Sasodei - Le soleil traverse l'Est pour le réunir avec l'Ouest au crépuscule

Chapitre 1 : Vers l'inconnu

Le blond soupira discrètement. Il laissa ses iris couleur océan se porter sur le paysage qui bougeait au rythme du carrosse. Ainsi enfermé seul dans le véhicule, il se dirigeait vers l'étranger. Il se questionnait encore sur son choix, avait-il bien fait d'accepter cette proposition ? Il est vrai qu'il ne voulait pas décevoir ses parents, mais il ne pouvait refouler la sensation d'avoir été vendu pour le royaume. Quelques semaines auparavant, la famille royale de l'Empire de l'Est avec reçu des messagers venant du Royaume de l'Ouest. Le Prince héritier, fils unique des défunts monarques, allait prochainement monter sur le trône puisqu'il avait atteint sa majorité. Pour consolider l'alliance entre leurs deux territoires, la Reine régente qui gérait le royaume en attendant que le jeune successeur ait l'âge requis, avait proposé un mariage entre les familles. La proposition avait été aussitôt acceptée, qui refuserait un tel arrangement avec la plus puissante des lignées ? Deidara, fils cadet, avait donc été offert en tant que fiancé, sa soeur aînée étant déjà destinée au trône de l'Est. Il avait bien sûr essayé de protester, mais personne ne s'en était soucié. Il avait du se rendre à l'évidence, sa seule utilité était de servir de passerelle entre deux royaumes pour consolider une alliance politique. Il était un simple cadeau pour l'Ouest. Durant les quelques jours qui avaient précédé son départ pour l'inconnu, le jeune Prince avait fait de son mieux pour se renseigner sur la terre qu'il allait rejoindre, ainsi que sur la famille royale de l'empire de l'Ouest. Après le décès prématuré du Roi et son épouse, leur fils étant encore un jeune enfant, c'est la mère du monarque qui avait endossé la gestion du royaume. Mais la vieille Reine allait maintenant céder la place à son héritier qui avait eu dix huit ans il y a quelques jours. Le Dauphin en question avait déjà depuis de nombreuses années une réputation bien ancrée dans tous les royaumes voisins. Il était décrit comme froid, insensible, cruel, sadique et extrêmement effrayant. Rien ni personne n'avait d'autorité sur lui, et il n'aimait pas qu'on le fasse attendre. Deidara réprima un frisson, ses parents n'avaient pas hésité un instant à l'offrir comme présent à ce qui ressemblait à un monstre. Il soupira avant de laisser retomber son dos contre le siège de la calèche en rejetant sa tête en arrière. Se rebeller n'arrangerait pas sa situation, cela ne ferait que l'empirer. Sa seule chance était de se conformer aux désirs du nouveau Roi et d'espérer rester vivant. Cette idée l'agaçait passablement, mais il n'avait pas vraiment le choix. Il fallut plusieurs jours pour gagner le territoire de l'Ouest, et Deidara était fatigué de rester dans un carrosse nuits et jours, il avait hâte de descendre. Mais il redoutait aussi ce moment. La calèche s'arrêta enfin et la porte s'ouvrit. Le jeune Prince posa le pied à terre et regarda autour de lui. Le palais de l'Ouest était immense, et magnifique. L'architecture était à la fois précise et fine, le tout dans un luxe sublime qui n'allait pas dans l'excès. Une jeune femme vint se placer face à lui avant de parler.

- Votre Altesse, j'espère que le voyage a été agréable. Je vous prie de bien vouloir me suivre, je vais vous conduire à Sa Majesté.

Deidara hocha la tête tout en lui emboîtant le pas. Sa guide lui sourit tout en l'emmenant dans les longs couloirs de l'édifice.

- Nous avions peur que votre trajet ne prenne du retard, le couronnement du Prince est prévu dans deux jours, et nous sommes vraiment ravis que vous puissiez y assister. Bien sûr, jusqu'à ce que l'événement soit passé, le Prince n'aura pas beaucoup de temps à vous accorder, étant donné la préparation que nécessite une telle journée, mais vous allez au moins pouvoir le rencontrer avant que ça ne se passe. Et une fois Roi, il pourra se consacrer davantage à vous, bien qu'il ait également des devoirs à remplir.

La jeune femme posa alors son regard sur son hôte, attendant sa réaction. Il ne fit qu'hocher la tête une nouvelle fois. Elle prit alors le temps de le détailler. Assez grand, le corps mince et élancé, le visage fin aux yeux couleur de l'océan, et des cheveux d'or qui retombaient dans son dos, d'une longueur et d'une beauté incroyables. Il était assurément très beau. Ce dernier, conscient d'être minutieusement étudié, faisait de son mieux pour ne pas paraître anxieux. A chaque pas qui le rapprochait de son fiancé, les rumeurs effrayantes sur celui ci montaient dans son esprit et son rythme cardiaque augmentait drastiquement. Et s'il avait été offert au monstre que les légendes racontent ? Le Prince héritier de l'empire de l'Ouest était-il bien ce tyran sadique et cruel dont il avait tant entendu parler alors qu'il n'était même pas encore couronné ? Et s'il ne lui plaisait pas ? Allait-il être torturé, tué et découpé en morceaux pour le bon plaisir du nouveau monarque. Allait-il s'évanouir en se retrouvant face à son futur bourreau ? Trop de questions le hantaient, si bien qu'il perdit la notion du temps et qu'il ne reprit contenance qu'une fois que la jeune femme eut ouvert la porte d'une grande salle avant de lui faire signe d'entrer. Le jeune homme s'avança alors. La pièce était immense, tant en longueur qu'en hauteur. Au fond, des personnes étaient en train de discuter. Mais le regard océan du blond accrocha immédiatement l'une des silhouettes. Celle du Prince héritier, Sasori. Il était assez petit en taille, Deidara supposa même qu'il était plus grand que lui, mais cela ne décrédibilisait en rien son charisme qui explosait autour de lui. Deidara n'avait jamais perçu d'aura aussi forte et imposante. La stature droite, les vêtements sombres et délicats, qui cachaient par leur douce légèreté une musculature fine et puissante, des épaules fermes mais pas excessives, un cou fin et cerné de cheveux rouges sur la nuque. Son visage était parfait, celui d'un ange tombé du ciel, avec une peau pâle et sans aucune imperfection, de grands yeux couleur miel, entre l'or et le brun, ornés de longs cils noirs. Son regard était intense, légèrement caché par les mèches de cheveux qui tombaient sur son front. Sa coiffure était ébouriffée, sauvage, mais cela lui allait à merveille. Jamais le Prince de l'Est n'avait vu d'homme plus beau. Le futur Roi, se sentant observé, tourna la tête vers le nouveau venu, et celui ci se sentit alors glacé d'effroi. En un coup d'œil, il s'était rappelé que quel que soit le physique du jeune homme, celui ci restait réputé pour sa cruauté. Sasori reporta alors son attention sur l'homme qui lui parlait, et l'écouta tandis que Deidara s'arrêtait devant lui sur l'indication de sa guide. Croisant les bras à la fin de la tirade du conseiller, le garçon aux cheveux écarlates répondit enfin, d'une voix tout aussi glaciale que ses iris.

- Entendu. Je te conseille de corriger cette situation au plus vite, tu sais ce qui se passera si tu me fais attendre.

Son interlocuteur blêmit sous la menace sous entendue, il s'inclina avant de tourner les talons pour quitter la pièce dans la hâte. Deidara sentit de nouveau les yeux froids et intenses du futur souverain sur lui, et il déglutit. Sa guide fut la première à prendre la parole.

- Votre Majesté, le Prince Deidara vient d'arriver.

Intimidé, pour ne pas dire terrorisé, le concerné s'inclina profondément devant le monarque, fuyant son regard par sa courbette diplomatique. Sasori reprit la parole.

- Sois le bienvenu dans ce palais.

Sa voix était grave, posée, calme bien que froide. Du velours liquide qui coulait aux oreilles du blond, qui se sentit aussitôt rougir. Il leva lentement ses yeux vers son hôte, et à son grand soulagement, celui ci fixait maintenant la femme qui l'avait présenté.

- Conduis le à sa suite, qu'il puisse s'installer et se reposer. J'ai encore beaucoup de travail, je ne souhaite pas être dérangé.

Elle s'inclina et emmena rapidement Deidara dans les couloirs du palais. Ce dernier pouvait sentir son cœur battre bien trop fort contre sa poitrine. Sa première rencontre avec son fiancé l'avait chamboulé, effrayé, perturbé. Le moins qu'il ne puisse dire était que la scène, bien que courte, avait été intense.