Jour 3

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Louis était en retard et c'était bien la première fois que cela se produisait.  C'était le signe qu'il s'en était vraiment mis plein la tête hier soir. Grossière erreur. Il était patraque et d'une humeur de chien.
Il avait trouvé sur la table de chevet une bouteille d'eau et des comprimés qu'il s'était empressé d'avaler avant d'aller prendre une bonne douche revigorante. Ou presque.
Sur son téléphone, il y avait un message non lu de Julien qu'il décida d'ignorer pour l'instant. Ses idées n'étaient pas encore très claires, mais il était sûr d'une chose : il avait merdé en beauté. Il parlerait avec lui quand il aurait bu un café - ou la cafetière complète - et c'était tout ce qu'il pourrait offrir pour le moment.

Son absence au petit déjeuner ne passa pas inaperçue. Baptiste s'en inquiéta, mais Joséphine lui avait promis qu'elle parlerait donc, elle profita que son frère ne soit pas là afin de confier à Baptiste tout ce qu'il y avait à savoir.

— On mangeait et la conversation s'est tournée vers toi quand papa a dit qu'il avait croisé tes parents. Louis et lui ont commencé à se prendre la tête, parce qu'il ne comprenait pas que tu voulais t'en aller, il disait que tu fuyais tes responsabilités... Bref, ce genre de conneries. Lou a pris ta défense, s'est énervé et... c'est là qu'il a avoué qu'il partait avec toi. Personne n'était au courant. Après, les choses ont complètement dégénéré et Louis est monté faire sa valise, puis il est parti. Papa avait dit que s'il quittait la ferme, il n'y remettrait jamais les pieds. Il est sorti marcher un peu et Philippe l'a retrouvé sur le sol, en train de pleurer et de se tenir la poitrine.

— C'est pour ça que tu l'as appelé, conclut Baptiste.

— Oui, maman était introuvable, Philippe paniquait et moi, j'avais aucune idée de ce que je devais faire. Le plus fort, celui qui sait toujours comment réagir, c'est Louis. Je ne sais pas si ce que j'ai dit était très cohérent, mais j'avais très peur que ce soit grave. Je suis désolée.

— C'est pas ta faute. N'importe qui aurait fait pareil que toi. Tu n'as pas à t'en vouloir pour ça.

Même si sur le moment, moi, je t'en ai voulu d'avoir tout gâcher. Si j'avais su...

— Maman est revenue, elle a pris les choses en main et papa a été transporté à l'hôpital. Au final, c'était un petit malaise cardiaque, il s'en est très vite remis et mon frère aurait pu te suivre, même si c'était trop tard. Louis était déjà revenu. Ensuite, les choses se sont tassées et tout est redevenu comme avant ou presque...

— Je ne sais pas quoi dire, soupira Baptiste.

— Ça l'a détruit, tu sais. Te voir partir sans lui, ça l'a bousillé. Il a été mal pendant des mois, il pleurait sans arrêt, il ne mangeait presque plus, il dormait à peine et il buvait beaucoup pendant une période. Même aujourd'hui il n'est pas encore rétabli et tu l'as forcément remarqué. Le pire dans tout ça, c'est que jamais tu n'as cherché à le joindre ou à obtenir une explication. Il n'attendait que ça, il a même tenté de revenir vers toi, sans succès !

— C'est là que tu as tout faux. Je suis parti et franchement, je le regrette maintenant que j'apprends la vérité, mais jamais de la vie je n'aurais mis un terme à notre amitié. J'ai tout fait pour reprendre contact avec lui et...

— Quoi ?

— Ton père... Et Julien aussi... Ils ont fait en sorte qu'il ne sache jamais rien.

— Tu ne peux pas les accuser comme ça, Baptiste.

— Je suis passé par eux quand j'ai voulu le revoir et j'ai eu la confirmation hier soir, quand Lou m'a demandé pourquoi j'avais jamais rien fait, qu'ils n'avaient rien dit. J'ai entrepris tout ce qui était en mon pouvoir pour qu'on puisse discuter. Je lui ai même écrit des tonnes de lettres ! Au bout d'un moment, j'ai fini par penser qu'il ne voulait plus du tout entendre parler de moi et ouais, j'ai lâché l'affaire.
Je pensais que ça ne servait plus à rien de me battre.

Se Retrouver [ Édité ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant