Tant que l'océan nous sépare

Chapitre 5

Nous étions installés dans l'avion et Salomé, bien évidemment, avait pris place à côté de moi. J'avais arrêté de l'écouter à l'instant même où elle avait commencé à me raconter toutes les histoires qui s'étaient passées l'année dernière. Cette fille parlait clairement trop et j'angoissais déjà de faire dix heures de vol à ses côtés. Samuel, le plus calme du groupe était lui aussi assis à côté de moi. Il avait un caque sur les oreilles ce qui n'arrangeait pas mes affaires. J'étais contrainte de faire semblant de l'écouter pour ne pas la vexer.

- Salomé, tu veux pas, un peu, fermer ta gueule !

Oh mon dieu. Il était mon sauveur. Ce Hugo, sûrement saoulé autant que moi par son monologue, venait de la couper dans son élan. Elle pesta mais se tut enfin, en faisant la tête. Il l'avait regardé avec un regard mauvais. Hugo était assis juste devant nous avec Eliot et Margot, qui étaient visiblement tous les deux en couple au vue des nombreux roulages de pelles que je pouvais observer. Anaïs et Lola étaient, elles deux, assises devant eux.

Lola se retourna et se mit a genoux sur les sièges. Elle administra une claque à Hugo !

- Hugo, laisse la tranquille ! Et puis tu vas faire peur à la nouvelle.

- Justement, je voulais l'épargner ! Qui lui a laissé cette place de merde ? Salomé qui lui casse la tête d'un côté et Sam qui ronfle de l'autre. Sans déconner.

Tout le monde se mit a rire sauf Salomé qui était fâchée. Visiblement, ce Hugo était le rigolo de la bande et aussi le beau gosse. Il était grand et surtout bien bâti. Il avait beaucoup de charme et il le savait. Je pense d'ailleurs que Lola en craquait pour lui. En moins d'une heure, j'avais déjà dressé le comportement et la place de chacun dans le groupe.

Le voyage avait été long et inconfortable. A peine quinze minutes après le décollage, mon voisin de droite s'était endormi me laissant seule avec la pipelette. Hugo faisait clairement du rentre dedans à Lola qui rigolait à chacune de ses blagues minables. Anaïs et elle se faisaient des messes basses. Quant au couple, fou amoureux devant moi, ils n'avaient pas arrêter de se relécher tout le long du vol. J'en avais appris plus sur eux. Salomé m'avait fait un contre rendu complet sur chacun, après être sortie de son silence. Margot et Eliot s'étaient mis en couple au bout d'un mois, après leur arrivée, l'année dernière. Hugo s'était tapé la moitié des filles de New York avant de se rendre compte que Lola était raide dingue de lui et apparemment c'était réciproque même si leur relation était encore au point mort. Samuel était le plus sérieux et surtout le plus studieux de la bande. Mais visiblement lors des soirées, il savait s'amuser. Enfin Anaïs était en couple avec un américain qu'ils avaient rencontrés lors d'une soirée dans un bar et depuis tout le monde traînait en bande.
Le pire dans ce vol avait été l'inconfort que j'avais ressenti. Je n'avais jamais pris de vol en classe économique de toute ma vie. J'avais été habituée, depuis toute petite, à faire mes voyages dans des avions privés. Pour un nouveau départ, Caroline, s'en est un !

Lorsque les hôtesses de l'air nous confirmèrent que nous pouvions détacher nos ceintures, je fus soulagée. Je n'avais qu'une seule envie, m'enfermer dans ma chambre et dormir. Cela faisait quatre jours que je souffrais d'insomnie et que toutes mes nuits étaient rythmées par le même et unique cauchemar. Un frison me parcourut toute la colonne vertébrale. Pas maintenant, Louise, pas maintenant ! Je fermais les yeux et respirais profondément. Je ne pouvais pas me mettre à fondre en larmes au beau milieu de cet avion avec tous mes futurs colocataires. Je pris sur moi, même si je savais que je ne pourrais pas contenir mes larmes éternellement.

Nous étions descendu de l'avion et après avoir récupéré nos bagages, nous étions sortis de cet immense aéroport. Le vent était plus froid qu'en France et cela m'avait permis de rafraîchir mes joues qui devaient être rouges tellement j'allais exploser. Je rêvais de m'isoler. Nous attendions quelqu'un mais je ne compris pas qui. Tout le monde parlait d'aller à tel endroit et de commencer par faire si ou ça. Moi, je n'avais qu'une envie, trouver ma chambre et m'y enfermer.