangler. S'il n'avait pas été assez débile pour se mettre en danger pour un satané ballon, Izéa serait toujours là et nous rigolerions dans la voiture. Puis j'avais réalisé que j'étais la seule à qui on pouvait en vouloir, c'était de ma faute. De ma faute à moi et à moi seule.

Comme si je venais de me réveiller d'un cauchemar, je me retrouvais dans le parc qui auparavant était si coloré mais qui avait perdu toute couleur à mes yeux. Izéa était morte par ma faute.

Pour Izéa que j'avais tué et ces adolescents que j'avais traumatisés, j'étais désolée.

𝑺𝒐𝒓𝒓𝒚 | ᴺᵒᵘᵛᵉˡˡᵉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant