Chapitre 2

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Bien évidement que ça fait un bail. Caroline a quitté le domaine familiale, un soir de Noël, il y a cinq ans et depuis elle n'y a jamais remis les pieds. Un de ses sourcils est levé à la recherche d'une explication. Ses bras sont croisés sous sa poitrine. Je sais qu'elle est en train de perdre patience. 

- Je suis désolée Caroline. Je ne savais pas vers qui me tourner.

- Et cela te donne le droit d'entrer dans mon bureau et de faire une scène digne des plus grands films dramatiques !

Mes yeux se remplissent de larmes immédiatement. Comment ai-je pu croire après toutes ces années qu'elle me viendrait en aide après tout ce que nous lui avions fait.

- Je suis désolée. 

Ma voix est à peine audible. Je suis épuisée et je ne vois pas comment je vais me sortir de là. 

- Tu l'as déjà dit !

- Je ne savais pas où aller.

- Ça aussi tu l'as déjà dit Lou !

Lou ! Cela fait une éternité que l'on ne m'a plus appelé ainsi. Caroline a toujours été une personne à part dans cette famille. Alors que tout le monde avait une froideur extrême, elle était la seule à être douce et maternelle. J'appréciais beaucoup son contact au domaine et je pense même qu'elle a toujours été bien plus proche de moi que ma propre mère. 

- Bon, écoute, il est tard. Je vais appeler un taxi pour qu'il te ramène dans un de ces hôtels de luxe que tu aimes tant ! Je n'ai plus rien à voir avec cette famille et je suis désolée mais je ne peux pas t'aider.

- Non ! Je t'en prie. 

Sans m'en rendre compte, j'avais bondi de ma chaise et je tenais son téléphone qu'elle était prête à utiliser pour m'évincer.

- S'il te plaît ! Il ne faut pas qu'ils me retrouvent. Je t'en supplie.

Mes mains se porte à ma bouche et mes larmes coulent à présent comme si on venait de casser la vanne d'un robinet. Mon crâne est prêt à exploser. Mes sanglots sont à présent bruyants et je retombe sur ma chaise avant de m'écrouler car je ne contrôle plus mon corps.

- Louise, écoute, je ne sais pas si tu as pris de la drogue ou si tu as bu, mais je ne t'ai encore jamais vu comme ça, je vais appeler le domaine.

- Non! Je t'en supplie. Ils ne doivent pas me retrouver ! Je t'en prie.

Elle respira profondément et tira une chaise près de la mienne.

- Bon Louise, écoute, ça fait quoi quatre ans qu'on ne s'est pas vu ?

- Cinq!

- Ok peut être bien cinq ans ! Alors est-ce que tu peux m'expliquer ce que tu fais ici ?

Mes yeux se sont ouverts et mon regard chercha le sien. Même si je ne peux pas tout lui raconter, il faut qu'elle me protège. 

- Parce que je ne suis pas comme eux ! Et je ne peux pas, je ne veux plus jamais y retourner !

- Et merde. Il ne manquait plus que ça . Lou, tu fais partie d'une des familles les plus riches de ce pays, tu as tout ce que tu veux, pourquoi diable, ne veux tu pas y retourner ? Ton papa a refusé de t'acheter la dernière voiture à la mode ?

Sa dernière remarque me brise le cœur. Comment une personne peut comprendre ce que je vis. J'ai une vie de rêve en apparence alors personne ne comprendra, même pas elle. Pourtant, j'étais persuadée que s'il y'avait une personne dans ce monde qui me comprendrait, ce serait elle.

- Laisse tomber. J'aurai du m'en douter ! A quoi bon ? Tu étais la seule à pouvoir m'aider mais visiblement tu ne le feras pas, alors je vais me débrouiller toute seule.

Tant que l'océan nous sépareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant