Chapitre 2

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Je ne me suis pas trompée, un homme m'attend bel et bien.

— Salut ! Tu es Éléa Dumarchand ? m'accueille-t-il chaleureusement.

— Bonjour ! Effectivement, à qui ai-je l'honneur ?

— Je m'appelle Richard. Tu as fait bon voyage jusqu'ici ?

— Oui, ça va, c'est tout de même très long. Par contre, je meurs de faim !

— Ne perdons pas de temps, alors, allons manger quelque chose.

Nous nous rendons d'un bon pas dans le restaurant de l'aéroport. Onze heures de vol dans les pattes, ça creuse et ce n'est pas les quelques biscuits grignotés çà et là et la nourriture exécrable de l'avion qui ont réussi à me caler l'estomac. Je jette mon dévolu sur le nasi goreng, un plat typiquement indonésien et Richard m'accompagne, alléché par la délicieuse odeur de riz frit.

Durant notre repas, nous échangeons quelques mots sur la suite du voyage ; j'apprends ainsi qu'il y a encore onze heures qui me séparent d'Utricia. Mon Dieu, que c'est long ! Je serai vraiment contente d'arriver à destination ; c'est la première fois que je passe autant de temps dans un avion et c'est loin d'être une partie de plaisir !

— Alors comme ça, monsieur Mauricio t'a engagée en tant que professeure de français pour son collège, fait-il remarquer.

— Oui. C'est mon premier emploi. C'est également la première fois que je me rends en Utricia, expliqué-je, une pointe d'anxiété dans la voix.

— Déstresse ! Tu verras, tu vas te plaire dans notre pays ! Franchement, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Utricia est un endroit où il fait bon vivre, les gens sont souriants, le soleil est omniprésent, la nature et la mer sont à portée de main... C'est un vrai paradis sur terre !

— Tu y as toujours vécu ?

— Non. Mes parents sont originaires des États-Unis et je n'habite en Utricia que depuis une petite dizaine d'années. J'avais vingt ans quand j'ai débarqué ici. Au début, j'étais serveur dans un restaurant thaï. Ensuite, j'ai suivi une formation en carrosserie, et j'ai été engagé dans un garage. Je ne suis au service de monsieur Mauricio que depuis deux ans.

— Ah ! Et quelle est au juste ta fonction ? Tu es aussi professeur ?

— Non, pas du tout, dit-il, visiblement amusé par ma question. Je suis en quelque sorte son homme à tout faire. Je m'occupe de différentes tâches de la vie quotidienne, pour alléger l'emploi du temps du boss. Je lui sers également de chauffeur à l'occasion. Il a toute confiance en moi et c'est pour ça qu'il m'a choisi pour te mener à bon port.

Il en profite pour me gratifier d'un clin d'œil.

— Je ne l'ai vu qu'une seule fois, mais il m'a fait une drôle d'impression. Il est un peu... étrange, non ?

— C'est un wierung, Éléa. Mais je pense que tu t'en doutais, non ?

— Oui, un peu. Je lui ai posé la question, mais il est resté très évasif et je n'ai pas eu l'occasion de voir son tatouage.

Richard s'esclaffe d'un rire franc.

— Ça ne m'étonne pas de lui ! Il aime cultiver son côté mystérieux. En ce qui concerne son tatouage, il est pratiquement invisible car il se trouve à l'arrière de sa tête, caché sous sa masse de cheveux noirs. Il s'agit d'un oiseau, plus précisément d'un pivert. Il est capable de provoquer de violentes migraines chez son interlocuteur. Personnellement, je n'en ai jamais fait les frais, mais je l'ai déjà vu exercer son pouvoir sur certains élèves récalcitrants. Je peux t'affirmer qu'ils n'en menaient pas large ! Tu remarqueras que les étudiants sont pour la plupart très disciplinés et studieux. Je suis certain que la menace d'un passage chez le directeur y est pour beaucoup.

Forbidden Love : T1 : Love me (Bookmark Edition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant