Chapitre 1 - Pamina

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PARTIE 1 - SEPARATIONS


Tic. Tac. Tic. Lentement, le bruit des cloches s'amenuisit et se transforma, plus aiguë, plus léger... Pamina se réveilla en sursaut, couverte de sueur et le corps tremblant. Dans un semi-sommeil, elle repoussa les couvertures à coups de pied et fut debout avant même d'avoir eu le temps de s'en apercevoir. Elle fit quelques pas hésitants sur le carrelage froid, la vue brouillée, le cerveau embrumé. Elle se frotta les yeux ; la fraîcheur des paumes de ses mains la ramena à la réalité. Tic, tac, fit son réveil, comme pour la narguer, alors que les dernières bribes de son rêve s'effilochaient dans l'obscurité de la chambre. Elle tenta vainement de se raccrocher aux images qui lui restaient, informes, insaisissables, et de plus en plus dénuées de sens. Il y avait une assemblée...des cloches...un palais ?

Elle grogna avant de se mordre la langue et de sortir à tâtons. Elle referma avec précaution la porte de la chambre derrière elle, et longea le couloir, éclairé par la seule lueur bleutée qui brillait au bout de ses doigts.

Alors qu'elle arrivait au salon, elle fut surprise de voir la lumière allumée filtrer sous l'interstice de la porte de l'Atelier. En poussant le battant, elle s'aperçut que quelqu'un l'y avait déjà précédé. Les mains appuyées sur la table, Gaëtan examinait avec une grande attention l'immense plateau de plomb sur lequel il avait posé diverses pierres ainsi qu'un fatras impressionnant de notes manuscrites. Il y jeta un coup d'œil dédaigneux en grommelant quelque chose dans une langue que Pamina ne connaissait pas mais qui sonnait toutefois fort comme un juron.

Parfaitement réveillée désormais, Pamina s'approcha de lui en silence et jeta un regard par-dessus l'épaule du jeune garçon.

''Et tu arrives à te relire ?'' , commenta-t-elle d'un ton pince-sans-rire en balayant les notes du regard.

Gaëtan sursauta, et quelques papiers tombèrent de la table alors qu'il se tournait brutalement vers elle.

"Ça va pas la tête ? Préviens la prochaine fois !'', fit-il, une main sur la poitrine.

Pamina ricana : -''Te prévenir que je rentre dans une pièce commune ?''. Il leva les yeux au ciel avant de se baisser pour ramasser les papiers tombés au sol. Il secoua un des carnets pour retirer la poussière de sa couverture. Pamina se baisse à son tour pour l'aider et prit le carnet : - "C'est du cuir ?'', grimaça-t-elle, ''tu es sûre que Nolwenn apprécierait ?''. Gaëtan haussa les épaules et lui reprit le petit cahier des mains pour le poser sur la pile de carnets à la couverture similaire.

"Elle s'en remettra'', dit-il simplement.

Pamina sourit et s'approcha de la table : - "Sur quoi tu travailles si tard ?''. Le jeune garçon soupira : - "Je voulais voir si je pouvais transmuter l'énergie de la tourmaline à l'intérieur du calame runique sans avoir à la réduire en poudre, mais elle reste insaisissable.''

"Not gonna lie", fit la jeune fille d'un air amusé, "j'ai rien pigé à ton charabia là". Gaëtan

sourit à sa sœur jumelle et dit simplement : - "Je fais encore des expériences, si tu préfères. Je suis presque à bout de l'une d'elle, mais je ne parviens pas à l'achever."

Pamina hocha la tête en examinant le plateau de plomb sur lequel Gaëtan travaillait ; il s'agissait d'un grand disque sombre, sur les bords étaient gravés de nombreux symboles que la jeune fille ne connaissait pas. Son frère avait bien essayé de lui expliquer, elle n'avait jamais réussi à en retenir un seul.

Dessus, Gaëtan avait posé une tourmaline de la taille d'un poing ainsi qu'un long calame argenté. Le disque de plomb était le seul endroit propre de la table ; partout autour, le jeune homme avait empilé poudres, bocaux, pierres et feuilles volantes autour de piles instables de carnets. En s'approchant comme pour regarder le calame de plus près, Pamina jeta un coup d'oeil à son frère alors qu'il se passait la main dans les cheveux d'un air frustré : il avait les traits tirés, et ses vêtements n'avaient vraisemblablement pas été changés depuis plusieurs jours. Son pull gris était tâché à plusieurs endroits, et il avait fait tomber une de ses fameuses poudres -orange cette fois-ci - sur sa manche droite. Cela faisait des semaines et des semaines qu'il travaillait sur ce projet, et il ne semblait toujours pas en voir le bout.

Les Six Mages - T1. Les Mystères du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant