UN NOUVEAU DÉPART | • Tom Hiddleston •

TOUTES LES LARMES DE MON COEUR

Je suis étendue sur le sol de la douche, le souffle court, incapable de réfléchir, ni de bouger, mon corps meurtri. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, nue, souillée, à regarder le plafond sans pouvoir faire le moindre geste. Mes larmes ne coulent plus... Je pense avoir déversé toute l'eau présente dans mon corps ou alors je n'y arrive simplement plus. J'ai mal... Physiquement mais surtout mentalement. Je me sens sale, dégradée, déshonorée... J'ai cette douloureuse impression que mon corps m'a été dérobé, qu'il ne m'appartient plus et qu'il ne m'appartiendra plus jamais. Et surtout, je le sens lui... je le ressens au plus profond de moi. Il est parti depuis quelques temps maintenant mais j'ai l'impression de le sentir encore en moi, s'immisçant dans ma chair et dans mon âme...

J'ai froid contre le carrelage de la douche. Mon corps est secoué de spasmes et de tremblements mais je n'arrive toujours pas à bouger. Je ressens une honte immense. Je me surprends à me détester, à détester ce corps, à détester mon être... Et surtout, je m'en veux terriblement. Je m'en veux de ne pas avoir été prudente, d'avoir ouverte cette porte... Je m'en veux d'avoir été naïve et bercée d'illusion, de m'être laissée exposée, de lui avoir permis de me retrouver. Tout est de ma faute et je ne peux en vouloir qu'à moi-même...

Et surtout je m'en veux pour Tom, de lui infliger ça... De lui infliger d'aimer une carcasse sans vie, un cadavre sans âme. Car c'est ce que je suis maintenant... Je ne suis plus rien qu'une enveloppe vidée de toute humanité...

Le temps passe sans que je ne me rende compte de sa durée. Je finis par me redresser avec peine, mon corps encore endolori. Je retire difficilement le morceau de tissu qui me cisaille encore la bouche. Assise au milieu de la douche, je n'arrive pas à me relever plus, mes bras ne supportant pas le poids de mon corps. Je me recule vers l'arrière me laissant glisser sur le sol et me blottis dans le coin de la douche, les jambes remontées le long de ma poitrine. Je me serre le plus possible contre le mur dans le coin. Je me presse tellement qu'on pourrait croire que je cherche à être aspirée par la parois carrelée et disparaitre...

Je reste dans cette position un temps qui me semble être une éternité. Je ne bouge toujours pas, attendant que quelque chose se passe, que mon corps réagisse, que je me mette à hurler, à pleurer de nouveau... J'attends simplement que le souffle de vie revienne en moi mais je n'ai pas le courage de l'attiser.

Après un très long moment dans le silence le plus complet de cette salle de bain, j'entends du mouvement à l'entrée de la chambre. Mon corps se crispe de nouveau avec force et je resserre encore plus mes jambes contre moi. J'entends la poignée être actionnée puis la porte frotter contre la moquette de la chambre.

- Chloé ?

J'entends mon nom être appelé. Je l'entends le prononcer et je ne veux pas qu'il me voit dans cet état. J'ai soudain un éclair de lucidité et commence à paniquer que Tom me découvre comme ça, prostrée dans la douche, le corps agressé et l'âme fracassée. Mais je ne peux toujours rien faire. Mon corps ne répond plus aux ordres que lui envoie mon cerveau.

J'entends la porte d'entrée de la chambre se refermer dans un claquement sonore. Je sursaute avec force.

- Chloé ?, appelle de nouveau Tom.

Je l'entends déposer ce que je soupçonne être le badge de la chambre sur la table. Le badge de la chambre... Bien sur, Tom avait son propre badge. Pour revenir dans la chambre, il n'aurait sans doute pas frappé à la porte. Je me sens instantanément encore plus stupide d'avoir facilité l'action de mon prédateur.

J'entends les pas de Tom se diriger vers la salle de bain tranquillement. Je ne bouge toujours pas.

- Chloé !!!, s'écrit Tom avec force, sa voix tremblotant sous l'effet de la panique.