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Par ma faute... cela fait déjà un mois mais je n'arrive toujours pas à m'y faire. J'ai l'impression qu'Izéa va venir sonner à ma porte en me disant qu'elle est simplement partie en vacances à Tahiti comme elle en avait toujours rêvé. Mais je sais que c'est faux. J'ai l'impression que mon monde s'écroule autour de moi, mais en soi, c'est vrai. Izéa était le pilier du temple qu'est ma vie mais maintenant qu'elle... qu'elle n'est plus là, mon temple tombe en ruine.

Je ne comprends plus rien, je suis dans la lune tout le temps. Tout est flou, je n'arrive plus à prendre de décision moi qui avait pourtant toujours été très débrouillarde...
J'ai tout le temps envie de pleurer et tout me la rappelle. Je n'ai plus envie de manger, je n'ai même plus envie de me lever. J'aimerais rester dans mon lit pour toujours. Je ne veux plus rien, je n'ai plus aucune ambition, plus aucun but. Je ne me suis pas présentée en cours depuis la rentrée. Je rêvais d'être avocate mais maintenant, je ne rêve plus. Avec elle, la vie avait des saveurs, toutes plus différentes les unes que les autres et j'adorais les découvrir, maintenant elle n'en a plus aucune, comme de l'eau. Elle m'aurait dit que ce qui est arrivé devait arriver, que c'était le destin. Eh bien je haïs le destin, du plus profond de mon être. Il est cruel, abominable, si c'était une personne, je l'aurais frappé avec une poêle. Une infime partie de moi-même me dit que ce n'est pas ma faute, que je n'ai pas fait exprès, que je n'ai pas à m'en vouloir mais le reste est persuadé du contraire.

Un parapluie noir volant, porté par le vent et s'étant accroché aux feuilles du saule pleureur me fait sortir de mes sombres pensées. Je l'attrape et me faufile dehors. Je n'ai même pas l'impression de le voler car je sais que je n'en aurai besoin que pour quelques instants. Je sors du parc et traverse les rues de ma ville, une seule pensée en tête. Je suis seule dehors, hormis les rares personnes assez courageuses pour sortir par un temps pareil. Je trace, sans regarder autour de moi. Je me rends à la gare. Une fois arrivée, je m'avance vers les railles et me place juste à côté, sur la haute marche. Je n'ai plus envie de vivre. Je saute et me place sur les railles, attendant mon arrêt de mort. Je lâche le parapluie qui continue sa course folle dans les airs. J'aimerais tellement pouvoir voler comme lui. Je vois les lumières du train se rapprocher. Je vais rejoindre Izéa.

Pour tous mes proches qui me connaissent, moi et ma lâcheté, je suis désolée.

𝑺𝒐𝒓𝒓𝒚 | ᴺᵒᵘᵛᵉˡˡᵉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant