Chapitre 5

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Le quinze septembre, jour de la rentrée scolaire, je me lève avec la nausée. Je suis tellement stressée qu'une boule s'est formée dans ma gorge. La veille, je n'ai rien pu avaler et, ce matin, je me force à boire un verre de lait chocolaté. Et si je n'assurais pas ? Et si mes élèves ne m'acceptaient pas ? Si je ne parvenais pas à me faire respecter ? Je n'ai pour ainsi dire aucune expérience, et je me retrouve face à de jeunes gens d'une culture différente de la mienne. Le directeur m'a laissé en charge cinq classes et je vais rencontrer tous mes élèves en ce premier jour. L'angoisse...

Le début des cours est annoncé à huit heures mais, par crainte d'être en retard, je me rends à l'école avec une bonne demi-heure d'avance. Dix minutes avant la sonnerie, je me dirige vers le local renseigné sur ma fiche, dans l'attente de mes premiers étudiants, qui finissent par entrer dans un désordre tout à fait acceptable. Tous me saluent poliment et attendent patiemment derrière leur siège que je daigne les inviter à s'asseoir, ce que je fais une fois tout ce petit monde en place.

Je commence par me présenter et leur explique d'où je viens dans ma langue maternelle, en veillant à ne pas parler trop rapidement. J'observe leurs réactions afin de guetter une possible incompréhension, mais je ne vois rien de cela. Non, ils m'écoutent tous très attentivement, et paraissent saisir la majeure partie de mon discours. Je les interroge ensuite individuellement afin d'être à même de les différencier. Il me faudra un certain temps avant d'assimiler le prénom de chacun d'eux, d'autant plus que mes élèves sont de plusieurs nationalités.

Quelques étudiants portent des tatouages bien visibles mais n'en sont pas encore au stade du développement des pouvoirs. Tarik, un jeune garçon de treize ans, arbore un dessin très sophistiqué autour de son cou. Il est très imposant, et ne passe pas inaperçu. Je me demande bien quelle sera sa capacité.

Tous mes élèves ne sont pas des wierungs, il y a bien entendu des humains lambda. J'ai remarqué qu'ils se parlaient de façon cordiale, mais que des groupes avaient tendance à se former. Ainsi, à la pause déjeuner, ils ne se mélangent pas entre eux. J'ai le sentiment qu'il y a des distances qui se sont imposées d'elles-mêmes.

Lors de cette première journée, j'ai l'occasion de rencontrer d'autres professeurs ; au moins la moitié du corps enseignant est composée de wierungs. Parmi ceux qui me font la meilleure impression, je peux citer Aymeric Jonas, professeur de physique. Pour mettre à l'aise, il n'y a pas mieux que ce personnage très atypique ! Très sûr de lui, c'est le genre de gars à vous prendre sous son aile et à lancer des blagues ci et là pour vous dérider.

Je suis également présentée à Miguel Lopez, professeur d'espagnol, wierung de surcroît, et bel homme. En outre, il possède ce petit accent méditerranéen terriblement chaud et sexy ; un régal pour les sens. Je crois que je lui ai fait une forte impression car il n'a cessé de me nommer Guapa, un terme affectueux signifiant « jolie fille ». Cela m'a d'ailleurs valu la jalousie de Scarlett Branson, professeur de mathématiques. Fort peu agréable avec moi, je l'ai surprise à me dévisager de bas en haut à plusieurs reprises. Je ne m'en ferai certainement pas une amie !

Inutile de dire qu'à la fin de la journée, je me suis retrouvée sur les rotules ! Je ne crois pas avoir été aussi épuisée de ma vie ! Toutes ces nouvelles choses à apprendre, toutes ces rencontres, la peur de ne pas être à la hauteur, l'envie de ne pas décevoir... Tout cela m'a demandé une énergie incroyable !

Le mardi, je n'ai cours que quatre heures ; le matin, je devrai me lever tôt mais j'aurai l'après-midi pour me reposer et faire quelques courses. J'aimerais beaucoup me rendre à nouveau au centre-ville pour faire un peu de shopping. Les températures se réchauffent peu à peu, et je dois bien admettre que ma penderie manque de robes.

Forbidden Love : T1 : Love me (Bookmark Edition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant