Chapitre 7 - Saumon

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Une semaine s'écoula avant que le nom de Tom s'affiche sur l'écran du téléphone de Litmus. Une routine s'était installée avec Loïc, dans leur petit appartement miteux. Ils traînaient au lit le matin, déjeunaient, sortaient se balader. Litmus s'ennuyait, il avait besoin de mouvement et son copain n'en avait pas envie. Il faut dire que Loïc, travaillant dans un parc de loisirs, courait dans tous les sens toute la journée lorsque qu'il travaillait : quand il avait quelques jours de repos, il les employait pour retrouver son énergie ; et ça, il y parvenait en dormant. Litmus, lui, était rarement en tournage, si bien qu'il ne manquait pas de tonus. Tonus qu'il avait besoin de dépenser quotidiennement.

Tom envoya son message un matin, alors que Loïc somnolait toujours et que Litmus scrollait indéfiniment sur les réseaux sociaux, s'ennuyant ferme. Il bondit sur la notification dès qu'elle apparut sur l'écran, et l'adrénaline afflua dans ses veines.

« Salut Litmus, si ça te tente, je t'invite à déjeuner ce midi. »

Il répondit par un « Avec plaisir ! » enthousiaste et secoua l'épaule de son compagnon pour le réveiller avant de lui annoncer la nouvelle à l'oreille et de filer à la salle de bain pour se doucher. Quelques minutes plus tard, il était fin prêt, et Loïc s'était rendormi. Il l'embrassa sur le front et s'en alla, claquant joyeusement la porte derrière lui.

Tom l'attendait adossé à la devanture d'un restau à l'air bien sympathique. Il avait revêtu un costume impeccable et se tenait les mains nonchalamment enfoncées dans les poches de son pantalon. Le cœur de Litmus s'emballa lorsqu'il le vit ; il se précipita pour se jeter à son cou et lui claquer une bise amicale.

— Tu es content de me voir, visiblement, rit Tom en lui rendant son étreinte.

— Je dois avouer que tu m'as manqué, sourit Litmus. Tu as bonne mine !

— Toi aussi ! Allez, viens, on va s'installer.

L'euphorie des retrouvailles passée, une fois assis face à face, ils n'en menaient pas large. Ils disparurent chacun derrière leur menu, avant que Litmus ne brise la glace :

— On croirait cette scène entre Jane Foster et son date dans Thor 2...

— Sea bass, répondit aussitôt Tom avec un sourire tendre.

— Sea bass, sea bass, sea bass...

Litmus eut un sourire bizarre et rougit brusquement.

— C'est... bizarre de nous comparer à un date, avança prudemment Tom.

— Oh, oui, puisqu'on est... poursuivit maladroitement son acolyte.

— Frères.

Ils se regardèrent.

— Je ne suis pas sûr d'être encore très à l'aise avec ce mot pour nous définir, marmonna le plus jeune.

— Moi non plus.

Un temps.

— Écoute, Lit, je tiens à te présenter mes excuses pour mon éclat de colère la semaine dernière. Tu as raison, à aucun moment je n'aurais dû t'engueuler pour ça, tu n'y es pour rien. C'est juste le hasard des choses. Enfin, je ne crois pas au hasard, mais tu vois ce que je veux dire. Donc, heu, je suis sincèrement désolé.

— C'est... Ce n'est pas grave. Tu es à bout avec ta maladie et toutes ces émotions, et... Je comprends que ton passé resurgisse par moments et que tu aies du mal à te contrôler.

— Je ne mérite pas ta gentillesse.

— Tu la mérites amplement.

Tom secoua résolument la tête et piqua du nez vers son assiette vide.

AzurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant